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Pourquoi pas eux?
Romain Pidoux et Ludovic Vinci. © Michel Duperrex

Pourquoi pas eux?

15 avril 2021

VTS Voyages, aux Champs-Lovats à Yverdon, est le plus grand transporteur de la ville, avec une flotte moderne et compétitive. Or, les appels d’offres pour transporter les écoliers, sont remportés par des sociétés venues d’autres cantons. Romain Pidoux et Ludovic Vinci s’interrogent sur les raisons de ces «oublis».

«On n’a quand même pas l’impression de demander l’impossible! Nous sommes une entreprise de transport d’Yverdon-les-Bains, qui paie des impôts ici, emploie du personnel ici et est implantée dans la vie locale. Et on reçoit inlassablement des réponses négatives lorsqu’on répond aux appels d’offres des écoles d’Yverdon.»

Romain Pidoux et Ludovic Vinci, responsable d’exploitation et administrateur chez VTS Voyages, aux Champs-Lovats à Yverdon, sont interpellés, le mot est faible, par la manière de procéder concernant le transport des élèves de la ville.

Symbole de leur colère et de leur incompréhension, plusieurs courses effectuées en direction des Cluds, au départ d’Yverdon, avec des cars aux plaques bernoises. Une affaire récemment médiatisée dans nos colonnes et également relayée sur les bancs du Conseil communal par un élu ayant directement interpellé Jean-Claude Ruchet, municipal en charge de la Jeunesse et de la cohésion sociale, sans réponse pour l’instant.

«La Commune fait de grands efforts pour les restaurateurs d’Yverdon et je trouve que c’est très bien. Nos cafetiers souffrent de la crise et on fait un geste pour eux, notamment au travers d’Assiettes solidaires, qui les soutient financièrement tout en les faisant travailler. Mais nous aussi, on souffre, on a perdu 90 à 95% de notre chiffre d’affaires concernant les transports en car depuis le début de la crise! Et on ne fait pas appel à nous, alors qu’on est là, qu’on est le principal transporteur yverdonnois, que nos prix sont largement compétitifs et que notre matériel est très performant. En plus, il n’y a rien à mettre en place, pas de grandes manoeuvres de soutien à organiser, juste à nous considérer dans les appels d’offres», continue Romain Pidoux.

Son collègue Ludovic Vinci s’interroge lui sur la teneur, voire même l’existence, d’un éventuel cahier des charges, une question également soulevée au Conseil communal, d’ailleurs, et à laquelle Jean-Claude Ruchet doit apporter une réponse. «Pourquoi choisir un transporteur bernois, qui vient à vide, gaspille inutilement des kilomètres, et ne participe pas à la vie locale? Pour économiser une cinquantaine de francs? Le seul critère est celui du prix, mais ça ne tient pas la route. Sur une facture de quelques centaines de francs, en économiser des dizaines pour favoriser un transporteur d’un autre canton, ce n’est pas normal. Ecologiquement, socialement et en termes de qualité de service, c’est une hérésie», soutiennent les deux hommes, qui emploient une vingtaine de chauffeurs au total, fixes et temporaires confondus.

«Quand on voit un car aux plaques bernoises aux Cluds avec un écriteau indiquant qu’il s’agit d’un transport d’élèves yverdonnois, on a mal au coeur. Et il n’y a pas que des Bernois qui transportent nos enfants, mais aussi des Jurassiens, des Valaisans… Vous pensez que, nous, depuis Yverdon, on peut participer à un appel d’offres à Martigny et le gagner en étant quelques francs moins cher? Non. Aucune chance. Nous avons une flotte de véhicules modernes, que nous renouvelons et entretenons constamment pour rester au top et proposer un service de qualité. Tous nos véhicules sont certifiés Euro 6, la norme antipollution la plus élevée, et nous mettons le client toujours au centre de nos préoccupations. Vous imaginez le sentiment que l’on a lorsqu’on voit des transporteurs d’autres cantons, qui ne respectent pas les mêmes normes, qui ne paient pas les mêmes charges, gagner des appels d’offres dans la ville où l’on paie des impôts?» témoigne Romain Pidoux, qui ne demande rien d’autre qu’un peu de considération.

L’entreprise Thomas Voyages (Echallens), qui fait partie de Marti Reisen (Berne), vainqueur de l’appel d’offres controversé pour Les Cluds, a récemment déclaré qu’elle était enregistrée dans le canton de Vaud, tout en reconnaissant que des véhicules étaient venus depuis Berne pour ces transports. «Nous avons vu leur justification, disant qu’ils sont une entreprise vaudoise. Nous n’avons rien contre eux, mais la ficelle est un peu grosse», contre Ludovic Vinci.

Les deux hommes étaient restés silencieux jusqu’ici, au contraire de Michel Bérard (L’Auberson-Excursions) qui avait déjà médiatisé un coup de gueule, mais une nouvelle réponse négative, datée du 9 avril, a été celle de trop. «Là, on attend vraiment une réaction. Nous avons déjà sollicité le syndic Jean-Daniel Carrard, mais ce n’est pas son dicastère, c’est le Jecos, dont tout le monde attend la réponse maintenant. Qu’on nous dise une bonne fois pour toutes s’il y a un cahier des charges ou non», enchaîne Ludovic Vinci.

 

Le commentaire de Tim Guillemin

 

Une simple question de bon sens

 

Consommer local et favoriser les entreprises de la place lorsqu’il est possible de le faire, voilà un raisonnement basique qui n’est pas appliqué dans le cas présent pour une raison impossible à comprendre. VTS Voyages est une entreprise reconnue, basée à Yverdon-les-Bains depuis de nombreuses années, et qui assure des prestations de qualité pour ses clients. Pourquoi ne pas profiter de ce savoir-faire, et de cars largement supérieurs à la concurrence? Pour économiser quelques dizaines de francs sur une facture totale?

Le calcul ne tient pas la route, car économiser cinquante francs à très court terme et, potentiellement, perdre des emplois à moyen ou long terme est un autogoal magistral. Yverdon-les-Bains souffre de l’attractivité moyenne qu’elle apporte aux entreprises. Alors, quand l’une d’entre elles s’y implante, la fait vivre et jouit d’une réputation sans tache, ne pas l’utiliser ne se justifie absolument pas.

D’autres cantons, voire même d’autres communes vaudoises, ne se posent pas autant de questions et privilégient systématiquement le local. Il ne faut pas le faire aveuglément, mais lorsque toutes les conditions sont réunies, ce qui est le cas ici, aller chercher ailleurs ce qu’on a sous la main est au mieux une maladresse, au pire une erreur.

Tim Guillemin