Ruben Ramchurn veut rejoindre l’exécutif
5 décembre 2024 | Textes: J.-Ph. Presse-Wenger | Photo: Michel DuperrexEdition N°3846
L’indépendant a finalement décidé de se lancer dans la course à la Municipalité. Avec des ambitions affichées.
C’est finalement sans grande surprise que Ruben Ramchurn annonçait la semaine dernière dans les colonnes de Blick qu’il serait candidat à la Municipalité d’Yverdon-les-Bains. Le conseiller communal indépendant de 42 ans rejoint ainsi le socialiste Julien Wicki, candidat choisi par la gauche, pour l’élection complémentaire prévue le 9 février prochain.
Actif depuis de nombreuses années dans la politique yverdonnoise, que ce soit au sein de l’UDC ou comme indépendant aujourd’hui, l’ancien directeur d’EMS n’y va jamais avec le dos de la cuillère. Lorsqu’un sujet l’intéresse, il s’y consacre pleinement, en utilisant d’une part les outils classiques à disposition dans le cadre du Conseil communal, et d’autre part les réseaux sociaux. Ses nombreuses vidéos dénonçant le deal de rue à Yverdon-les-Bains lui ont valu une exposition médiatique au niveau romand, et une nouvelle notoriété digitale.
Rechercher le consensus?
Son style à la limite, voire parfois au-delà des usages ne laisse personne indifférent. Certains y voient une nouvelle façon salutaire de secouer l’ordre établi, d’autres y décèlent l’incarnation diabolique d’une dérive trumpiste. Toujours est-il que sa façon de faire plonge avant tout ses racines dans la contestation et plus rarement dans la recherche du dialogue. Pourtant, le travail au sein d’un exécutif doit plutôt tourner autour de la négociation de consensus. Confronté à cet état de fait, Ruben Ramchurn se dit tout à fait capable de relever ce défi. «Les gens ne le savent peut-être pas, mais lors de mon travail au sein des diverses commissions, j’ai souvent réussi à construire des majorités, plaide-t-il. Mais je reste un négociateur coriace, c’est certain. Que ce soit dans un collège exécutif ou pas.»
Lorsqu’on évoque ses ambitions dans la course au siège laissé vacant par la disparition de Jean-Claude Ruchet, Ruben Ramchurn admet sans fausse modestie qu’il se lance avec confiance dans la campagne qui promet d’être intense: «Au final, au soir du 9 février, les gagnants seront avant tout les Yverdonnois qui auront pu faire leur choix entre les différents candidats présentés. S’ils devaient choisir de me renvoyer poursuivre mes projets à l’Ile Maurice, plutôt que de me confier un siège à la Municipalité, et bien le choix sera clair!»
Nouveaux soutiens
Sans le soutien ni l’infrastructure d’un parti établi, Ruben Ramchurn devra cravacher pour tenir le rythme face au candidat socialiste et au futur ou à la future candidat·e de la droite unie (PLR-UDC-Verts libéraux). Serein malgré la situation, il fonde ses espoirs avant tout sur les nombreux encouragements personnels reçus dernièrement. «Depuis quelque temps, je vois de plus en plus de gens que je ne connais pas qui m’abordent et m’encouragent à poursuivre mon travail, détaille-t-il. Et ces gens sont souvent des personnes qui ont perdu l’habitude de voter. C’est ce nouvel engouement qui m’a finalement convaincu de me lancer dans la course à la Municipalité. Je sens que les gens sont prêts à un changement.»
«Il faut se reconnecter à la population»
Rencontré mardi, Ruben Ramchurn estime qu’il peut devenir un élément déterminant pour «reconnecter la politique communale à la population». Selon lui, le collège actuel se borne «à écouter les habitants uniquement lors de sondages qu’il lance lui-même». Le candidat indépendant cite notamment l’exemple de l’arborisation de la place Pestalozzi. «J’ai vraiment l’impression que l’équipe actuelle, contrairement à certaines municipalités passées, ne partage pas, poursuit Ruben Ramchurn. Les élus actuels travaillent plus pour imposer les vues de leur camp politique plutôt que de véritablement travailler pour le compte de la population yverdonnoise. Et j’aimerais que cela change. Le fait de n’être affilié à aucun parti m’offre la liberté nécessaire pour y parvenir.»
Un point qui pourrait desservir le nouveau candidat: ses démêlés avec la justice. Bien qu’il ne cache rien des plaintes qui ont été déposées contre lui, les conséquences de ces actions pourraient éventuellement lui porter préjudice. Incitation à la haine raciale, diffamation ou encore calomnie dans l’affaire liée à l’ancienne directrice d’Y-Parc, la liste ne fait effectivement pas vraiment rêver. Pourtant, Ruben Ramchurn continue de se dire «serein et présumé innocent». Il rappelle qu’il a systématiquement fait recours dans les récentes affaires et qu’il se réjouit de pouvoir exposer sa vision des faits devant les tribunaux.
«J’avais pensé déposer des plaintes en retour, mais finalement je me suis ravisé, avoue-t-il. En prenant un peu de distance avec cela, j’aimerais avant tout garder les discussions dans le cadre de la campagne hors du terrain judiciaire, et ferrailler dans un climat loyal, sur des idées, et uniquement sur le plan politique.»