Logo
Quand l’épidémie affecte le deuil
Orbe, 22 décembre 2014. Grand'Rue. © Michel Duperrex

Quand l’épidémie affecte le deuil

18 mai 2020 | Edition N°2733

Orbe – Si plusieurs solutions ont été proposées aux familles afin d’adapter les cérémonies funéraires, le processus de deuil se retrouve, quant à lui, profondément bouleversé.

Depuis le 27 avril, les restrictions en lien avec le coronavirus touchant les cérémonies funéraires ont été assouplies par l’Office fédéral de la santé publique. L’autorisation d’assister aux funérailles est passée du cercle familial à un cercle élargi, et le nombre de personnes dépend à présent de l’espace à disposition. Mais la prudence est de mise: «Il faudra du temps pour que les gens retrouvent le chemin des enterrements, les cérémonies vont redémarrer petit à petit», note Edmond Pittet, directeur des Pompes funèbres générales SA et praticien.

Pour lui qui accompagne les familles depuis quarante ans, l’épidémie va laisser une empreinte durable chez de nombreuses personnes qui ont perdu un proche: «On peut réellement parler d’un avant et d’un après.» Pendant le confinement, les adieux se faisaient dans la plus grande intimité, ayant été parfois limités à moins de dix proches.

Un bouleversement des rituels

Plusieurs solutions ont donc été proposées aux familles, notamment la vidéo en direct et la cérémonie en deux temps qui consiste à organiser une seconde rencontre, publique cette fois-ci, lorsque les circonstances le permettront. Aude Collaud, pasteure de l’église évangélique réformée pour la paroisse d’Orbe-Agiez, proposait également aux personnes absentes d’allumer une bougie chez elles au moment de la cérémonie ou encore de lire une prière qu’elle avait rédigée. Ces gestes simples pouvaient permettre la réalisation de rituels indispensables au processus de deuil.

Mais Edmond Pittet reste sceptique: «Au début, tout le monde parlait de la cérémonie en deux temps, mais je pense qu’il n’y en aura que très peu, car d’autres préoccupations, notamment économiques, prendront le dessus.» La pasteure s’inquiète également pour ceux qui n’ont pu échanger de dernières paroles ou un geste, ceux qui n’ont pu faire qu’un au revoir virtuel. Enfin, il y a ceux qui ont décidé de ne pas faire de cérémonie du tout. «Je ne sais pas comment se vit un deuil sans aucun rituel et je me demande quel sera l’impact psychologique. Ne pas prendre le congé autorisé pour le deuil d’un de ses parents car on fonctionne en télétravail peut aussi avoir des répercussions à long terme.»

Natasha Hathaway

Rédaction