Rio, celui qui réchauffe les cœurs
29 janvier 2025 | Textes: Maude Benoit | Photos: Michel DuperrexEdition N°3880
La compagnie des chiens a un véritable effet thérapeutique sur les individus. Immersion à l’EMS de Corcelles-près-Concise où le Westie Rio donne le sourire aux résidents.
Les liens forts qui unissent l’homme et le chien sont forts. Mais cette connexion spéciale peut également apporter une aide supplémentaire, notamment dans le cadre de la thérapie assistée par l’animal, aussi appelée zoothérapie. C’est une méthode qui consiste à soigner les maux par la proximité des animaux. Une pratique dont les bienfaits sont corroborés par de nombreuses études scientifiques.
Ainsi, cette forme de thérapie est souvent mise en place dans les établissements médico-sociaux, dans les institutions pour handicapés physiques et mentaux, dans les hôpitaux, et notamment dans les unités de soins palliatifs, et même dans les établissements pénitentiaires.
«Chien de Cœur» est l’une des associations qui encadrent la pratique. Active dans les cantons romands et le Jura bernois, elle compte actuellement 53 équipes. Parmi elles, se trouvent Céline Gomez-Girard, responsable de l’animation à l’EMS du Château de Corcelles-près-Concise, et son petit chien Rio. C’est d’ailleurs dans cet EMS que Rio déambule, en se faisant câliner par les résidents depuis environ deux ans et demi.
Donner le sourire
Quand Rio entre dans la pièce, les visages s’illuminent. Heureux de l’attention qu’il reçoit, il prend son rôle très à cœur. Une fois proche d’un ou d’une résidente et le contact établi par un regard, il se laisse caresser. Les résidents sont enchantés de sa présence. «Il est vraiment adorable et m’apporte beaucoup de bonheur», témoigne une résidente. Et une de ses camarades d’ajouter: «Il est beau et bien élevé.» Quand Rio n’est pas présent, son absence est tout de suite remarquée.
Mais Rio ne passe jamais la journée complète avec les seniors. Ce serait trop fatigant pour lui. Ainsi, il passe généralement dire bonjour le matin et en fin d’après-midi. En fonction du moment, il sait très bien s’adapter à l’humeur des résidents. Le matin, il est joyeusement accueilli. Rio en profite alors pour être plus vif. En revanche, en fin de journée, il apaise les personnes âgées qui sont parfois touchées par le syndrome de la nuit tombante, ce qui les rend plus sensibles et désorientées.
Savoir poser ses limites
De temps à autre, Rio bâille ou se lèche les pattes. «Ces gestes sont des stratégies d’évitement, explique Céline Gomez-Girard. Cela démontre qu’il est capable de prendre de la distance avec les émotions qu’il reçoit. Sinon, il serait submergé.»
Ainsi, tous les soirs, Céline Gomez-Girard et Rio font une longue promenade pour que le petit chien puisse se décharger émotionnellement. De plus, chez lui, il a une autre laisse, lui indiquant qu’il a bien changé de lieu. «Mais il le sait très bien», sourit la responsable de la médiation.
Membre à part entière
Rio est très apprécié à l’EMS, que ce soit par les résidents, mais aussi par le personnel qui prend plaisir à choyer le petit chien. Traitement de faveur, il reçoit même une croquette par jour dans le bureau du directeur.
Les jours où il doit se rendre à l’EMS, Rio ne tient pas en place. Si d’aventure Céline Gomez-Girard voudrait faire un petit tour par les vignes et se promener avant d’aller travailler, Rio ne se laisse pas faire et veut tout de suite rejoindre les résidents.
Et quand la responsable de l’animation est en séance, Rio va se poser sur les pieds de tous les intervenants. «C’est vraiment un animal très sociable», conclut-elle en souriant.
Des chiens et des humains
«Chien de Cœur» est une association à but non lucratif qui vise à «donner du bonheur par les chiens», comme l’explique Daniel Pittolaz, président de l’association depuis huit ans. L’association a aussi pour objectif d’encadrer les duos de chiens thérapeutes et leur maître. Car ça ne s’improvise pas !
«Il faut d’abord évaluer les chiens, pour voir si le caractère de l’animal correspond à la tâche. Certains ne sont simplement pas faits pour ça», explique le président.
Mis en situation, les chiens passent alors sous les yeux attentifs des responsables des tests de l’association. Si le chien est sélectionné pour la formation, lui et son maître devront suivre trois jours de cours. Un ou une comportementaliste pour chien sera même sur place afin d’enseigner les bonnes pratiques. «J’ai pu apprendre les bons gestes à adopter, que ce soit pour les résidents ou pour mon chien, témoigne Céline Gomez-Girard. De plus, ces cours sont très sociaux. Cela nous permet de rencontrer d’autres maîtres et de renforcer le lien avec notre chien.»
De la théorie à la pratique
Dès que la formation est terminée, les duos sont attribués à un établissement dans leur région. Une fois lié à une structure, le chien ne change pas. Ainsi, les résidents, autant que l’animal, ne sont pas déstabilisés par des changements trop fréquents.
Les chiens se rendent en moyenne deux fois par mois dans les établissements. Peu contraignant pour le maître, cela permet également à l’animal de pouvoir pleinement récupérer émotionnellement après chaque visite. «Ce sont de véritables éponges émotionnelles», ajoute Daniel Pittolaz. Rio fait exception, mais il ne reste que des moments avec les résidents, et pas tout un après-midi.
Pour des mesures de sécurité, les chiens ne vont jamais sur les genoux des résidents ou des patients, ceci évite que les petites griffes ne leur fassent mal. «Dans les rares cas où les chiens vont dans le lit du patient, on leur met des petits chaussons», explique le président de l’association.
Des effets réels
Les effets des chiens de thérapie ne sont plus à démontrer. En plus de Rio, les exemples ne tarissent pas. Daniel Pittolaz nous fait part d’une histoire qu’il a lui-même vécue. «En visite aux soins palliatifs, j’ai amené mon chien auprès d’une patiente. Muni de ses petits chaussons, mon chien a pu aller dans le lit auprès de la personne. Celle-ci a ouvert les yeux et souri. L’aide-soignant présent, surpris, m’a alors appris qu’avant cet instant, cela faisait près de quatre jours que la patiente n’avait pas ouvert les yeux.»