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Saint-Maurice – Une crèche de l’Avent montée par deux faiseurs de rêves

21 novembre 2019 | Edition N°2629

Pour la dixième année consécutive, Maurice Bianchi et Crea Calame travaillent comme des forcenés pour arriver à finaliser à temps leur crèche monumentale. Elle ouvrira ses portes dans l’Abbatiale de Saint-Maurice, le 30 novembre.

Pénombre, odeur d’huiles essentielles, petit bruit d’eau et cliquetis des ailes du moulin qui tournent… Une atmosphère très particulière habite l’Abbaye de Saint-Maurice. C’est en son sein que l’Yverdonnoise Crea Calame et le Chaux-de-Fonnier Maurice Bianchi ont été invités à installer leur Crèche des cinq sens. Les figurines en terre cuite sont façonnées par un artisan sicilien. Mais le reste des décorations et aménagements sont entièrement confectionnés par les deux amis d’enfance, avec une minutie inouïe.

Maurice Bianchi à l’origine de cette idée

Chaque année, depuis 2009, ils recréent un village sicilien du XVIIe siècle à l’échelle 1:9.  Mais c’est Maurice Bianchi qui en est l’initiateur. Dès 2003, après avoir acheté ses premiers santons sur un marché en Italie, il a commencé à monter sa crèche, chez lui. Si cette année, c’est la commune valaisanne qui a l’honneur de leur exposition, l’église Saint-Pierre à Yverdon-les-Bains a eu ce plaisir à deux reprises en 2010 et 2011, l’église du Sacré-Cœur à Ouchy en 2017 et même la cathédrale de Lausanne en 2012. Avant qu’elle ne brûle, ils ont refusé une requête de la cathédrale Notre-Dame de Paris, «parce qu’il y avait trop de contraintes en lien avec la sécurité du site», relève Crea. Bien qu’ils passent plusieurs centaines d’heures à monter une à une les échoppes, maisons et autres stands de marché, en adaptant le village à chaque site, le plaisir est leur unique salaire. «Notre paie, ce sont les larmes d’émotion que certains visiteurs lâchent, les étoiles dans les yeux des enfants et les remerciements sincères que l’on nous adresse», lancent-ils en chœur. Cette année, leur travail a démarré le 12 octobre.

Avec sa fougue bien méditerranéenne, Crea, qui est formatrice en catéchisme à la paroisse catholique Saint-Pierre à Yverdon-les-Bains, profite de cette exposition pour narrer la vie de Jésus aux enfants. «Tout le monde a le droit de toucher à tout. Certaines figurines sont collées, mais pas toutes. Une fois, un enfant avait déplacé une des brebis du troupeau. Nous pensions qu’elle avait été volée. Mais nous l’avons retrouvée le soir de Noël vers la crèche. Depuis, nous faisons attention à ne pas toutes les coller, de manière à ce que notre brebis vagabonde puisse se balader au gré de ses envies!» Toutes les décorations sont à l’échelle. «Chez l’horloger, nous avons placé une horloge qui fonctionne. Elle avance, car elle est à l’heure de Bethléem. De même, le petit puits fonctionne: il suffit de tourner la manivelle pour descendre le seau», confient les deux faiseurs de rêve. Ils rient sans cesse et semblent s’amuser autant que les enfants.

L’histoire du christianisme

Joseph et Marie, enceinte et juchée sur son âne, n’apparaîtront que le 8 décembre. Ils vont aller de maison en maison, à la recherche d’un logement. Joseph sera vu accoudé au bar de l’auberge. Ce n’est que le 24 décembre qu’ils atteindront l’étable de la Nativité. Lors de la messe de minuit, l’évêque de l’Abbaye, Monseigneur Jean Scarcella, mettra l’enfant Jésus dans la crèche. Dès le lendemain, les Rois Mages apparaîtront et avanceront gentiment jusqu’au 6 janvier, pour apporter leurs présents. «Une amie qui s’est rendue en Terre Sainte m’a ramené un tout petit carré de myrrhe. J’étais ravie de pouvoir le glisser dans les bras de Balthazar», poursuit Crea. Les Rois repartiront le 12 janvier. Puis le 19 janvier, le démontage commencera. «Nous avons un rituel avant de commencer à tout démonter, explique Crea. Nous allumons le chandelier à six branches de la taverne. Nous faisons une prière pour rendre grâce. Pendant ce temps, les bougies se consument. Lorsqu’elle sont éteintes, nous allumons toutes les lumières et commençons à démonter. L’année dernière, au terme de ce rituel, alors que nous ouvrions la porte, un pigeon cravaté blanc est entré dans l’église. Il y est resté une semaine.»

Cette année, 700 personnages (ils en possèdent un millier) composent le village. En tout, ce sont sept tonnes de matériel qui ont été transportées par camion pour une exposition de 120 m2. Les moines ont pris en charge les frais de transport et les scouts d’Europe ont assumé le déchargement. Et ce n’est pourtant pas la plus grande exposition qu’on leur doit. En 2016, sur le site clunisien de Morteau, en France voisine, les deux compères ont travaillé près d’un an pour monter un village de 350 m2. Ils ont tissé des liens très forts avec cette paroisse. Et pour leur plus grande joie, le pape François en personne les a encouragés par courrier à continuer cette action.


Ouvert du 30 novembre au 19 janvier tous les jours de 10h à 18h, dès 11h le dimanche et fermé pendant les offices religieux.

Dominique Suter