Logo
Prévenir l’épuisement et le harcèlement
Magdalena Rosende, avec des éléments du kit de prévention. 

Prévenir l’épuisement et le harcèlement

13 novembre 2024 | Texte et photos: I. Ro.
Edition N°3830

Les garagistes prennent les comportements au sérieux.

Selon l’adage populaire, prévenir vaut mieux que guérir. C’est dans cet état d’esprit que la section vaudoise de l’Union professionnelle suisse de l’automobile (Upsa Vaud) a invité ses membres à s’intéresser à deux problématiques d’actualité: le harcèlement sexuel et l’épuisement dans le cadre professionnel.

Pour traiter ces thèmes, dans le cadre de la formation continue, l’Upsa Vaud a invité deux expertes, Magdalena Rosende, docteure en sciences sociales et politiques, chargée de projet au Bureau de l’égalité entre les femmes et les hommes (BEFH) du Canton de Vaud, et la docteure Carole Nielsen, psychologue en santé au travail, spécialisée dans la prévention, et cadre du Groupe Mutuel.

En ouvrant ce cinq à sept, au Centre de formation aux métiers de la mécanique (Ymeca), Nicolas Leuba, président de l’Upsa Vaud, a attiré l’attention des participants sur l’importance de ces deux sujets. D’autant plus que la mécanique a besoin de personnel et que les femmes y sont encore peu nombreuses. Dans ce contexte, la prévention du harcèlement sexuel est primordiale.

Les femmes représentent 47% de la population active, mais leur activité se concentre dans un nombre réduit de professions (santé, commerce, enseignement), a expliqué Magdalena Rosende. Dans les métiers de la mécanique, elles sont peu nombreuses.

S’il n’y a pas eu d’étude d’ensemble consacrée à cette problématique, toutes celles réalisées ces vingt dernières années démontrent que le harcèlement sexuel concerne toutes les branches d’activité, du journalisme à la santé, a relevé la conférencière. Un sondage du syndicat Unia, réalisé en 2019, révèle que 33% des apprentis ont été confrontés à du harcèlement dans le cadre de leur travail, et 34% sur le lieu de formation. Si les femmes sont majoritairement touchées, des hommes en sont aussi victimes.

Faible taux de signalement

La honte, la culpabilité, la peur de ne pas être crues, font que beaucoup de victimes se réfugient dans le silence. Or, selon Magdalena Rosende, les conséquences sur la santé psychique et physique sont catastrophiques: perte de confiance en soi, crises d’angoisse, perte du sommeil  et dépression caractérisent le ressenti des victimes.

L’employeur est responsable

Aux yeux de la loi (égalité, travail et Code des obligations), l’employeur est responsable. Il lui appartient d’éliminer tout environnement hostile, par exemple des photos de femmes dénudées, mais aussi de veiller à combattre toute remarque sexiste.

A la différence du flirt, souhaité par les deux parties, le harcèlement ressort d’une «approche unilatérale», a expliqué l’intervenante.

Un kit de prévention

Lorsqu’il est sollicité, le Bureau de l’égalité conseille, voire intervient. Il promeut aussi, comme cela a été fait lundi soir, la distribution d’un kit de prévention du harcèlement au travail créé par la Conférence suisse des délégués à l’égalité.

Des opérations de prévention sont également déployées dans les écoles professionnelles et les gymnases. Le site Stop harcèlement sexuel donne aussi de nombreuses informations. Enfin, un Guide d’accompagnement en cas de harcèlement est en cours d’actualisation suite à des modifications législatives.

«La première chose est d’en parler», a souligné Pierre-Michel Vidoudez, juriste et secrétaire général de l’Upsa Vaud.

Prendre des pauses

En abordant son exposé dédié à l’épuisement, Carole Nielsen a présenté un graphique illustrant les pics de stress et les moments de détente qui doivent obligatoirement suivre. «Il faut pouvoir prendre des pauses. On sent quand le corps en a besoin. Il faut se dire: j’ai beaucoup de choses à faire, mais je vais prendre l’air», explique cette spécialiste de la santé au travail.

Une menace présente

La psychologue a éclairé l’assistance sur les signes annonciateurs d’une situation d’épuisement. Dans le cadre de son travail – l’Upsa Vaud a confié son assurance indemnité journalière maladie au Groupe Mutuel –, elle a interrogé 200 personnes actives dans des garages vaudois.

Le risque d’épuisement est manifeste. Sous la pression des marques, la mutation du marché (véhicules électriques) et le manque de pièces, le personnel est plus stressé. Une situation accentuée par les exigences accrues de la clientèle. Le rythme de travail est élevé et il est difficile de déconnecter.

Une aide si nécessaire

Lorsque les signes avant-coureurs se manifestent, il faut privilégier le dialogue avec la personne concernée, si possible dans un endroit calme, et «chercher des solutions ensemble». En cas d’insuccès de la démarche, il faut faire appel à une aide extérieure, conseille Carole Nielsen.

Et d’ajouter: «Il faut inculquer la culture d’échange dans l’équipe.» Et mettre en valeur le positif: «Vous pourriez par exemple afficher les remerciements des clients. On a besoin de cette reconnaissance.»