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Quarante ans à la Pharmacie du Lac

20 mai 2014

Denise Signorio a pris sa retraite le mois dernier après un long parcours au sein de l’enseigne yverdonnoise. Elle évoque les changements qu’a connus son métier.

Denise Signorio quitte la Pharmacie du Lac.

Denise Signorio quitte la Pharmacie du Lac.

A la tête de la Pharmacie du Lac depuis le 1er avril 1974, Denise Signorio a cédé sa place à Marine Bonnard, la nouvelle pharmacienne responsable, le mois dernier. La jeune retraitée précise que le chiffre rond d’années de service qui coïncide avec son départ est le fruit du hasard. «Je voulais partir l’année dernière mais j’ai travaillé encore un an, le temps pour ma clientèle, que je tiens à remercier vivement pour sa fidélité, s’habitue à la nouvelle venue.»

Cette indication met l’accent sur l’essence même, la raison d’être, d’un commerce comme le sien. «Nous proposons un service à la clientèle. Il faut aussi faire du social, prendre le temps de dialoguer avec les gens. On finit par connaître un peu toute leur vie», relève Denise Signorio.

Ce contact va lui manquer, elle qui se rendait volontiers chez ses clients les plus âgés pour des livraisons à domicile. «J’aimais aller les trouver. Nous bavardions autour d’un café. Cela créait des liens.»

La pharmacie, elle ne l’aurait d’ailleurs pas remise à une personne ne partageant pas sa vision. «Cela m’aurait fait trop mal au coeur. Il y a environ dix ans, on m’a proposé de reprendre le stock. J’ai refusé», commente-telle.

Place de stage en or

Dans le cadre de sa formation, Denise Signorio a eu la chance de faire ses armes aux côtés de Roger Sandoz, à Yverdon-les-Bains. «C’était une pharmacie à l’ancienne. Cachets, percolations, pilules, capsules : on faisait un tas de choses», se souvient-elle, regrettant l’évolution du monde pharmaceutique à ce propos. «L’homologation des préparations maison auprès de Swissmedic coûte très cher et les exigences sont très élevées. Cela rend la tâche presque impossible.»

Elle ajoute que la nette baisse des marges sur les médicaments et la concurrence des grandes structures ont contraint certains de ses collègues à mettre la clé sous le paillasson. «Je réalisais 90% de mon chiffre d’affaires sur les médicaments sur ordonnance, la vente libre ayant chuté avec l’arrivée des chaînes. Dans ce contexte, les taxes facturées pour la validation des médicaments sont capitales pour nous», indique-t-elle.

«Un bon papa»

Âgée de 26 ans au moment de reprendre les rênes de la Pharmacie du Lac, Denise Signorio a pu compter sur «un bon papa» en la personne de son prédécesseur Gaston Delay. Quelques années après, elle entreprend des transformations, installant le laboratoire dans la cave du bâtiment et les réserves de médicaments au 1er étage, avec un escalier garantissant un accès direct aux deux endroits.

Fille de médecin, la sexagénaire a hésité à marcher sur les traces de son père à la fin du gymnase.

Elle a finalement opté pour le domaine pharmaceutique dans le but de pouvoir travailler à mi-temps lorsque viendrait le moment de se marier et d’avoir des enfants. Après avoir habité quinze ans au-dessus de sa pharmacie située au coeur de la Cité thermale, Denise Signorio est allée chercher le soleil à la campagne. Elle entend partager son quotidien entre ses amis, ses petits-enfants et ses différents hobbies, à savoir l’histoire, le jardinage, la musique et le piano. «Je suis pas mal occupée», assure-t-elle.

 

Le remède de la diversification

Pour subsister, Denise Signorio a misé sur la diversification. Outre des produits de dermatologie, de phytothérapie et d’homéopathie, la Pharmacie du Lac propose du matériel orthopédique. «Avant, nous avions des mélanges de plantes pour des tisanes, mais nous avons arrêté car, visiblement, cela n’était plus à la mode», observe la jeune retraitée.

Ludovic Pillonel