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Renaud Stitelmann ne compte pas faire de la figuration
Renaud Stitlemann était arrivé à Antigua le 2 février dernier. DR

Renaud Stitelmann ne compte pas faire de la figuration

25 février 2025 | Christiane Baudraz
Edition N°3899

Mini Globe Race: le navigateur du CV Grandson a pris le départ, dimanche à Antigua, pour un tour du monde sur un bateau de 19 pieds.

Quinze marins solitaires sont partis du port de Falmouth, à Antigua, à bord de voiliers Alma Globe 580, en contreplaqué de 5,8 mètres de construction artisanale, pour parcourir 26 000 milles autour du monde, dimanche à 11h30, heure locale. Ils ne reviendront pas avant mars 2026!

La première étape emmènera la flotte de la Mini Globe Race au Panama, mais au lieu de transiter par le canal, elle sera transportée par camions jusqu’à l’embouchure côté Pacifique. Elle traversera ensuite le «grand océan» jusqu’aux Fidji, où elle arrivera à la mi-juin pour une escale de trois semaines, avant de poursuivre la course au nord de l’Australie, puis plus au sud jusqu’à l’océan Austral en direction du Cap, en Afrique du Sud. Après une longue pause de Noël au pied de la montagne de la Table, elle remontera l’Atlantique Sud jusqu’à Recife, au Brésil, pour la dernière escale avant de rentrer à Antigua.

Les quinze hommes et femmes sont sur le point de tout risquer pour faire le tour du monde en solitaire dans une aventure que beaucoup croient impossible. Ils ont tous travaillé dur pour atteindre la ligne de départ. L’un d’eux a déjà commandé un porte-avions anglais, un autre a traversé le Royaume-Uni à la nage et a ramé dans l’Atlantique, tandis qu’un autre a traversé le désert du Sahara en courant. Ils poursuivent tous de grands rêves et le jeu commence.

Renaud Stitelmann a remporté avec aisance les deux épreuves de qualification. La première, longue de 600 milles, entre Lagos, au Portugal, et Lanzarote. La deuxième, des Canaries à Antigua, améliorant le temps de l’édition 2021 de quatre jours. Un record qui aurait pu mal se terminer comme l’explique le sociétaire du Cercle de la voile de Grandson:  «Grosse mistoufle au départ, car le vent cale complètement. J’ai la chance de passer tout de même la ligne de départ. J’avais au préalable bien étudié les zones de dévent des îles Canaries, un sacré casse-tête. La suite est un grand toboggan dans les vagues croisées, de trois à quatre mètres, dans 15 à 30 nœuds d’alizés. Les  grains bien plus forts que prévu, avec des pluies torrentielles, et les sargasses. Des surfs à 12 nœuds. Avec nos petits bateaux de 5,8 mètres, ça fait beaucoup!»

La troisième semaine, il découvre une fissure dans une barre de flèche et décide de lever le pied, voire les deux s’il le faut. «Pour être sûr de ne pas me faire rattraper, je contrôle l’écart toutes les quatre heures et adapte ma voilure, reprend-il. Plus de spi, ni de gennaker. Au plus court et au plus simple. Et puis, Antigua est là. Fantastique! C’est fait et en tête, en plus. Emotions, accueil formidable, champagne…»

Arrivé le 2 février aux Caraïbes, Renaud Stitelmann a pu faire les réparations nécessaires pour attaquer la première épreuve de ce tour du monde en solitaire avec escale. Les concurrents mettront une dizaine de jours pour rallier le Panama. Etape courte, mais pas dénuée de dangers, comme l’explique le skipper de Capucinette: «Tous les participants seront plus performants, plus aguerris. La route sera semée de pièges. D’abord, les dévents des Antilles, puis les cargos en grand nombre qui feront route vers l’embouchure, et les courants contraires en approchant le canal. Il faudra privilégier la vitesse, tout en demeurant extrêmement vigilant.»