Reine du désert

Carine Randin a remporté le Rallye Aïcha des Gazelles, au Maroc. Associée à Mélanie Grognuz, l’Urbigène a fait la différence dans la dernière étape de deux jours dans les dunes.

Neuf jours dans le désert, coupées du monde, à chercher les meilleures trajectoires pour franchir dunes, oueds et pistes rocailleuses. Les 152 équipages féminins ayant pris le départ en 4×4 – il y a d’autres catégories –de la 34e édition du Rallye Aïcha des Gazelles, fin avril, ont cherché leur chemin dans le sable marocain, et les meilleures ont été Carine Randin (à dr. à sur la photo principale) et Mélanie Grognuz.

Au jeu de l’orientation, à bord de leur Jeep Wrangler, les deux Vaudoises ont été les plus efficaces. Au volant, Carine Randin vivait son cinquième Rallye Aïcha des Gazelles. Son aisance au pilotage dans les étapes sur le sable, qui lui permet de traverser les plus grandes dunes droit devant, a valu de l’or dans la dernière étape-marathon, disputée sur deux jours. Cette manche leur a permis de repasser devant leurs adversaires pour la victoire.

Si l’Urbigène désormais établie à Chardonney, un peu au-dessus d’Echallens, espérait monter sur le podium, c’est avant tout l’aventure qui la motive à se lancer dans ce périple hors normes. «A chaque fois, c’est une expérience juste incroyable. Les moments qu’on vit dans ce désert, dans les voitures et les bivouacs, sont inexplicables. Il s’agit de dépassement, de liberté, de solidarité. D’une parenthèse, coupées du monde, à choisir comment tracer notre route.»

Carine Randin a participé pour la première fois à l’événement en 2018. Elle y est retournée en 2021, 2023, 2024 et cette année, les trois dernières fois avec Mélanie Grognuz, Payernoise qui vit à présent à Mannens. Les deux complices avaient déjà mené l’épreuve en 2023, jusqu’à l’avant-dernière étape, finalement classées 12es. L’année suivante, elles étaient également en tête jusqu’à la 4e étape, avant une panne électrique et l’élimination. Cette fois, elles sont allées au bout du rêve.

Rien n’était couru d’avance: beaucoup d’équipages très expérimentés (leurs dauphines vivaient leur 17e participation) se trouvaient sur la ligne de départ, cette année, et la bataille a été intense jusqu’au bout. Carine Randin, pilote, et Mélanie Grognuz, navigatrice, ont pris la tête après la deuxième des six étapes, dans les dunes, sur leur terrain de jeu favori. Il faut dire que toutes deux font les choses en ordre et avec sérieux: elles vont s’entraîner une fois par année à rouler sur le sable, elles étudient les cartes et les meilleures trajectoires des années précédentes, même si les parcours ne sont pas tout à fait les mêmes, en plus d’acquérir quelques bases de mécanique. Car, au cœur du désert, il faut être capable de se débrouiller dans toutes les situations.

Néanmoins, de mauvais choix – tout se fait à la boussole et avec de vieilles cartes, sans assistance électronique – leur ont fait perdre la tête lors de la manche 4, au cours d’une édition du rallye-raid rendue boueuse et particulièrement difficile par les averses de cette année au Maroc. Le retard accumulé a toutefois été comblé lors de la sixième étape. «On a été surprises en passant la ligne d’arrivée au bivouac, alors qu’on pensait fêter notre 2e place. Nos adversaires nous ont accueillies en venant nous féliciter d’avoir gagné, ça a été l’explosion de joie, raconte la directrice d’une entreprise de placement de personnel. Il faut dire que l’entente avec Mélanie est incroyable. On passe neuf jours en voiture et sous tente en symbiose, prenant soin l’une de l’autre et partageant cette même envie d’aller de l’avant.»