Renaud Stitelmann, membre du Cercle de la voile de Grandson, s’embarque pour un tour du monde sur un voilier de 5,80 mètres, Capucinette. Il sera au départ de la McIntyre Mini Globe Race (MGR), à partir du 28 décembre.
Renaud Stitelmann, d’où est venue l’envie de vous lancer dans une telle aventure autour du monde?
Je crois que je «traîne» cela depuis mon adolescence. J’ai passé plusieurs années en mer avec mes parents et rencontré de nombreux navigateurs, régatiers, aventuriers, qui m’ont donné ce goût de la régate aventure.
C’est une course de monotype, avez-vous construit ou acheté le bateau?
La coque pontée complète, équipée de sa quille et peinte, a été réalisée en Pologne. J’ai, par contre, devant chez moi, durant une année environ, procédé aux finitions et à l’accastillage de Capucinette.
Une épreuve qualificative a lieu entre le Portugal (départ le 28 décembre), via Lanzarote, aux îles Canaries, et Antigua. Quels sont les critères de qualification?
Il faut pouvoir montrer que l’on sait naviguer au sextant, en solitaire durant quatre à cinq jours (ndlr: 500 milles). Aussi, comme le départ de la MGR est à Antigua, aux Antilles, c’est sympa de faire une transat en flottille afin de finaliser la préparation et de se mesurer avec les autres concurrents, plutôt que de se lancer sans repères.
5,80 mètres, ce n’est pas grand. Quels sont les aménagements pour réussir à embarquer de quoi manger et boire durant plusieurs semaines?
C’est un petit peu plus grand qu’un Corsaire, mais plus petit qu’un mini 6.50. C’est par contre bien plus habitable que les deux. J’ai presque la hauteur sous barrot sous le rouf. Il y a suffisamment de place pour tout mettre, mais pas plus! Le triangle avant est pour tout ce qui est léger, comme les seaux et voiles de rechange. Le coin cuisine pour la nourriture, le coin navigation pour tous les instruments et documentations papier, le dessous des couchettes pour le matériel de rechange, secours, vêtements et nourriture. L’eau est stockée au centre, sanglée au fond du bateau. Les bidons vides sont arrimés, soit dans le triangle avant, soit dans le compartiment arrière. Il y a deux couchettes latérales, pas très larges, avec matelas pour le confort et quelques équipets latéraux pour ranger le petit bazar de tous les jours.
Justement, sous quelle forme l’eau et la nourriture sont-elles ?
L’eau est en bidons de 10 litres, soit 120 litres, ce qui fait 3 litres par jour, plus 10 litres de secours plombés. Quant à la nourriture, j’ai horreur du lyophilisé. J’ai donc un coin cuisine avec un réchaud à alcool et un four de type Omnia. Cela me permet de cuisiner un peu et de faire du pain, de la pizza, des gâteaux et cakes. J’ai testé ces appareils et les recettes durant les navigations hivernales sur le lac de Neuchâtel et lors du convoyage de Capucinette entre les Sables-d’Olonne et Lagos, au Portugal, c’est top! En plus, je prends quand même quelques plats tout prêts en sachet à réchauffer – ou pas –, ainsi que des œufs, des fruits et légumes frais pour les dix à douze premiers jours de chaque étape, en fonction de ce que je trouverai aux escales.
Un traceur satellite YB3, mais pas d’hydrogénérateurs, de dessalinisateurs, l’interdiction des mesures électroniques du vent et de loch électronique, capacité limitée pour les batteries et les panneaux solaires: c’est presque de la voile à l’ancienne et cela demande de revoir totalement la navigation hauturière telle qu’elle se pratique actuellement.
Ce n’est pas tout à fait de la voile à l’ancienne, car nous avons un GPS, un téléphone satellite AIS (ndlr: un système mondial d’échange automatique de messages standardisés entre bateaux à partir d’émetteurs-récepteurs de signaux radio), ainsi que la possibilité de charger les fichiers GRIB (ndlr: GRIdded Binary, en anglais, désigne un format de fichier utilisé pour la diffusion de données de prévisions météorologiques), mais aucun routage.
Il y a de nombreuses escales pour l’avitaillement, les réparations, la récupération, etc. Disposerez-vous d’un staff à chaque escale?
Non, pas de staff aux escales, il y a beaucoup d’entraide entres les concurrents, la solidarité est aussi une particularité de cette MGR.
A chaque étape de son périple autour du globe, nous reviendrons sur les aventures de «Capucinette» et de son skipper. Une autre façon de naviguer, à l’heure où la 10e édition du Vendée Globe et les millions investis dans la flotte s’élancera des Sables-d’Olonne.