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Rideau sur trente ans de boucherie

18 décembre 2015

Yverdon-les-Bains – Les Meylan ont rendu leur tablier après avoir officié plusieurs décennies dans leur commerce de la rue de Clendy et dans les marchés de la région. Rencontre.

Bernard et Joëlle Meylan cultivent, aujourd’hui, «le bonheur de ne rien faire» après le quotidien éprouvant de la boucherie. © Michel Duperrex

Bernard et Joëlle Meylan cultivent, aujourd’hui, «le bonheur de ne rien faire» après le quotidien éprouvant de la boucherie.

Le petit monde des commerçants yverdonnois est orphelin, depuis le 28 novembre dernier, de deux de ses figures: Joëlle et Bernard Meylan, les patrons de la boucherie du même nom.

Pour l’occasion, ce couple, très attachant et pudique lorsqu’il s’agit de parler de sa trajectoire personnelle, revient sur trente ans de souvenirs que la retraite ne parviendra sans doute pas à rassir. Trente ans. Une belle longévité, n’en déplaise aux sceptiques, dont faisait partie Joëlle au moment de découvrir son nouveau fief. «La première fois que je suis venue à la rue de Clendy, j’avais l’impression qu’il allait neiger. J’ai trouvé le quartier tout vieux. Les gens nous disaient que nous étions courageux», commente-t-elle.

«Mon oncle, un ancien boucher, avait repris les locaux qui étaient, avant, une succursale de la boucherie Robellaz. Il m’a parlé de cette opportunité et nous avons démarré le 1er février 1986», déclare son mari.

Le parcours de Bernard Meylan dans le métier a débuté à Baulmes, aux côtés de son père. L’idylle avec son épouse, également. «J’ai quitté la France pour poser mes valises au restaurant du village. Les autres jeunes du coin venaient me chercher le samedi après le service, pour aller dans les bals», se souvient-elle.

De retour dans la région après que Bernard Meylan a travaillé près de vingt ans comme employé dans une grande boucherie à Territet, le couple s’est lancé corps et âme dans son nouveau défi. Joëlle Meylan s’est formée sur le tas à la profession. Son mari a appris les techniques pour travailler, dans la lignée de son oncle, la viande de cheval.

«Nous avions à coeur de constamment innover, par exemple en proposant des brochettes avec des marinades spéciales», relève Joëlle Meylan.

Le marché pour s’en sortir

Dans les années 90, le couple investit dans un camion, misant sur le marché -à Yverdon, mais aussi dans d’autres localités de la région- pour survivre. C’est le point de départ d’une formidable aventure humaine. «A Grandson, je tutoyais la moitié de mes clients. Une dame m’a écrit que j’avais évité à pas mal de personnes des heures chez le psychologue», s’amuse-t-elle.

Après des adieux émouvants à leurs fidèles clients, les jeunes retraités établis à Yvonand éprouvent «le bonheur de ne rien faire», profitant de leur famille et des petits plaisirs de la vie. «C’est la première fois, depuis 30 ans, que je fais des biscuits de Noël», relève, par exemple, Joëlle Meylan.

 

Le camion accueille une nouvelle passagère

© Michel DuperrexLe véhicule des Meylan continuera à sillonner les marchés avec, à son volant, une autre conductrice de la région. Jeanne Froidevaux, domiciliée à Gressy, a décidé de se consacrer entièrement à une activité qu’elle pratique depuis plus de dix ans: la fabrication de crêpes. Rebaptisé «La Grignotine», le camion dont elle a hérité, hier, lui permettra d’en proposer, et d’étoffer petit à petit son offre, par exemple au travers de menus à midi, le tout estampillé bio. «Je veux aussi faire passer un message. La défense de la cause environnementale est très importante pour moi», commente-t-elle. Son concept, «Crêpes gourmandes», qui a récolté 13 000 francs sur une plateforme de financement participatif, sera à découvrir à la foire d’Yverdon, les derniers mardis de chaque mois.

Ludovic Pillonel