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«Pour passer les qualifications, il n’y aura pas de problème»
Vivien Streit aux côté de Loïc Gasch, lors du record de Suisse du Sainte-Crix, en mai dernier à Lausanne. © Zsolt Sarkozi

«Pour passer les qualifications, il n’y aura pas de problème»

29 juillet 2021

Lui-même multiple champion de Suisse, mais surtout compagnon d’entraînement et ami proche de Loïc Gasch, Vivien Streit donne son expertise sur le concours de saut en hauteur des JO. Il croit fermement en son camarade.

Cela fait à présent sept ans que Vivien Streit et Loïc Gasch s’entraînent ensemble, peu importe les divers changements de structures. Ceux que leur entraîneur actuel, Soidri Bastoini, surnomme «Tic et Tac» sont inséparables, très proches sur le tartan comme à l’extérieur. Désormais lui aussi domicilié à Yverdon, Vivien Streit est celui qui en sait le plus sur son pote au moment d’affronter une barre. Un camarade qui s’apprête à vivre son premier concours olympique la nuit qui vient.

 

Vivien Streit, comment sentez-vous Loïc Gasch?

Il est bien. Il était très bon à l’entraînement, il y a une dizaine de jours, avant son départ. Il peut aller aussi haut qu’en début de saison, lorsqu’il a battu le record de Suisse (ndlr: avec une barre effacée à 2m33) et il est solide mentalement. Pour passer les qualifications, il n’y aura pas de problème, normalement. Trois sauteurs sortent du lot et, ensuite, le reste des concurrents est compact. Loïc se trouve dans le haut du groupe des poursuivants.

 

Qui sont ces trois sauteurs qui se détachent?

En fonction des résultats de cette année et de l’expérience, je pense avant tout au Russe Ilya Ivanyuk, au Biélorusse Maksim Nedasekau et au Qatari Mutaz Barshim. Plusieurs autres ont également montré qu’ils étaient en forme à l’approche des Jeux. Il faudra notamment se méfier de l’Italien Gianmarco Tamberi.

 

Avant le départ de Loïc Gasch pour le Japon, vous évoquiez une limite à 2m25 ou 2m28 pour atteindre la finale. Pourquoi?

Non seulement parce que c’est généralement à ces hauteurs que le ticket pour la finale olympique se joue, mais également en voyant les performances de cette année des uns et des autres. Il est impossible que les 32 participants arrivent près de leur meilleure barre de l’année, et il y a toujours des accidents de parcours. Il faudra voir aussi si le facteur chaleur gênera quelques athlètes. La hauteur n’est pas une discipline d’endurance et la température est gérable, car pendant les pauses, on peut aisément se rafraîchir, mais ça pourrait tout de même jouer un rôle.

 

Sur quoi vous basez-vous pour assurer que Loïc Gasch fera partie des finalistes?

Loïc répond toujours présent quand il le faut, lors des championnats. Il se sentait bien avant de partir et, de ce que je sais, c’est aussi le cas à Tokyo, même si je ne lui ai pas beaucoup parlé ces jours, afin de le laisser tranquille. Il a eu un bon mois pour se concentrer sur ces Jeux et, aller sauter à plus de 2m25, pour lui, il n’y a pas de problème.

 

Une médaille est-elle envisageable?

Chaque athlète à ce niveau, une fois en finale, visera les médailles. Ce sont tous des compétiteurs. Mais pour espérer une médaille, il devra sauter aux alentours de son record ou le battre. Je pense que le podium olympique se jouera aux alentours des 2m35. On trouvera sans doute un ou deux athlètes plus haut encore, mais il suffit que parmi les favoris, un d’entre eux performe moins, et alors ça ouvrira une porte. Le bronze risque de se jouer sur une barre passée au premier essai au bon moment. La 3e place promet d’être très disputée.

 

Qu’est-ce qui fait la recette de Loïc Gasch? Pourquoi va-t-il si haut?

Premièrement, c’est beaucoup de travail. Athlétiquement, son gabarit est intéressant pour le saut: il est grand, tout en restant puissant et assez agile. Il s’est longtemps entraîné pour arriver aux JO, il a mis tout en place, de la nutrition aux soins, il a baissé son taux de travail: c’est tout cela, mis bout à bout au cours des dix dernières années, qui fait qu’il est aussi fort. Et il a également fait preuve de ténacité, en reprenant à chaque fois après ses nombreuses blessures.

 

Il a 26 ans. Comment se fait-il qu’il arrive aussi tard au niveau mondial?

Il a toujours été bon, hein. Mais c’est vrai qu’il y a des sauteurs plus précoces. Au final, sa progression a été constante: il n’a fait que monter. Il a pris le temps de bien faire les choses.

 

Toutefois, il ne s’agit là que de ses premiers JO. N’est-ce pas un désavantage face aux sauteurs qui ont déjà connu Rio?

Je peux difficilement répondre, n’ayant moi-même pas expérimenté la chose. Loïc a déjà participé à de grosses compétitions, des Championnats d’Europe, les Jeux olympiques de la jeunesse, et il sait comment cela va se passer en ce qui concerne la chambre d’appel et le protocole. A propos de la pression de l’événement, c’est dur à juger dans ma position. Mais je sais que Loïc est fort dans la tête.

 

Osons un pronostic: à quelle hauteur le voyez-vous s’envoler?

En qualifications, il ira chercher les 2m25 ou 28 nécessaires, puis en finale, je le vois aller chercher son record à 2m34.

 

 

Qualifications du concours de saut en hauteur des Jeux olympiques: vendredi, dès 2h15 du matin (heure suisse), au Stade olympique de Tokyo. Les 12 meilleurs sont qualifiés pour la finale de dimanche, 12h10 (heure suisse). La RTS diffuse les épreuves à la TV et/ou sur plusieurs canaux sur son site web.

Manuel Gremion