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Plongée dans le quotidien des Rochats

29 octobre 2014

La caserne située sur les hauts de Provence accueille des requérants d’asile depuis mai dernier. La Région a été en immersion quelques heures dans ce carrefour des destins.

Le football est une activité très prisée des requérants des Rochats. © Michel Duvoisin

Le football est une activité très prisée des requérants des Rochats.

Située au-dessus de Provence, à environ 1100 mètres d’altitude, la caserne des Rochats s’est entourée de couleurs automnales mises en valeur par un soleil généreux en ce début d’après-midi. Un groupe de requérants s’emploie à ramasser les feuilles mortes côté parking, alors que des éclats de voix trahissent le déroulement d’un match de football en contrebas, le long de l’autre aile du bâtiment.

D’une capacité d’accueil de 120 personnes, les infrastructures militaires, réservées aux demandeurs d’asile pour une durée de trois ans, sont actuellement occupées à 90%. Des femmes et des hommes en provenance d’Erythrée, du Nigéria, de Guinée, de Soudan et de bien d’autres pays du monde redirigés sur ce site délocalisé en provenance du Centre d’enregistrement et de procédure (CEP) de Vallorbe, en charge de la gestion administrative des Rochats.

Le responsable du site des hauts de Provence, Bernard Mosnier. © Michel Duvoisin

Le responsable du site des hauts de Provence, Bernard Mosnier.

Depuis le 19 mai, plus de 400 personnes sont passées dans ces locaux dont la réaffectation temporaire répond à l’augmentation des demandes d’asile, pour un séjour d’une durée moyenne de six semaines à 90 jours.

«Le rythme des arrivées est très variable. Tous les requérants doivent au préalable se rendre à l’accueil. Ils sont fouillés et on leur demande leur téléphone. Nous leur en mettons cependant un à disposition pour appeler leur famille», relève le responsable du site Bernard Mosnier.

Le site est placé sous surveillance 24 heures sur 24, sept jours sur sept, assurés par des agents de sécurité et un système de vidéosurveillance. Des patrouilles se déplacent du côté de Provence, Saint- Aubin et Concise, aux différents endroits où les requérants prennent le bus (en vertu d’un partenariat avec Car postal) et une permanence téléphonique sert en tout temps d’interlocuteur en cas de problème que la population pourrait recontrer avec les résidents des Rochats. Toutes les entrées et sorties sont enregistrées «pour savoir qui se trouve dans le centre en cas d’alarme incendie», indique un préposé à la sécurité.

Occuper les journées

L’encadrement est assuré par une petite dizaine de collaborateurs dont l’objectif est de structurer la journée des réquerants en leur proposant des activités internes (lecture, cours de français, mais aussi bricolage, couture, cinéma et gestion des déchets, entre autres) et externes, comme le ramassage du bois pour le feu du premier août. Les requérants sont toutefois libres de sortir du centre entre 9h et 17h chaque jour, ainsi que les week-ends. Ils participent de manière volontaire à la cuisine (les repas sont livrés en collaboration avec des partenaires locaux ou régionaux) et sont tenus de nettoyer leur chambre (il y en a cinq de 24 places au total), ainsi que leur étage une fois par semaine.

Divers interlocuteurs

Le Soudanais Khalid (à g.) en pleine partie de baby foot. © Michel Duvoisin

Le Soudanais Khalid (à g.) en pleine partie de baby foot.

Le site accueille également l’Organisation internationale pour les migrations, qui accompagne les résidents dans leurs démarches de retour volontaire. Une infirmière à mi-temps officie tous les matins et une aumonière assure une permanence. Sylvain Charoton, le responsable des sites délocalisés romands pour le compte de l’Office fédéral des migrations, est également régulièrement sur place pour s’entretenir avec les réquerants qui désireraient, notamment, avoir des nouvelles sur leur dossier.

Les matinées sont généralement consacrées à l’entretien quotidien, les après-midis, plutôt ludiques. Khalid, un Soudanais de 23 ans, est engagé dans une partie de baby foot, tandis qu’à côté, la partie de football fait rage. «J’aime la Suisse», lâche-t-il dans un anglais hésitant. Plus loin, Asogba n’a pas le même discours. Ce Béninois de 22 ans a passé trois jours à Vallorbe avant d’être transféré aux Rochats. «Je suis ici depuis deux mois et trois semaines. J’en ai marre d’y être. Il fait froid et nous ne sommes pas libres. Je ferais n’importe quoi pour trouver un travail», indique- t-il. Un modeste aperçu de ces destins réunis, pour un temps, sur les hauteurs de Provence.

Ludovic Pillonel