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Quand les châteaux cessent d’être des citadelles

11 octobre 2016 | Edition N°1846

Nord vaudois – Du privé qui assume un coup de coeur -et de folie- à la fondation aux moyens plus importants, animer un site inscrit dans le patrimoine architectural et historique nécessite de faire preuve d’imagination.

Le public lors d’une soirée consacrée à la danse, dans la cour du château de Montcherand, en août dernier. ©Blanchard-a

Le public lors d’une soirée consacrée à la danse, dans la cour du château de Montcherand, en août dernier.

La vie de château, on en rêve. Mais pour ceux qui ont choisi de s’installer dans certaines vénérables bâtisses du Nord vaudois,il s’agirait plutôt de faire vivre le château.

Cela passe par une ouverture sur le monde, l’organisation d’événements culturels, l’aménagement de chambres d’hôtes ou la location de salles pour des mariages et autres fêtes de famille. Si les vieilles pierres ont une âme, il importe à leurs propriétaires de maintenir un souffle de vie dans les salles voûtées, sous les plafonds à caissons et derrière l’épaisseur des huis patinés.

Aujourd’hui, elle vit pour quelques jours encore au milieu d’un chantier, car le couple a décidé des travaux de réfection des toitures et des façades. Un gros investissement et un travail exigeant. «Nous avons été conseillés par un architecte des Monuments historiques», explique-t-elle encore.

Mais au plan économique, la viabilité de ces grands projets reste aléatoire. «C’est aussi pour cela que, afin de développer la vie culturelle du site, on a créé l’association«l’art de vivre», qui nous a même permis de bénéficier du soutien de la Loterie romande», poursuit Susanne Rapin.

«Avec mon mari, on est arrivés ici en mars 2005. En septembre, j’organisais ma première exposition de peintures !», se souvient Susanne Rapin, «seigneure» du Château de Montcherand.

«Avec mon mari, on est arrivés ici en mars 2005. En septembre, j’organisais ma première exposition de peintures !», se souvient Susanne Rapin, «seigneure» du Château de Montcherand.

Sous les remparts de Grandson , l’échelle est autre. Dans l’enceinte du deuxième plus grand château de suisse après Chillon, tout est plus chargé d’histoire, plus grand, plus patrimonial,plus cher à entretenir, mais tout aussi difficile à faire vivre dans la durée. Mais la directrice Sylvie Gellein tient un discours semblable,tout autant nourri de passion qu’il reste ponctué des incertitudes liées aux questions budgétaires ou économiques. Même si une fondation préside aux destinées du site.

Mariages d’exception et suite d’hôtes

«Un Château fait toujours rêver» note-t-elle. Comme si chacun portait des rêves de princesses ou de chevaliers. Et aussi parce que le patrimoine jouit d’un bon vent de poupe qui pousse le public aux grilles de ces lieux de mémoire.

«Tous ces endroits constituent des atouts remarquables au niveau de la fréquentation touristique»,confirme d’ailleurs Sylvie Berney, à l’Office du tourisme d’Yverdon-les-Bains. A lui seul, le Château de Grandson accueille 30 000 visiteurs par an. Pas mal pour une équipe de six permanents qui ne fait relâche que pour Noël et le Jour de l’An. Ainsi, quand l’intérêt des foules se manifeste et qu’une offre se structure, c’est qu’il existe un marché où il faut, dès lors, se positionner.

Et, en plus de visites et de son cortège d’animations pour divers publics, le Château de Grandson figure,depuis le 1er juin dernier, sur une liste de sites vaudois qui peuvent accueillir des mariages civils d’exception. «Et, en octobre2017, nous ouvrirons, côté lac, quatre nouvelles salles passionnantes dédiées à l’histoire du château», s’enthousiasme Sylvie Gellein. Enrichir et adapter l’offre restent des nécessités. Ainsi, à Montcherand, on peut tout envisager :se familiariser avec la création contemporaine, voir des pièces de théâtre, des spectacles de danse, écouter de la musique et même réserver une véritable «suite d’hôtes» avec chambre, salon, cuisine et salle de bains. «J’ai toujours adoré voyager en chambre d’hôtes. En nous installant ici, j’ai concrétisé la possibilité d’en proposer une à mon goût», s’enflamme Susanne Rapin. A tel point que, pour mieux répondre à la demande, l’aménagement d’une seconde «cellule» est en projet.

Des expériences qui montrent que si le rêve d’une vie de château hante propriétaires et gestionnaires de lieux éminents, il n’a pas tourné au cauchemar.

Le Château de Giez mise sur la musique

Le château de Giez est une ancienne «maison d’été». Elle s’inscrit depuis 600 ans dans le patrimoine d’une famille qui a donné à Yverdon et à Lausanne une belle lignée d’avocats et de notaires, et à la Suisse d’éminents diplomates et intellectuels -dont Victor Bourgeois, proche de la Gazette de Lausanne, ou l’ambassadeur Jean Bourgeois. Aujourd’hui, pour assurer la pérennité d’une demeure dont elle assume la responsabilité, Christiane de Muller a monté le «Giez Club». Par l’intermédiaire de cette structure, elle organise un festival de musique. Une manifestation privée dont la 4e édition a attiré récemment près de160 personnes. «Ainsi, nous avons fait un grand pas pour prolonger la vie de la maison», se réjouit-elle.

Hauts-lieux du nord vaudois

Et encore….

Dans une région riche d’un joli patrimoine,on peut encore signaler la Villa d’Entremont, à Yverdon-les-Bains. Ce bâtiment vaudois du 18e siècle offre la possibilité de louer des salles pour des réunions ou des banquets. De même que la Maison du Prieur, édifice bernois du 13e siècle, à Romainmôtier. A noter encore le Château de Champvent,mais il reste fermé au public.

Philippe Villard