Logo

Référendum autour des éoliennes

23 février 2011

La grande majorité des conseillers communaux de Sainte-Croix ont accepté un préavis en faveur des éoliennes. Mais certains à contre-coeur, pour permettre la mise en place d’un référendum. Les citoyens devraient se prononcer en mai prochain.

En décembre dernier, les promoteurs de Romande Energie, Jacqueline de Quattro et Blaise Fattebert étaient réunis lors d’une séance d’information publique. Les tensions sont toujours aussi fortes quelques mois plus tard.

En décembre dernier, les promoteurs de Romande Energie, Jacqueline de Quattro et Blaise Fattebert étaient réunis lors d’une séance d’information publique. Les tensions sont toujours aussi fortes quelques mois plus tard.

Le Conseil communal a accepté par 46 voix sur 50 le préavis municipal «Eoliennes: pour nos enfants, soyons fiers de nos ressources» qui propose un règlement communal en faveur du développement de l’énergie éolienne sur le territoire de la Commune. Un étrange plébiscite.

Les Sainte-Crix se seraient-ils comme par enchantement enfin mis d’accord sur ce sujet? Non, lundi soir, lors d’une séance extraordinaire du Conseil communal, les débats sur ce thème brûlant étaient aussi virulents que d’habitude. Au moment du vote pourtant, des opposants au parc éolien ont pris position pour ce préavis. Tout simplement parce que la Municipalité l’avait assorti d’un référendum spontané. Autrement dit, ceux qui désiraient qu’une consultation populaire soit organisée devaient au préalable accepter le règlement communal en faveur des éoliennes.

Un préavis pour les éoliennes

La Municipalité répond ainsi à la motion du PLR du 13 décembre dernier qui demandait une consultation populaire pour ramener tranquillité et cohésion dans la Commune. «Au-delà des clivages politiques gauche-droite, ce projet divise notre collectivité jusqu’au sein des groupes politiques. Nous sommes convaincus que partisans et opposants respecteront le verdict des urnes. Et le résultat permettra de donner à nos autorités les bases nécessaires pour prende les bonnes décisions», affirmait alors Olivier Renaud. Ce dernier s’est dit satisfait de la réponse rapide de la Municipalité à sa requête.
Ce qui n’était pas le cas de tout le monde. Certains, à l’instar du socialiste Michel Bühler, se sont sentis pris en otage : « Je souligne le caractère orienté du texte proposé. La Municipalité a assuré à la Commission en charge d’étudier le préavis qu’il s’agit du moyen le plus simple et le plus rapide de répondre à la motion du PLR. Elle a reconnu par ailleurs ne pas avoir examiné d’autres solutions.» Le syndic Blaise Fattebert l’a accusé d’être «un fieffé menteur»: «Nous avons examiné d’autres moyens et nous vous l’avons dit. On aurait par exemple pu vous faire voter une décision financière quelconque en lien avec le parc éolien. Ce qui aurait été plus compliqué.» Et de s’être senti lui-même pris en otage par l’argumentaire d’une demi-heure de Michel Bühler «en faveur de l’éolien». Lapsus ou provocation? Le doute est permis.

Mais le syndic réitère sa plaisanterie en qualifiant l’intervention de Paul-André Simon, qui a entre autre rappelé les déconvenues de nos voisins jurassiens, «de plaidoirie en faveur des éoliennes». Avant de se reprendre: «J’ai dû taire mon opinion durant plusieurs années, cela provoque des lapsus.»
Principal reproche au préavis: son manque de neutralité. Michel Bühler a demandé pourquoi il ne pourrait pas s’intituler plus sobrement «A propos de l’énergie éolienne: un règlement concernant le parc éolien.» Et d’ajouter que pour sa part, il l’aurait volontiers appelé: «Pour nos enfants, préservons nos crêtes». Il lui a été répondu en Commission qu’un préavis, une fois déposé, ne pouvait plus être modifié. «Si nous voulons organiser un vote, il faut au préalable que le Conseil Communal prenne une décison qui, ensuite, peut faire l’objet d’un référendum. Si le préavis était neutre, il ne constituerait pas une prise de position et pourrait donc tout au plus faire l’objet d’un sondage», a rétorqué Blaise Fattebert. Reste qu’il n’était pas facile pour les opposants de voter un règlement en faveur des éoliennes. Ils craignaient de trahir les citoyens qui les avaient élus. «Pour moi, il s’agit d’une manoeuvre pitoyable de la Municipalié, d’un piège. D’habitude je lève ma main droite pour voter, aujourd’hui ce sera la gauche. Je voterai oui pour que les citoyens, je l’espère, votent ensuite un non massif», a souligné Michel Bühler. Pascal Simon, du PLR, a conseillé aux opposants de s’abstenir, ce qui garantirait tout de même l’acceptation du préavis. «Nous n’avons pas été élus pour nous coucher», lui ont répondu Michel Bühler et le libéral Jean-Claude Garin.

Référendum en mai prochain

Le Conseil communal dans la foulée a également accepté à 49 voix de soumettre le préavis au référendum spontané. Selon le calendrier établi par la Municipalité, le peuple se prononcera le 15 mai prochain. Mais quel poids aura le résultat de ce scrutin? Il ne s’agira en fait que d’une consultation populaire qui ne sera pas forcément prise en compte et suivi d’effets, comme l’a précisé le socialiste Jean-Claude Piguet. Ce dernier craint de donner aux citoyens des illusions. En effet, le parc éolien de Sainte-Croix est du ressort du Canton, la Commune n’a donc pas de réel pouvoir décisionnel. «Quel air me chante-t-on, le peuple n’est plus souverain», s’est insurgé Paul-André Simon. Le syndic a rappelé que le peuple n’équivalait pas aux seuls citoyens de Sainte-Croix: «Nous ne sommes pas une île.»

Blaise Fattebert ne croit pas à un dénouement à l’amiable, même à la suite du vote populaire: «Il est très vraisemblable que la décision définitive devra être prise par un tribunal. L’Etat reste décidé à porter le projet à terme, et les opposants à combattre jusqu’au bout.» Jacqueline de Quattro, conseillère d’Etat en charge de la sécurité et de l’environnement, elle, est plus optimiste: «J’ai confiance aux citoyens de Sainte-Croix, ils ont l’occasion d’agir encore une fois en pionniers. S’ils votent pour les éoliennes cela serait un signal très positif pour les énergies renouvelables. Et si tel n’est pas le cas, la procédure suivra son cours, peut-être jusque devant les tribunaux.» Et de conclure: «Pour sortir le plus rapidement du nucléaire, il faut être prêt à certains sacrifices. Sinon on se retrouvera dans une situation de blocage.»

Sonia Délèze