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Presse en danger
Le député Patrick Simonin craint que La Poste assomme la presse locale et régionale avec une grosse augmentation des tarifs.  Michel Duperrex

Presse en danger

18 septembre 2024 | Textes: Jérôme Christen
Edition N°3790

Le député nord-vaudois Patrick Simonin craint que les efforts fournis par l’Etat de Vaud pour soutenir la presse perdent de leur impact en raison d’une très grosse hausse tarifaire prévue par La Poste. Il demande au Conseil d’Etat s’il entend réagir.

La Poste reprendra au début de l’année prochaine les activités de distribution des journaux tous-ménages gratuits assurées jusqu’ici par sa filiale DMC. Et à cette occasion, le géant jaune a prévu d’augmenter fortement les tarifs pratiqués jusqu’ici, soit de plus de 50%. Patrick Simonin relève que cette mesure «met en difficulté certains journaux locaux et régionaux parmi les quatorze titres réunis au sein de Vaud Presse pourtant essentiels à la diffusion de l’information de proximité dans notre canton».

Large soutien politique

Dans une interpellation cosignée par plus de 30 députés tous bords politiques confondus, le député de Rances a demandé mardi matin au gouvernement vaudois quelle était son appréciation et s’il était prêt à réagir auprès de La Poste, voire auprès du Conseil fédéral, compte tenu de l’impact de cette décision sur un certain nombre d’éditeurs de journaux vaudois.

Le député contextualise son intervention en rappelant que l’Etat de Vaud s’est récemment doté d’une politique de soutien à la diversité des médias avec l’insertion d’annonces payantes, de soutien à la formation des journalistes et d’appui à la production de contenu journalistique d’actualité (dépêches d’agence): «L’effort fourni par le Canton est loin d’être négligeable, notamment sur le plan financier. Il contribue à promouvoir la diffusion de l’information de qualité et de proximité dans toutes les régions.»

Décision incompréhensible

Pour la presse locale, cet effort pourrait être anéanti. Patrick Simonin juge la décision de La Poste incompréhensible dans un contexte économique déjà très exigeant pour les éditeurs de journaux régionaux et locaux. Il relève qu’il n’est du reste pas exclu que ces tarifs soient constitutifs d’un abus au sens de la loi sur la surveillance des prix dès lors «que l’on pourrait considérer que le niveau des prix n’est pas la conséquence d’une concurrence efficace sur un marché donné. Or, La Poste, après avoir participé à l’appauvrissement de cette offre par plusieurs rachats d’entreprises ou services de messageries historiques, semble être actuellement la seule entreprise proposant des services sur le marché de la distribution des journaux gratuits, du moins en Suisse romande.»

Lourd pour La Région

Pour votre quotidien La Région, sans même parler des conséquences d’un risque de hausse des tarifs de distribution pour les éditions payantes, l’impact serait considérable pour l’édition tous-ménages qui est vitale pour le Nord vaudois, dans la mesure où c’est elle qui porte la diffusion des avis officiels des communes.

Dans la foulée, Patrick Simonin demande au Conseil d’Etat quel bilan il tire de ses mesures de soutien à la diversité des médias. Et dans la mesure où le crédit accordé par le Grand Conseil ne serait pas totalement épuisé, si un soutien renforcé à la formation au journalisme et aux médias est envisagé.


TikTok ou TV?

Le député Vert de Bassins Didier Lohri s’est lui inquiété de la campagne menée sur TikTok qui vise à intéresser les jeunes de 17 à 25 ans à la lecture des journaux régionaux ou vaudois.

Il a demandé au Conseil d’Etat s’il était cohérent d’utiliser de l’argent public pour générer du trafic sur TikTok alors que des télévisions vaudoises ne sont pas aidées financièrement pour effectuer un travail d’information identique auprès de la population jeune et moins jeune. Il interroge le gouvernement vaudois sur l’intérêt de déléguer cette opération de communication aux télévisions régionales vaudoises déjà présentes sur les réseaux sociaux, notamment TikTok.