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Prolongation en phase de découverte

7 juin 2017 | Edition N°2011

Yverdon-les-Bains – Les magasins du centre-ville ont ouvert pour la première fois le samedi jusqu’à 18h. La clientèle a apprécié, mais ce n’était pas la ruée.

Alexandre et Esther Mauri, avec leur collaboratrice Mirzeta. ©Isidore Raposo

Alexandre et Esther Mauri, avec leur collaboratrice Mirzeta.

«Nous sommes surpris en bien !» Responsable de Migros Métropole à Yverdon-les-Bains, Claude Anselme était sur le pont samedi. En fin d’après-midi, il a parcouru le centre commercial, histoire de mesurer l’impact de cette prolongation de l’horaire le samedi jusqu’à 18h, avec le retour de la fermeture à 18h30 le vendredi en fin de journée (au lieu de 19h30).

Quelques minutes avant la fermeture du long week-end de Pentecôte, le responsable du grand magasin était satisfait, «déçu en bien», dirait-on en bon vaudois. Et cela malgré une météo idéale qui a sans doute incité beaucoup de citadins à se rendre à la plage ou à la piscine.

L’étonnement de Claude Anselme vient uniquement de la surprise manifestée par certains clients avec lesquels il a conversé : «Ils ignoraient que l’ouverture était prolongée jusqu’à 18 heures. C’est dire qu’il va encore falloir informer.»

De son côté, Pascal Maudry, directeur de Manor, a noté un double effet : «Vendredi, on a mis les clients dehors. Ils étaient surpris. Car la tranche 18h30-19h marchait très bien. Le samedi, ce n’était pas encore le succès. De plus, la veille d’un week-end prolongé, ce n’était pas idéal. Il faut que les gens s’habituent et qu’on communique.»

 

Il faut communiquer

 

Le responsable de Manor est d’avis que la communication de la Société industrielle et commerciale (SIC) et des autorités a été insuffisante : «En ce qui nous concerne, nous avons mis des affiches et passé des annonces sonores dans nos magasins.»

Sylvianne Renoult, de la boutique Au bon temps situé à la rue du Milieu, une commerçante qui s’est fortement engagée pour l’ouverture prolongée le samedi, déplore elle aussi l’insuffisance de la communication : «Cela fait depuis 2001 qu’on se bat. Il faut donc jouer le jeu et communiquer. On pourrait, par exemple, faire une campagne d’affichage en invitant le public à venir flâner en ville.»

Même si elle n’a pas eu un client de plus, cette doyenne du commerce yverdonnois a ouvert jusqu’à 18h. Tous n’ont pas joué le jeu. Pascal Maudry regrette la fermeture des pharmacies et boutiques de la rue du Lac à 17h.

La fleuriste de la rue du Milieu, Isabelle Riond (Atmosphère Fleurs) a pour sa part ouvert plus tard. Elle n’a pas accueilli le moindre client supplémentaire.

A la rue du Lac, où il exploite deux magasins (Mauri Chaussures et Au Petit Robinson), Alexandre Mauri a joué le jeu : «Nous sommes restés avec mon épouse et nous avons accueilli deux clients. Le beau temps a peut-être incité les gens à aller à la plage, mais je trouve surtout que la communication a été nulle. Le public n’a pas été suffisamment informé. Cela dit, même s’il ne vient que deux clients, je continuerai à ouvrir.»

 

Le syndicat Unia ne décolère pas

 

Du côté d’Unia, cette prolongation à 18h le samedi passe très mal. Non seulement parce qu’elle continue à être contestée sur le fond, mais aussi parce que le syndicat en a pris connaissance par les médias. «Nous avons consulté le personnel. Il est très fâché. Cette décision, c’est la mort du petit commerce. Les grands vont bien fonctionner. Les petits vont être obligés d’ouvrir, en particulier toutes les boutiques qui se trouvent dans les centres commerciaux. Pour le personnel de vente, c’est une heure qu’on ampute sur le repos du week-end», tonne Dominique Fovanna, secrétaire syndicale en charge du secteur tertiaire à Unia Vaud. De son point de vue, ce sont les achats sur Internet et le tourisme d’achats qui nuit au commerce local. Une heure de plus ou de moins n’y changera rien.

La secrétaire syndicale se plaint aussi d’avoir été mise devant le fait accompli. «Après la pétition déposée en mars 2016 (1926 signatures), j’ai relancé la Municipalité en mai et après les vacances d’été. Elle n’a même pas accusé réception.»

Isidore Raposo