Orbe – L’association Point Nature s’apprête à ouvrir une classe dans le bois de Chassagne, dès la rentrée prochaine.
«Viens, je t’emmène dans la forêt!» Dans ses mains, la petite Jade tient une branche d’arbre sur laquelle elle a accroché une feuille morte, qui lui sert de lanterne. Âgée de 5 ans, la petite fille fait part de son imagination sans limite à sa camarade Joanne. Inscrites au jardin d’enfants Les P’tits Points, les deux fillettes sillonnent le bois de Chassagne, situé à quatre kilomètres au-dessus d’Orbe, plusieurs matinées par semaine qu’importe la température. Dès la rentrée prochaine, les deux petites filles seront les premières écolières d’une classe pas tout à fait comme les autres. Exit le tableau noir, les pupitres et les chaises: place à la forêt.
Créée en 2014, l’association Point Nature lance un nouveau concept: l’école en forêt dès le mois d’août. «À ce jour, nous sommes complets», indique Dominique Bezençon, l’initiateur du projet. Cette classe hors les murs accueillera treize élèves qui seront accompagnés par deux enseignants au bénéfice d’une formation pédagogique.
Selon l’association, ce programme scolaire 100% nature se réfère au Plan d’études romand (PER). Les élèves pourront y suivre leur cursus de la première à la quatrième primaire, avant de rejoindre l’école publique. Cette nouvelle structure veut aussi favoriser la mixité des âges. «Cela permettra aux plus petits d’apprendre des plus grands qui se sentent ainsi plus responsabilisés», remarque Jeanne-Charlotte Bonnard. Géographe, elle a pris un virage dans son parcours professionnel en poursuivant une formation continue en environnement pour accompagner les enfants dans les bois.
Un lieu d’épanouissement
Maman de la petite Joanne, Berengère Penel a choisi cette école, qui s’inscrit dans la continuité des P’tits Points. «Au départ, je ne cherchais pas un mode de garde, mais un lieu où elle puisse s’épanouir», explique la jeune femme. Et d’ajouter: «C’est une manière pour elle de poursuivre sur ce chemin et de développer des liens avec les autres enfants.» Romain, quant à lui, ne sera pas de la partie pour cette nouvelle aventure. Sa maman, Patricia Cartier, de Pomy, a décidé de l’inscrire à l’école publique pour des raisons pratiques. «Je n’habite pas tout près et c’est parfois compliqué de s’organiser, confie-t-elle. Par ailleurs, on m’a informée que les enseignants de mon village étaient très chouettes.»
Lorsque Dominique Bezençon a lancé sa structure d’accueil préscolaire pour les enfants âgés de 2 ans et demi à 4 ans, il était autorisé à les prendre en charge deux demi-journées par semaine par l’Office cantonal de l’accueil de jour des enfants (OAJE). Dès la rentrée d’août, le jardin d’enfants proposera l’accueil à la journée. Ouvrir une école privée n’était donc pas l’idée de départ de l’association. «Avec l’expérience, nous avons observé comment les enfants évoluaient toutes les semaines au jardin d’enfants», explique l’éducateur spécialisé. Dans la forêt, ils peuvent tisser des liens avec la nature et cela offre un potentiel d’apprentissage sans limite. De plus, «j’aime être dehors et partager ma passion pour la nature», poursuit Dominique Bezençon, qui a enseigné pendant dix ans dans une institution spécialisée avant de fonder son association. Le coût mensuel de cette école en pleine nature s’élève entre 550 et 850 francs- En attendant la rentrée scolaire, Jade et Joanne pourront partager des moments en tout insouciance avec Célestine, Lucien, Romain, Swan et Tadeo.
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Une première dans le Nord vaudois
Le dossier pédagogique de l’association Point Nature a été soumis à l’approbation de la commission consultative de l’enseignement privé au début du mois de juin. Si l’idée d’ouvrir une école en forêt est apparue en mars 2018, il a fallu compter une année pour faire avancer le projet de manière concrète.
Selon Julien Schekter, porte-parole du Département de la formation, de la jeunesse et de la culture, la loi sur l’enseignement privé et son règlement s’appliquent à toutes les écoles et les institutions privées qui accueillent des élèves en âge de scolarité obligatoire. Une visite des locaux est effectuée par les collaborateurs de la direction pédagogique. Celle-ci intervient une fois l’école en fonction et après que les démarches administratives ont été effectuées en amont par l’école auprès des communes. À tout moment, les élèves issus de l’école privée qui arrivent en cours d’année peuvent rejoindre l’école publique. L’inscription à l’école publique s’effectue auprès de l’établissement scolaire correspondant à l’aire de recrutement du lieu de domicile des parents.