Quinze vaches foudroyées à l’alpage
11 juillet 2012Jean-Luc et Mary-Josée Duvoisin ont perdu quinze Red Holstein à l’Alpage du Crosat lors de l’orage de jeudi dernier. La foudre, impitoyable, s’est abattue sur les vaches. Une tristesse immense pour cette famille de Fontanezier.
«Nous étions tous très tristes ces derniers jours. Bien sûr qu’il y a pire dans la vie, et notre peine n’est pas comparable à ceux qui perdent un être cher, mais quand même, ce n’est pas de la ferraille! Et quinze d’un coup…» Jean-Luc Duvoisin n’a pas pu cacher sa tristesse en reparlant de l’orage de jeudi dernier, lequel a coûté la vie à quinze de ses Red Holstein, victimes de la foudre. Depuis 1928, les vaches de Fontanezier de la famille Duvoisin montent en effet à l’Alpage du Crosat l’été, tout près de Mauborget, sur le territoire de Fontanezier. Un lieu apaisant, avec une vue magnifique, en pleine nature, où la seule concession à la modernité est une installation de traite, «pour un peu plus de confort au travail». Pas d’électricité, à part une fidèle génératrice qui sert pour la machine à traire et apporte la lumière à l’écurie. Un vieux téléphone, une radio à piles «pour écouter les nouvelles», une citerne pour l’eau des toits, et quelques promeneurs qui se rendent au Mont-Aubert: un endroit tranquille, un peu hors du temps, parfait pour l’amoureux de la nature et de la montagne qu’est l’agriculteur de Fontanezier, et où sa femme Mary-Josée aime le rejoindre, lui qu’elle appelle tendrement son «montagnard».
La meneuse parmi les victimes
Septante-six hectares de pâturages bosselés, deux traites par jour: les quarante-deux vaches qui avaient entamé l’été à la montagne, sous la surveillance de Jean-Luc Duvoisin et de la fidèle border collie Goldie, étaient des «solides», comme l’on dit. Pas question de petit gabarit ou de vaches trop maigres. Ces laitières-là sont des montagnardes, habituées aux conditions pas faciles. «On a l’habitude que ça tape fort en montagne, ce n’est pas nouveau. Mais là… Ce jeudi, il était 22 heures, je n’avais pas encore soupé, lorsque l’orage est vraiment devenu violent. J’étais avec un ami, on buvait un verre. Il est parti en voiture, je m’apprêtais à manger lorsqu’il est revenu au chalet. Il m’a dit qu’une de mes vaches était morte sur la route. En allant voir, on est tombé sur quatre autres un peu plus loin, puis une dizaine au pied d’un arbre. Au total, il y en avait quinze.» Quinze bêtes mortes sur les quarante-deux que compte le troupeau: l’émotion de la famille Duvoisin est bien compréhensible.
«Ces vaches, nous les avons élevées, nous les connaissions. Elles étaient déjà d’un certain âge, on a eu le temps de s’y attacher. De nouveau, notre peine ne doit pas être comparée à celle concernant la perte d’êtres humains, il y a des moments bien plus tristes, mais cela a été un choc tout de même pour nous… et pour les vingt-sept vaches restantes. Elles étaient très stressées. Maintenant, quatre jours après, cela va un peu mieux.» Il faut dire que parmi les vaches disparues se trouvait la meneuse du troupeau.
Après cet événement tragique et la visite du véterinaire, Jean-Luc Duvoisin scrutera-t-il le ciel avec appréhension et craindra-t-il le prochain orage? La réponse ne se fait pas attendre: «Non. Vous savez, on est habitués à la montagne.» L’étape suivante pour Jean-Luc Duvoisin? Aller rechercher des laitières, parce qu’il faut bien atteindre les quotas et qu’il reste de l’herbe en quantité à l’alpage. Pour l’heure, il en a déjà trouvé deux. La vie continue, comme l’on dit, mais il est des coups de foudre qu’on préférerait ne pas avoir vécu, ou vite oublier.