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Elle s’emballe pour la cause des abeilles

27 octobre 2017 | Edition N°2111

Yverdon-les-Bains – A travers sa start-up et ses couvercles à base de cire d’abeilles, Nathalie Lafosse se bat pour sauver les pollinisateurs. Une lutte qui vient d’être récompensée.

Nathalie Lafosse a travaillé jour et nuit, ces dernières semaines, pour lancer son nouveau projet de couvercle alimentaire écologique, le beeswrap. ©DR

Nathalie Lafosse a travaillé jour et nuit, ces dernières semaines, pour lancer son nouveau projet de couvercle alimentaire écologique, le beeswrap.

Aux premiers abords, Mireille semble avoir une belle vie : elle ne travaille qu’en été et son job, c’est de se balader autour de la maison, de regarder les fleurs et de mettre son nez dedans quand celles-ci lui plaisent. Mireille, c’est la petite abeille que Nathalie Lafosse a créée pour sensibiliser le public à la disparition des pollinisateurs dans le monde. Car, en réalité, ces ouvrières disparaissent à vue d’oeil. Alors, avec sa start-up Merci les abeilles, fondée en juin dernier et basée à l’espace de coworking Blue Lab, à Yverdon-les-Bains, elle vient de lancer un produit pour redonner de l’importance à ses bêtes. Et, le week-end dernier, elle a été sacrée «Top Innovator» au Good Festival, qui s’est déroulé à Lausanne.

 

Des USA au Nord vaudois

 

Nathalie Lafosse a gagné ce titre grâce à son concept de «beeswrap» local. Si ce nom ne vous dit rien, c’est certainement parce que cette invention, née aux Etats-Unis, n’est pas connue dans la région. Il s’agit d’une alternative écologique, réutilisable et compostable au film alimentaire ou à l’aluminium. «Concrètement, c’est un tissu imprégné d’un mélange à base de cire d’abeilles qui se pose directement sur un plat ou sur un produit, afin de le conserver plus longtemps et de façon plus saine, assure-t-elle. Si les abeilles utilisent leur cire pour conserver leur nectar, ce n’est pas pour rien. C’est parce qu’elle possède des propriétés antimicrobiennes et antibactériennes.»

Admirative devant cette invention américaine, l’entrepreneuse a souhaité importer l’idée dans le Nord vaudois et la produire avec des matériaux de la région. Pour le tissu, elle compte utiliser du lin, de l’ortie et du chanvre. Quant à la cire d’abeille, c’est une autre paire de manche: «J’ai mis des mois avant de trouver la bonne formule et je dois encore travailler avec un chimiste pour la perfectionner.»

Aujourd’hui, cette habitante de Chesalles-sur-Oron (VD) travaille sur des prototypes, qu’elle espère pouvoir commercialiser au cours du premier semestre 2018. Prochaine étape: les tests en laboratoire, afin de décrocher l’autorisation de vente sur les marchés suisse et européen. Mais cela coûte cher. Alors, depuis quinze jours, elle se donne corps et âme pour récolter des fonds. Elle vient, d’ailleurs, de lancer un crowdfunding (financement participatif) sur son site Internet (https://mercilesabeilles.com), et souhaite obtenir 50 000 francs d’ici à la fin de l’année. «J’aimerais prouver que même en étant seule, on peut se battre pour une cause à laquelle on croit et lancer un produit utile et bénéfique pour tout le monde», martèle-t-elle.

 

Impliquer tout le monde

 

En parallèle, Nathalie Lafosse veut expliquer aux gens comment fabriquer leur propre beeswrap en achetant des packs, composés du fameux tissu et d’un mélange de cire et huile d’olive à faire fondre. «Mon but est de permettre aux consommateurs d’utiliser un produit sûr, car, aujourd’hui, on trouve de tout sur Internet, témoigne celle qui a testé plusieurs tutoriels sur Youtube avant de mettre au point sa propre méthode. Mais il faut faire attention parce qu’on ne peut pas mettre n’importe quel tissu ou mélange en contact avec des aliments.»

Elle compte également apprendre sa technique aux apiculteurs et leur offrir son innovation, afin qu’ils deviennent des sortes d’ambassadeurs de Merci les abeilles. «C’est aussi pour leur procurer une nouvelle source de revenus et, donc, de créer plus de ruches pour protéger plus d’abeilles», conclut-elle.

Retrouvez le crowdfunding de Nathalie Lafosse sur son site: https://mercilesabeilles.com.

 

Sensibiliser le public

 

«D’après mes recherches, j’ai découvert qu’en seulement trente ans, 80% des insectes ont disparu de la surface de la terre, alors qu’ils étaient là bien avant nous, explique-t-elle, les larmes aux yeux. Ils meurent à cause de trois facteurs : la pollution, les pesticides et les changements climatiques.

Il faudra du temps pour évincer les produits chimiques et il est peut-être déjà trop tard pour le réchauffement. En revanche, chacun peut entreprendre des actions concrètes, simples et efficaces pour limiter la pollution et les déchets.» C’est pourquoi, elle a notamment l’intention d’organiser des ateliers sur le zéro déchet et sur la création de ruches.

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Christelle Maillard