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Revers amers sur la production de sucre suisse
Récolte catastrophique pour Philippe Egger, comme pour tous les producteurs. © Carole Alkabes

Revers amers sur la production de sucre suisse

21 novembre 2018 | Edition N°2379

Nord vaudois – Jamais une saison n’a été aussi catastrophique pour la production de betteraves. Des problèmes météo, sanitaires et d’infrastructures en sont à l’origine. Rencontre avec un producteur.

«Si rien n’est fait pour aider les producteurs suisses de betteraves, d’ici deux ans, l’une des deux usines de fabrication du sucre suisse fermera ses portes pour ne plus jamais rouvrir. Ce sera probablement celle de Frauenfeld (TH), car Aarberg (BE) a davantage d’équipements pour traiter la mélasse. Sa situation géographique au centre du pays lui est aussi favorable.»

Ce cri d’alarme, c’est Philippe Egger, producteur à Chavornay, qui le lance. Et il connaît bien le sujet, puisqu’il est président des betteraviers de la plaine de l’Orbe, membre de l’Association des betteraviers de Suisse occidentale et de la Fédération suisse des betteraviers.

Cette année, tout semble s’être ligué contre cette culture. Les plus gros dégâts sont dus à la sécheresse. La perte de production, en raison du manque d’eau, est d’environ 30%. Ensuite, les dommages dus au syndrome des basses richesses en sucre (SBR) sont avérés. Cette maladie provoque une diminution d’environ trois à quatre points de la teneur en sucre, et on ne sait pas lutter contre. Le feuillage devient jaune et il y a moins de photosynthèse.

Des pertes énormes

Philippe Egger garde quand même le sourire. «Nous devons rester optimistes, faute de quoi le sucre européen ou mondial pourrait déferler sur la Suisse», affirme-t-il. © Carole Alkabes

Philippe Egger garde quand même le sourire. «Nous devons rester optimistes, faute de quoi le sucre européen ou mondial pourrait déferler sur la Suisse», affirme-t-il. © Carole Alkabes

C’est un petit insecte suceur, la cicadelle, qui transmet cette bactérie. Elle provoque une perte d’environ 25% de sucre à l’hectare. «Ce qui est difficile à comprendre, relève l’agriculteur, c’est que la cicadelle est présente depuis longtemps dans nos cultures. Mais elle ne transmettait pas cette bactérie. Est-ce dû à la mondialisation, ou y a-t-il d’autres facteurs? Mystère! Cette année, nous avons environ 2000 à 2500 hectares touchés sur une surface totale de 18 000  hectares en Suisse. Dans le canton de Vaud, tout le plateau est impacté.» Philippe Egger ajoute que le SBR a déjà probablement sévi en 2016, sans que quiconque ne s’en soit douté. «En 2017, nous avons eu environ 200 hectares touchés», révèle-t-il. Et d’ajouter: «En Suisse, c’est la première fois qu’il apparaît. Mais la France est concernée depuis 1991.»

Ennuis à répétition

L’Agroscope de Changins s’en préoccupe mais, à ce jour, rien n’a encore été trouvé. Il semblerait, mais c’est à confirmer, que les Allemands aient découvert une variété qui résiste à cette maladie, car ils en souffrent aussi.

Et comme si cela ne suffisait pas, la cercosporiose a frappé avec une virulence rarement observée. Cette maladie foliaire entraîne, en cas d’attaque sévère, la destruction totale du feuillage des plants.

«Nous avons tout eu cette année, se lamente Philippe Egger. Nous devons malgré tout rester optimistes, faute de quoi le sucre européen ou mondial pourrait déferler sur la Suisse.»

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Dominique Suter