Nord vaudois – Cinq mois après la publication d’un audit de la Cour des Comptes, la police coordonnée a-t-elle concrètement pris en compte les recommandations de celui-ci ? Etat des lieux.
Dans le canton de Vaud, la police coordonnée a un peu plus de cinq ans. Une telle opération a forcément montré des erreurs de jeunesse. La Cour des Comptes, dans un audit publié en juin de cette année, était arrivée à la conclusion logique que la situation actuelle n’était de loin pas idéale. Pour y remédier, le rapport d’audit stipulait cinq recommandations.
Il fallait, dans un premier temps, tenter d’instaurer une organisation qui permette de prévenir les blocages de gouvernance. Pour ce faire, le Conseil cantonal de sécurité (CCS) a déjà pris des mesures au niveau opérationnel, afin de faire baisser la pression opérée par des intérêts souvent divergents entre les différents corps de police. «Le plan d’action mis en place a également eu de l’effet au niveau de la clarification des rôles et des responsabilités, évoquée dans la deuxième recommandation dudit rapport», étaye la municipale yverdonnoise Valérie Jaggi Wepf, par ailleurs présidente du comité des directeurs des polices municipales vaudoises, et membre du CCS.
Statu quo financier
Les recommandations suivantes demandaient, d’une part, qu’un système soit trouvé afin d’harmoniser la comptabilisation des mission de police effectuées par la gendarmerie. D’autre part, que le système de financement soit revu, afin qu’il gagne en transparence et qu’il nivelle les inégalités de traitements entre les communes. Autant dire que, de ce côté-là, ça n’avance pas. Plusieurs intervenants se sont déjà assis autour de la table pour évoquer le sujet, mais rien de concret n’est véritablement sorti de ces rencontres informelles. Du coup, le statu quo reste de rigueur. Avec la décision d’appliquer la RIE III vaudoise dès 2019, le temps presse, pourtant.
Différences…
Finalement, et c’est peut-être là que cela risque de coincer, la Cour des Comptes rappelle que la convergence des différents statuts des différentes police vers des statuts uniques demeure un objectif prioritaire. Et il ne s’agit là que des statuts. Car si l’on inclut aux négociations la problématique de la concurrence salariale entre les différents corps de police, cela multiplie d’autant les potentiels conflits. «Si l’on prend la Gendarmerie, plus les neuf corps des polices municipales, on se rend compte que l’organisation diffère partout, pointe Valérie Jaggi Wepf. Les associations ne regroupent pas les mêmes organismes, ne dépendent pas des mêmes comités, etc. Il n’y a pas deux cases qui se ressemblent. Notre travail, aujourd’hui, s’articule autour de la recherche de points communs, qui pourraient mener à des synergies. On aimerait avoir réglé cela avant 2022. C’est en tout cas notre objectif.»
En résumé, très peu de choses ont bougé depuis juin. Le CCS, présidé par la conseillère d’Etat Béatrice Métraux, a du pain sur la planche. Et même avec la meilleure volonté du monde, le défi s’annonce particulièrement gratiné.