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Retour sur les 100 premiers jours de la cosyndicature rose-verte
Les Co-syndics Pierre Dessemontet et Carmen Tanner. © Michel Duperrex

Retour sur les 100 premiers jours de la cosyndicature rose-verte

7 octobre 2021

Carmen Tanner et Pierre Dessemontet ont tiré jeudi un premier bilan de leur co-syndicature, presque 100 jours après leur entrée en fonction à Yverdon-les-Bains. Les deux municipaux ont vanté les mérites de cette gouvernance en duo, même si elle suscite des crispations chez leurs adversaires politiques.

Inédite dans le canton de Vaud, cette co-syndicature ne vise pas à se partager un même poste, mais à se répartir les dossiers en fonction notamment de ses compétences. « Nous ne sommes pas interchangeables mais complémentaires. On pourrait parler de syndicature augmentée », a déclaré Pierre Dessemontet lors d’une conférence de presse.

Bien que toujours en rodage, cette gouvernance bicéphale a été mise à l’épreuve dès cet été lorsque les rives d’Yverdon ont été inondées, les co-syndics se relayant alors au sein de la cellule de crise. « C’est un bon aperçu de ce que nous voulons faire », a remarqué Carmen Tanner.

L’élue écologiste et son collègue socialiste ont aussi indiqué qu’ils avaient commencé à se répartir leurs interventions officielles en public. Un rééquilibrage a également été effectué au sein des dicastères, Carmen Tanner reprenant par exemple les Ressources humaines, jusque-là dévolues au seul syndic.

Car du point de vue formel et légal, c’est bien Pierre Dessemontet qui a hérité de l’étiquette de syndic, tandis que Carmen Tanner n’est « que » vice-syndique. La raison: la loi cantonale sur les communes ne prévoit pas la possibilité de co-syndicature.

Railleries et pressions

Pierre Dessemontet, également député, n’exclut pas à terme d’agir au niveau du Grand Conseil pour faire modifier la loi. « Je me poserai peut-être un jour la question », a-t-il dit, reconnaissant toutefois « le risque » qu’il y aurait à focaliser cette thématique sur sa seule personne.

En attendant une éventuelle évolution légale, les co-syndics doivent « travailler avec les marges » en adaptant leur titre en fonction de la situation, a reconnu Carmen Tanner. Cela occasionne toutefois « une cristallisation des tensions », certains dénonçant l’illégalité d’une co-syndicature.

L’écologiste a raconté que la présidente du Conseil communal, la Verte Judith Notter, lui avait rapporté qu’elle avait reçu « beaucoup de railleries » et même « des pressions téléphoniques » sur le fait qu’elle utilisait le terme de co-syndique.

Carmen Tanner a aussi mentionné l’exemple d’une rencontre avec un investisseur, qui était resté sourd à ses paroles et n’avait réagi que lorsque Pierre Dessemontet avait pris la parole.

Démarches semblables

Les deux municipaux ont néanmoins relevé que cette « innovation institutionnelle » était globalement bien acceptée. Et qu’elle suscitait beaucoup d’intérêt, médiatique mais aussi d’autres communes. « De nombreux collègues sont venus me questionner à ce sujet lors de l’assemblée de l’Union des villes suisses », a indiqué Carmen Tanner.

Pour Pierre Dessemontet, Yverdon n’a pas la vocation à devenir « porte-drapeau » en matière de co-syndicature. Il a toutefois remarqué plusieurs « démarches apparentées » dans le canton de Vaud. Il a cité les exemples des communes de Vuarrens, de Lonay et du Mont-sur-Lausanne, où un renforcement du poste de vice-syndic ou une organisation plus horizontale ont été entrepris.

Pour mémoire, Pierre Dessemontet et Carmen Tanner travaillent désormais à 80% au sein de la municipalité. Avant leur entrée en fonction, syndic et vice-syndic occupaient des postes à respectivement 100 et 60%.

he yverdonnoise Sarah Carp.

ATS