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Pro Velo s’oppose au rétropédalage de la Ville
Rue des Casernes. © Michel Duperrex

Pro Velo s’oppose au rétropédalage de la Ville

7 janvier 2021

La Cité thermale a d’abord supprimé des places de parc avant d’en remettre une partie à l’enquête, à la suite des réactions des commerçants. Mais l’association Pro Velo s’oppose à la réintroduction des lieux de stationnement.

Difficile de suivre la politique de stationnement des Casernes, à Yverdon-les-Bains. Il faut dire que la rue vit une période mouvementée ces derniers temps. Après avoir rendu la route à sens unique – mais uniquement pour les voitures, les cyclistes pouvant croiser plus facilement – et supprimé dix cases blanches en octobre dernier, la Ville a mis à l’enquête deux places de parc traditionnelles, ainsi que deux autres réservées à la dépose rapide. Un rétropédalage de la part des autorités qui s’explique par la grogne des commerçants qui se sont plaints de l’élimination des lieux de stationnement. Une décision que conteste l’association Pro Velo, qui a d’ailleurs fait opposition fin novembre au projet de réintroduction des quatre places. «Il y a eu une mise à l’enquête au moment de supprimer les dix places, tient à préciser Danielle Borkowsky, secrétaire de la section yverdonnoise du groupement de cyclistes. Elle n’a suscité aucune opposition. Pourquoi revenir sur cette décision une fois le projet terminé? Et soyons réalistes: on ne parle que de deux véritables places de parc. Il y en a d’autres à côté et celles-ci ne sont pas indispensables.»

Tous les commerçants ne lisent pas la Feuille des avis officiels, dans laquelle paraissent les mises à l’enquête et ce n’est donc qu’une fois les travaux réalisés que la plupart se sont aperçus de la disparition des places. «Depuis qu’ils ont mis la ligne jaune, il ne se passe pas un jour sans qu’un de mes clients reçoive une amende, témoigne Deniz Bas, patron du restaurant Chez Denis. C’est vite vu, aujourd’hui le prix d’un kebab est passé à 130 francs.»

Selon le commerçant, tout le monde aurait de la peine à comprendre les nouvelles règles. «Pour décharger de la marchandise dans mon restaurant, j’ai parqué ma voiture à côté de ma porte d’entrée, indique Deniz Bas. Des policiers m’ont alors indiqué qu’il valait mieux que je me gare en face, où se situaient les places de parc auparavant. Lorsque j’ai de nouveau dû décharger de la marchandise, j’ai donc suivi leur conseil. Mais d’autres policiers m’ont fait savoir que je devais me parquer à côté de mon restaurant…»

Si la plupart des commerçants ne relèvent pas une perte financière concrète à la suite de ces suppressions de places, tous regrettent la mesure, notamment en prévision du futur. «Si les gens n’arrivent plus à se parquer au centre-ville, ils font quoi? Ils se rendent En Chamard, et les commerçants yverdonnois devront fermer», s’inquiète Michelle Watson, gérante de la boutique Chrys. «On nous dit que ces places sont retirées parce qu’il y aura le parking de la place d’Armes, continue Luigi Montagna, patron de Saveurs d’Italie. Mais ça serait bien de la faire avant de nous retirer les places…»

Au final, si l’opposition est levée, les commerçants de la rue pesteront toujours contre les huit places perdues, alors que Pro Velo regrettera la présence des lieux de stationnement, même en nombre réduits. En voulant contenter un peu tout le monde, la Ville n’a-t-elle pas fini par n’arranger personne? «Si vous avez la solution pour que tout le monde soit satisfait, je la prend volontiers!, répond du tac au tac la municipale de la mobilité, Valérie Jaggi Wepf. Chacun regarde ses propres intérêts, ce qui est normal. Mais il faut comprendre que nous avons des impératifs concernant le contrat du parking de la place d’Armes et que des places doivent être supprimées.»

Massimo Greco