Quand l’inclusion passe par le football
4 mars 2025 | Textes: J.Ph. Presse-Wenger | Photos: Gabriel LadoEdition N°3904
Un tournoi de football a réuni dimanche des personnes en situation de handicap, des travailleurs sociaux et des joueuses des FF-15 du FC Thierrens
Dépasser les préjugés en favorisant l’inclusion, le tout grâce au football: c’est le cocktail bienveillant qui était proposé dimanche, lors du premier tournoi de foot inclusif, à Champagne. Quatre institutions romandes étaient représentées, parfois avec deux équipes, dans des petits matches à trois contre trois, pour le plaisir de tous. Les institutions impliquées étaient La Castalie (Valais), la Fondation Trajet (Genève), la TGW (Berne) et la Fondation Perceval (Vaud).
Ce tournoi est le fruit de la collaboration d’un étudiant de l’ARPIH d’Yverdon-les-Bains et d’un résident de l’institution L’Espérance. «Il s’agit en fait de mon travail de diplôme, qui mettra un terme à ma formation d’éducateur social, détaille Sven Leuenberger. Le but était d’impliquer un résident, Axel, dans l’élaboration de l’événement avec deux axes principaux: la valorisation des rôles sociaux des personnes en situation de handicap et l’inclusion en lien avec le sport.» Axel et Sven ont collaboré sur énormément de choses, la création des logos, la mise au point des règles de jeu adaptées qu’ils ont envoyées aux différentes institutions pour validation. L’achat des ballons de foot a représenté un déclic dans la dynamique du duo. «Dès le moment de l’achat des ballons, il y a eu un déclic avec Axel, se souvient Sven Leuenberger. Dès cet instant, c’est lui qui est devenu une force de proposition pour le projet et plus moi. Les rôles se sont inversés. Il est devenu le moteur du projet.» Pour valoriser les personnes en situation de handicap, celles-ci ont décidé du nom de leur équipe respective. On retrouve ainsi «Les footeux» ou «City» au tableau des résultats. Elles sont également les capitaines de chaque équipe. Les deux arbitres engagés, eux sont issus de l’entourage direct de l’organisateur, puisque Maël est un collègue qui arbitre habituellement du unihockey et que Flavien, lui, est un joueur de Donneloye.
Du terrain au… terrain
La genèse du projet puise déjà ses racines sur un terrain de football. Durant ses pauses de midi, Sven Leuenberger, lui-même footballeur passé par la section juniors d’Yverdon Sport, Donneloye et Bavois, avait pris l’habitude de se rendre sur le terrain de la Fondation Perceval. Il y a souvent croisé Axel et avait noté que celui-ci se débrouillait plutôt bien balle au pied. «Je lui ai donc demandé s’il était partant pour créer un tournoi inclusif dans un cadre bienveillant. Il a dit oui. Et on est partis de ça.»
Une fois le cadre posé, il a notamment fallu trouver des partenaires pour élaborer un budget pour la manifestation. Et les entités contactées ont répondu présent, puisque le budget final a pu être bouclé autour de 4500 francs. «On a dépensé 1500 francs pour confectionner des tee-shirts avec notre logo, détaille Sven Leuenberger, puis 1500 francs pour faire venir un food truck durant cette journée afin d’assurer les repas des participants et des organisateurs.»
Des récompenses pour tous
Toujours dans la même idée de valoriser le plus possible les personnes en situation de handicap engagées dans le tournoi, les récompenses ont été multipliées: meilleur buteur, prix du fair-play ou encore équipe gagnante. Par ailleurs, tous les participants ont reçu une médaille.
Afin d’ouvrir encore les perspectives d’échange dans ce cadre bienveillant, Sven Leuenberger et les organisateurs ont proposé aux participants un autre atelier, différent du football. En effet, il était possible à tout un chacun de s’initier à la pétanque sur le terrain qui jouxte les installations sportives du FC Champagne Sports. Et pas avec n’importe qui, puisque c’est le champion du monde 2019, le Genevois Maiki Molinas, qui s’était déplacé pour l’occasion.
Au final, la réussite de cette journée pas comme les autres s’est d’abord mesurée aux sourires qui ont éclairé tous les visages des personnes présentes. Des participants aux organisateurs, en passant par les quelques courageux spectateurs qui s’étaient déplacés dans le Nord vaudois pour faire l’expérience de la fraîcheur de la bise noire et de la chaleur des relations humaines, au-delà de toutes les différences.
«Gagner en visibilité pour la Fondation»
La Fondation Perceval, qui s’engage pour l’accompagnement de personnes en situation de handicap (enfants, adolescents et adultes) en leur offrant scolarité, formation, travail, soins et lieu de vie, était l’une des institutions présentes dimanche à Champagne. «Ce projet constitue une nouveauté, détaille Didier Brocard, directeur général de la Fondation Perceval. Mon souhait, c’est de gagner en visibilité, faire sortir les gens de la Fondation, créer des dynamiques avec des personnes de l’extérieur. On espère vraiment que ce projet autour du football perdurera sur les années à venir.» Pour le Grandsonnois, le sport demeure un formidable moyen d’inclusion. Ancien triathlète professionnel, il milite dans ce sens à chaque occasion. «Cette année, poursuit-il, nous serons la fondation soutenue par les 20km de Lausanne. On est mis en avant et on participera avec un représentant sur chaque distance. Si je peux mettre davantage de sport dans le programme, je vais le faire.»
Un fructueux partenariat
Dans chacune des équipes présentes lors du tournoi de dimanche à Champagne, se trouvait une représentante de l’équipe féminine FF-15 du FC Thierrens. «C’est cool de pouvoir représenter le club pour tout le monde et, du coup, d’être là avec eux et de voir les sourires sur leurs visages quand ils jouent, franchement, ça fait vraiment plaisir.» Les organisateurs ont pris contact avec l’équipe des FF-15 de Thierrens afin de participer à la manifestation. Trois d’entre elles ont répondu favorablement à leur appel du pied et, convaincu par les raisons d’être de l’événement, le staff d’entraîneuses a également décidé de se joindre à ce beau projet.