Logo
Quand l’agriculture de demain devient une aventure humaine
Arnex-sur-Orbe, 25 mars 2019. Collectif Les carottes courbes, de g à dr: Valentin, Didi, Ava, le chien Yukon, Mel, Charlotte avec son bébé Saya, Fanny, Charlène, Benoît. © ldd

Quand l’agriculture de demain devient une aventure humaine

28 mars 2019 | Edition N°2466

Arnex-sur-Orbe – Huit jeunes ont décidé, sans se connaître, de cultiver ensemble un avenir durable. Fondé en mai 2018, le collectif des Carottes courbes a pris ses quartiers sur un terrain de deux hectares, qu’il est bien décidé à ouvrir au plus grand nombre.

Ils sont huit: Ava, Charlène, Charlotte, Fanny, Mél, Benoît, Didi et Valentin. Huit jeunes âgés entre 23 et 35 ans qui souhaitent développer une agriculture respectueuse en communauté. Ils se sont rencontrés lorsque le terrain qu’ils occupent a été proposé à la location et ils ont décidé de s’unir sans véritablement se connaître pour vivre autrement, grâce aux richesses que ces terres pouvaient leur offrir. Un pari risqué mais qui, grâce à des outils d’«intelligence collective», a donné naissance à une oasis qui porte ses fruits… et ses légumes. Le collectif  des Carottes courbes souhaite cultiver des liens ainsi que la terre, sans être focalisé sur un but précis. Ils expérimentent, ils cocréent. «Nous n’avons pas d’objectif, mais nous avons une raison d’être, et celle-ci est mouvante, adaptable», explique Benoît.

Depuis mai 2018, au rythme des saisons, les huit membre du collectif ont aménagé quelques installations sur leurs deux hectares et construit des buttes de culture, une spirale d’herbes aromatiques et un enclos mobile pour les poules avec du matériel récupéré à droite et à gauche, ainsi que des toilettes sèches et des récupérateurs d’eau. Portés par leur élan et leurs connaissances, tous proposent des idées et essaient de mettre en place un système durable, en s’appuyant sur des principes de permaculture. Ils ont à cœur de partager, d’inspirer, d’accueillir du monde dans ce lieu où chacun se questionne et cherche des réponses sur le monde qui l’entoure. «On fait comme les enfants: on s’émerveille! Et on sait que c’est le meilleur moteur d’action et d’apprentissage», déclare Benoît.

De l’eau et des arbres

Le groupe s’est donné 25 jours pour récolter suffisamment de fonds afin de pouvoir acquérir un récupérateur d’eau de pluie et un système d’irrigation goutte-à-goutte pour cette saison. Il souhaiterait également planter des arbres fruitiers pour structurer le sol et offrir des gîtes à la faune locale. L’an dernier, l’équipe avait humidifié le

Le groupe s’est donnée 25 jours pour récolter des fonds pour acquérir un récupérateur d’eau de pluie. © LDD

terrain à l’aide d’arrosoirs et constaté que la charge de travail ainsi que le besoin en eau étaient vraiment conséquents. En contrepartie, les donateurs pourront s’immerger dans l’univers des Carottes courbes en dégustant une soupe de légumes au coin du feu ou un apéro dans le verger. D’autres contreparties, telles que des cours de slackline (ndlr: du funambulisme sur sangle) ou la possibilité de choisir une citation qui s’affichera sur une pancarte installée sur le terrain, sont proposées. Ou simplement l’invitation à partager de bons moments avec des hommes et des femmes qui souhaitent créer un lieu où la différence est accueillie à bras ouverts à l’image de carottes courbes, qui détiendraient leur saveur de leur particularité. «On produit notre nourriture, et on économise les frais de fitness et de psy!»

Vaïata Sourou Bron