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Prêt à révéler sa facette corse

29 mars 2018 | Edition N°2216

Promotion League – Thomas Lenzini est la recrue hivernale la plus en vue d’Yverdon Sport depuis la reprise. Auteur d’une bonne entrée face à Nyon et d’une performance remarquée contre Breitenrain, il est en train de devenir un titulaire incontournable. Rencontre.

Sa pointe d’accent est à peine perceptible. L’homme est calme, discret. Il pourrait être né dans le Nord vaudois que cela ne surprendrait pas grand-monde, voire personne, pour ainsi dire. Sur le terrain, il laisse parler ses pieds. Lorsqu’il est accroché, il ne se plaint pas plus qu’un autre. Il laisse couler, jusqu’à la prochaine occasion de mettre le feu à l’arrière-garde adverse.

A l’intérieur, il bouillonne

Derrière cette facette, qui lui a notamment permis de s’acclimater à sa nouvelle vie et à Yverdon Sport en un rien de temps, Thomas Lenzini revendique être un Corse, un vrai: «D’où je viens, on ne se bat jamais pour nous, mais pour notre fanion, nos supporters, nos coéquipiers. Jusqu’ici, je n’ai pas encore eu l’occasion de le montrer en championnat, c’est vrai. Sans doute parce que je n’ai pas senti beaucoup d’animosité lors de nos derniers duels. Reste qu’à l’intérieur, je bouillonne. En préparation, notamment lorsqu’on a joué contre Bellinzone, il m’est arrivé de devenir bien plus agressif à la suite de certains gestes à l’encontre de mes partenaires. Il y a des choses que je n’accepte pas et qui me rendent dingue.»

Titulaire en puissance

Qu’il montre les crocs ou non, l’ailier se fait surtout remarquer par ses performances depuis quelques semaines. Brillant sur la droite de l’attaque face à Breitenrain, le Français a convaincu tout le monde il y a dix jours, à commencer par son coach, qui en a fait un titulaire qui pourrait rapidement devenir indiscutable. «J’ai discuté avec Anthony Braizat en début de semaine. Il m’a fait savoir que j’ai toute sa confiance, mais que je vaux encore mieux que ce que j’ai montré jusqu’ici. Je le rejoins totalement, sachant que je ne suis à Yverdon que depuis deux mois et que je dois faire avec une gêne à la cheville depuis quelques jours.»

La loi du foot est ainsi faite que la montée en puissance de Thomas Lenzini doit avoir lieu au détriment d’un coéquipier, sachant qu’YS compte sur quatre ailiers, à la lutte pour deux places sur le terrain au coup d’envoi. «Effectivement, il y a une concurrence à ce niveau, et c’est vrai aussi que j’ai pu bénéficier de la préférence de l’entraîneur récemment. En plus on a tous le même profil: on aime dribbler et prendre de vitesse les latéraux adverses. Mais tant Allan (ndlr: Eleouet) qu’Arthur (Deschenaux) sont probablement les deux joueurs avec qui je passe le plus de temps en-dehors du terrain. Il n’y a aucun problème entre nous à ce niveau. Lorsque je me retrouve sur le banc, je suis le premier à souhaiter qu’ils réussissent leurs dribbles et qu’ils nous permettent de l’emporter. J’espère que c’est pareil pour eux lorsque c’est à moi de faire la différence.»

Arrivé lors de la trêve hivernale, celui qui a vécu une expérience infructueuse en Ligue 2 avec Nîmes découvre un environnement professionnel comme il en avait rarement connu par le passé. «Ce sentiment s’est encore renforcé ces derniers jours. Mario Di Pietrantonio, le président, et le directeur sportif de la première équipe Serge Duperret se trouvent de plus en plus souvent au stade, que ce soit pour nos matches ou nos entraînements. Si cela représente une pression supplémentaire? Ce n’est pas comme ça que je l’interprète. Ce sont simplement deux personnes investies dans leur travail. Ils sont très clairs avec nous concernant la situation actuelle du club, nos objectifs au classement, l’avancée de la licence pour la Challenge League, etc… C’est plutôt agréable, en fait.»

Promu avec une 2e place?

Un environnement qui a déjà convaincu l’homme de 27 ans: «Evidemment, s’habituer au climat de la région lorsqu’on a toujours vécu en Corse, c’est l’horreur. Je n’avais jamais vécu une préparation dans de telles conditions auparavant. Mais, au-delà de ce détail, j’adore la vie à Yverdon. C’est calme, dans le bon sens du terme. Au départ, suite au coup de fil de Djibril (ndlr: Cissé, son beau-frère, qui lui a obtenu une période d’essai à YS), je me voyais rester ici pour quatre mois. Si on me demande de faire un choix aujourd’hui entre rentrer en Corse au terme de la saison ou poursuivre ici, je n’hésiterai pas une seconde. Et peu importe si on obtient notre promotion en Challenge League ou pas. Jouer pour Yverdon Sport, dans des conditions pareilles, ce n’est que du bonheur.»

D’ailleurs, la montée, c’est toujours d’actualité? «Avec la période creuse qu’est en train de connaître Kriens, plus que jamais. Nyon me semble intouchable, mais on a clairement les moyens de rattraper les Lucernois. Et, sachant que la 2e place pourrait aussi valoir une promotion, on y croit plus que jamais.»

 

Arsène Wenger avait loué ses talents

 

Formé au CA Bastia, dans sa ville d’origine, Thomas Lenzini pensait avoir fait le tour avec le football de bon niveau. «En 2013, je me voyais tout arrêter. Trouver un petit club à côté de chez moi, qui pourrait éventuellement m’obtenir une place de travail, et mettre le sport au second plan.» Sauf que, cette même année, l’ailier joue encore à l’A.J. Biguglia, en division régionale. Le club corse doit disputer une rencontre de Coupe de France face à l’AS Cannes, alors en 4e division française. Le «petit» perd avec les honneurs, et Thomas Lenzini tape dans l’œil des dirigeants cannois. «Ils me voulaient vraiment. J’ai réfléchi et fini par accepter leur offre. Résultat, l’aventure en Coupe de France reprenait pour moi.» Au tour suivant, Cannes affronte l’AS Sainte-Etienne: «Et là, je sors le match de ma vie. Je suis élu homme de la rencontre et on gagne 1-0.» Dans les journaux, Arsène Wenger, ancien coach de l’ASC, loue les talents du joueur. «La belle aventure s’est poursuivie lorsqu’on a sorti Montepellier au tour suivant. On avait fini par perdre face à Guingamp, le futur vainqueur.»

Florian Vaney