Sentiments mitigés
3 mars 2025 | Textes: J.-Ph. Pressl-Wenger | Photos: Gabriel LadoEdition N°3903
Satisfait de sa campagne et de son score, Ruben Ramchurn regrette le manque de soutien de la droite traditionnelle.
Autant le dire tout de suite, le ton de sa campagne a d’abord surpris. Mais elle s’est avérée efficace, juste pas assez pour ravir le siège municipal au parti socialiste. «Je suis très heureux de cette campagne, très heureux d’avoir fait un tel score face à l’armée que j’avais en face, a commenté l’indépendant, une fois de retour dans son stamm. Les Yverdonnois ont pu se prononcer.» Au moment de l’analyse à chaud, le fondateur du parti Yverdon pour Tous, à son habitude, ne prend pas de gants: «Ce qu’il m’a manqué, finalement, c’est le soutien des partis de la droite. La victoire de la gauche aujourd’hui leur appartient quelque part, a-t-il ajouté. Personnellement, j’ai fait le maximum et je remercie tous les gens qui ont voté pour moi.»
Au moment d’évoquer le climat délétère de la campagne, particulièrement au deuxième tour, le conseiller communal est resté silencieux sur certains de ses soutiens ayant dépassé les bornes et a préféré pointer du doigt le camp adverse: «Je pense que la campagne a vraiment été trop loin dès le moment où la Municipalité s’en est mêlée, a-t-il grondé. Une Municipalité qui devrait être neutre dans ce genre de campagne. En Suisse, ce ne sont pas les gouvernements qui choisissent leur propre équipe, c’est le peuple. Une Municipalité devrait s’abstenir d’intervenir. La campagne a aussi dérapé lorsque l’on a commencé à balancer toutes sortes de mensonges contre moi.»
Au final, on retiendra que les sujets de campagne soulevés par le candidat Ramchurn avaient souvent tout leur sens. Toutefois, la manière de les rendre visibles sur le terrain médiatique ou politique peut laisser penser que dans le futur la forme devra être revue s’il entend convaincre un électorat plus large.
Le score réalisé par Ruben Ramchurn va obliger les forces en présence à compter avec les thèmes mis sur le tapis durant cette campagne houleuse. «C’est sûr que pour la Municipalité, c’est une victoire qu’il va falloir assumer, a encore analysé l’indépendant. Il faudra vraiment écouter les gens en colère dans les années à venir, le collège sera encore plus scruté. Et en 2026, je serai là.»
Réactions mitigées des partis de droite
Maximilien Bernhard, président du PLRY: «Je constate que l’écart entre les deux candidats s’est maintenu entre les deux tours, il y a eu un fort taux de participation, ce n’est pas souvent que l’on voit un tel taux sur un deuxième tour. La population a décidé de trancher en faveur du candidat socialiste, on en prend acte. Nous allons nous préparer pour 2026.
Donner ou pas de consigne de vote pour le deuxième tour nous a taraudé l’esprit au soir des résultats du premier tour. On ne se reconnaissait dans aucun des deux candidats encore en lice. Force est de constater qu’une partie des voix de notre candidat (ndlr: Gildo Dall’Aglio) se sont probablement reportées sur le candidat Ramchurn et une partie, moindre, dans le but de faire barrage, s’est reportée sur le candidat socialiste.»
Pierre-Henri Meystre, président des Vert’libéraux: «C’est un soulagement par rapport à la fin de cette campagne qui va peut-être un peu apaiser l’ambiance générale. A l’exception peut-être de certains objets qui seront débattus au Conseil communal. Maintenant, il n’y a pas de réelle surprise, Julien Wicki était le favori et il a gagné, même si le score reste quand même assez serré. Cela constitue un signal important pour 2026.»
Sophie Pistoia-Grosset, présidente de l’UDC Yverdon: «J’imaginais que Ruben Ramchurn avait les moyens de remporter cette élection. Manifestement, sa personnalité clivante et le climat de violence autour de sa candidature ont dû le desservir. C’est peut-être ce qui a fait que certaines personnalités de droite n’ont pas osé voter pour lui. Aujourd’hui, il s’agit de remobiliser les troupes pour les échéances à venir, principalement les générales de 2026 pour lesquelles l’objectif actuel reste une entente des partis de droite, dans laquelle on trouvera des candidats UDC avec des profils forts.»