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Quand l’accueil en crèche devient le parcours du combattant

18 février 2020
Edition N°2686

Une infirmière du cru fait face aux incohérences de différents règlements. Trois versions officielles s’opposent.

Dominique SUter

Jusqu’au 31 décembre dernier, les parents qui souhaitaient placer leur enfant un seul jour par semaine à la crèche pouvaient le faire. Depuis le 1er janvier, ce n’est plus possible, sauf à passer par une structure privée. Quand s’ajoutent à cela des horaires irréguliers, donc des jours de crèche différents chaque semaine, ça devient carrément le parcours du combattant.

Une situation que vit l’Yverdonnoise Laura Denervaud. Elle a lancé le débat sur «T’es d’Yverdon si…», afin de voir si d’autres parents étaient confrontés à la même situation. Près de 300 personnes ont répondu à son témoignage sur Facebook. «Je ne suis pas une habituée des réseaux sociaux. J’ai lancé ce débat vendredi, un peu comme une bouteille à la mer. J’ai été étonnée des réponses. Apparemment, je ne suis pas la seule à être mécontente de la manière dont est gérée la prise en charge de nos enfants.»

Sociabilisation

La jeune femme est infirmière. Elle prend connaissance de ses horaires deux mois à l’avance. Elle travaille bien évidemment de jour comme de nuit et ceci du lundi au dimanche. «J’ai trouvé une maman de jour qui s’occupe très bien de mon enfant et est assez souple dans les horaires. Mais je souhaitais placer ma fille, Johanna, qui aura 18 mois en septembre, un jour par semaine en crèche. Ceci parce que je considère que c’est un plus, notamment pour sa sociabilisation. J’aurais aimé qu’elle fréquente d’autres enfants, qu’elle puisse s’amuser avec d’autres jouets. Mais il ne m’a pas été possible de l’inscrire, non seulement en raison de mes horaires particuliers mais aussi parce que, financièrement, je ne peux pas la mettre deux jours par semaine, ce qui semble être la règle depuis le 1er janvier.»

La maman serait d’accord d’amener sa fille à la crèche quand bien même cela tomberait occasionnellement sur un de ses jours de congé; «je ne peux financièrement et moralement pas accepter cela deux fois par semaine! avance-t-elle. Je connais mes horaires avec deux mois d’avance, il me semble qu’il y a matière à s’organiser? Ma fille est très sociable, elle a l’habitude de voir du monde et est très facile. Il n’y aurait eu aucun problème à l’accueillir une journée par semaine.»

Des règlement qui diffèrent

Franck Diaz-Sintes, directeur général de la Fondation yverdonnoise pour l’accueil de l’enfance (FYAE), explique les raisons de ce changement: «Nous avons introduit ces deux jours minimum pour nous mettre à jour par rapport à la loi sur l’accueil de jour des enfants.» La modification du règlement de la FYAE (article 6.9) résulte du constat des éducatrices de la petite enfance qui estiment qu’un enfant qui ne vient qu’un jour par semaine peine à se familiariser.

«Dans des cas particuliers, par exemple pour les infirmières, nous pouvons adapter nos contrats, mais cela sur une base de deux jours par semaine», poursuit-il. Le directeur général précise que «la Cité thermale était la dernière à ne pas proposer systématiquement au moins deux jours par semaine. à titre d’exemple, Nyon impose trois jours minimum, et Lausanne 3,5 jours.»

Une tout autre version est donnée par Jean-Claude Ruchet, municipal chargé du Service de la jeunesse et de la cohésion sociale de la Ville. «Dans son article 4.1, le règlement du Réseau d’accueil de jour des enfants d’Yverdon-les-Bains et environs (RéAjy) précise que le temps d’accueil minimum est d’une journée par semaine. Il est même possible de choisir deux demi-journées.» L’édile assure que c’est bien ce règlement qui prévaut sur celui de la FYAE. Il ajoute encore qu’à l’article 4.5 du texte du RéAjy, il est prévu que, dans la mesure des possibilités d’accueil, des placements irréguliers pourront être exceptionnellement acceptés pour les parents dont les horaires hebdomadaires ou les jours de travail imposés sont irréguliers. Les demandes devront toutefois être introduites au moment de l’inscription ou annoncées un mois à l’avance. Mais ces aménagements sont majorés de 10%.

Le Canton n’impose pas

Interrogée à son tour, Valérie Berset, cheffe de l’Office de l’accueil de jour des enfants (OAJE) à l’état de Vaud, ne se positionne pas. «L’OAJE informe sur l’accueil de jour de manière générale. Ce sont les réseaux qui édictent leurs propres règlements. Tant que leurs décisions répondent à nos exigences en matière d’accueil, il n’y a pas de problème.»

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La directrice de la crèche surprise

Sandra Berlendis, directrice de la crèche Les Goélands, à Yverdon-les-Bains, n’a pas eu connaissance du cas de Laura Denervaud. «Je vais me renseigner auprès de la personne qui prend les inscriptions pour la Fondation yverdonnoise pour l’accueil de l’enfance (FYAE); elle m’expliquera ce qu’il s’est passé. Parfois, les versions divergent et je ne peux pas m’exprimer tant que je n’ai pas entendu la maman, et la personne de la FYAE, explique-t-elle. Cela étant, il est vrai que l’article 6.9 du règlement a été modifié et est entré en vigueur au 1er janvier 2020. Pour le bien de l’enfant, un placement minimum de deux jours par semaine, soit 40%, est exigé. Mais ceci peut se faire à raison de deux fois un jour, ou quatre fois une demi-journée, ou même par tiers de journée.» Et de conclure: «Nous pouvons aussi proposer des contrats spéciaux pour les personnes qui ont des horaires particuliers. Mais tout cela dépend aussi des disponibilités de notre structure d’accueil. Je vais contacter cette maman.»