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René Betschart s’apprête à réaliser son rêve fou
René Betschart et son "velowägeli". Photo: Muriel Ambühl

René Betschart s’apprête à réaliser son rêve fou

11 avril 2024 | Edition N°3682

Aventure - Le Tapa-Sabllia de 69 ans partira dimanche matin pour un périple de quelque 8600 km. Le but? Effectuer un aller-retour entre Yvonand et le cap Nord, tout en passant ses nuits dans le «velowägeli» qu’il a imaginé et réalisé lui-même.

La magie du cap Nord

Cela fait plus de dix ans que René Betschart envisage de réaliser un voyage «un peu dingue» à vélo, une fois à la retraite. «Au début, je voulais partir une année ou deux pour faire tout le tour de l’Europe en longeant les côtes, ce qui représente 35 000 km. Puis, au fil de mes recherches, j’ai décidé de laisser tomber le sud, parce que les routes sont moins sûres pour les cyclistes, raconte le Tapa-Sabllia. En plus, le cap Nord m’a toujours attiré, il y a quelque chose de magique.» Le Covid et une aventure d’un an à Paris au sein d’un spectacle du théâtre équestre Zingaro ont cependant repoussé son projet. Jusqu’à cette année.

 

Une solution venue en rêve

Étroitement lié à la concrétisation de son périple, le «velowägeli» est aussi un projet qui trottait dans la tête de René Betschart depuis longtemps. «Je l’avais présenté à un étudiant en ingénierie de la Haute école de Lucerne, qui avait ensuite réalisé un travail de fin d’études là-dessus en 2014. Mais je n’avais aucune idée de comment le réaliser.»

La solution lui est finalement apparue… dans un songe! «Début 2023, mes enfants commençaient un peu à se moquer de moi. Et, une nuit, j’ai rêvé de la solution. Il était 3h30 du matin, et je me suis immédiatement levé pour réaliser les croquis. J’avais peur de ne pas m’en souvenir le lendemain. C’est comme ça que j’ai entièrement conçu le velowägeli, d’abord en dessinant les plans à la main, puis en cherchant et en assemblant les pièces. Elles proviennent aussi bien du mobilier que du milieu de la navigation, explique le sexagénaire. Les roues, je les ai depuis douze ans. Ce sont les premiers éléments que j’ai achetés, parce qu’il y a des dynamos dedans, et je trouvais ça super.»

L’énergie générée en pédalant lui permettra ainsi d’alimenter les petites lampes de son vélo et de recharger ses différents appareils électroniques, tels que son téléphone et son navigateur GPS, grâce à un transformateur, en complément d’un petit panneau solaire.

De plus, une fois ouvert dans le sens de la longueur, le «velowägeli» permet à René Betschart de se coucher sous une toile soutenue par des arceaux, afin de passer la nuit au sec. Et de pouvoir replier le tout le lendemain  en assurant l’étanchéité du reste de son chargement.

 

Il pédalera sept mois seul

René Betschart roule à vélo «depuis toujours» et a déjà effectué plusieurs périples entre 900 et 1500 km, pédalant notamment de Bâle à Vienne. Le Nord-Vaudois a prévu une durée de sept mois pour son aller-retour entre Yvonand, d’où il partira dimanche matin à 9h, et le cap Nord. «Je vais couvrir une soixantaine de kilomètres par jour, pas plus, sauf si c’est un segment qui descend principalement. En faisant ça au quotidien, cela me prendrait 4,8 mois pour couvrir les quelque 8600 km totaux de mon itinéraire. Mais j’ai prévu 2,2 mois supplémentaires pour les visites, la récupération, pouvoir traîner en route et ne pas devoir lutter contre le vent les jours où les rafales sont trop fortes. Parce que je ne fais pas ça pour réaliser un exploit sportif, mais pour le plaisir.»

Le fondateur et ancien directeur de l’atelier de réinsertion professionnelle La Licorne  pédalera seul au quotidien, mais s’attend à rencontrer du monde au fil de son voyage. «J’ai vu lors de mon entraînement du week-end dernier que la bâche sur mon velowägeli poussait les gens à venir me parler. Je trouve cool de rencontrer de nouvelles personnes et, comme je suis une pipelette et que j’ai le contact facile, je ne me fais pas de souci! De plus, je pense qu’un voyage comme ça, il faut le vivre seul.»

 

L’itinéraire, dans les grandes lignes, qu’effectuera René Betschart, en pédalant jusqu’au cap Nord par l’Allemagne, la Suède et la Finlande, puis en revenant par la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas et la France, le tout entrecoupé de quelques traversées en bateau. Son aventure peut être suivie sur bbchart.travelmap.net, en sélectionnant my itinerary, puis northcape24.

 

50

C’est, en kilos, le poids du «velowägeli» que René Betschart tractera derrière lui. «C’est un prototype. Si je donne ça comme base à quelqu’un qui a les moyens, il peut l’alléger d’environ 20 kg je pense, par exemple en faisant tout en carbone. Si on y ajoute mes affaires, je suis autour des 55 kg, mais j’arrive à rouler sans problème, y compris dans des montées avec une pente jusqu’à 10%. Au-delà, je dois descendre de mon vélo et le pousser.» Le papa du capitaine du HC Yverdon Valentin Betschart et de la cavalière Joséphine Betschart a effectué une sélection finale parmi les affaires qu’il emportera, après un ultime test. «J’ai dû renoncer à une partie des repas lyophilisés que je pensais emporter. Je privilégierai donc les produits frais, que j’achèterai au jour le jour. Il faudra juste gérer les distances où il n’y aura rien à la ronde sur des dizaines, voire des centaines de kilomètres.»

 

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Soit le nombre d’harmonicas que le Tapa-Sabllia, féru de cet instrument de musique, embarque avec lui. «J’ai lu qu’il fallait faire du bruit pour éviter que les ours et les gloutons approchent quand je me repose. Donc je vais en profiter pour travailler ma technique. De plus, l’harmonica est super bon pour la respiration. Et qui sait, je sortirai peut-être un disque en rentrant», rigole René Betschart.

Muriel Ambühl