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Séparés par 59 ans, unis par le même dévouement
Carmen Conod et Henri Wiser. © Michel Duperrex

Séparés par 59 ans, unis par le même dévouement

4 mars 2021

L’amour de sa Commune n’a pas d’âge. C’est du moins ce que veulent défendre Henri Wiser et Carmen Conod, respectivement le plus âgé et la plus jeune des candidats du district aux élections communales de ce dimanche.

L’un a 78 ans et il est syndic d’Ursins. L’autre a 19 ans et se présente, forcément, à sa première élection à Baulmes. A priori, rien ne réunit la plus jeune candidate du district et son homologue le plus âgé. Et pourtant, Henri Wiser et Carmen Conod partagent une même envie de s’engager pour leur commune. Mais aussi un véritable respect pour le dévouement de l’autre. Interview croisée de deux candidats pas si opposés.

Henri Wiser, vous être syndic d’Ursins depuis cinq ans. Quand vous voyez l’engagement de Carmen Conod, comment est-ce que vous réagissez?

Henri Wiser (HW): C’est ce qui devrait se passer partout! On le voit bien aujourd’hui, ceux qui portent les projets du futur, qui manifestent pour le climat, ce sont les jeunes. Nous avons aussi vécu ça dans ma jeunesse, mais c’était différent, donc pas franchement comparable, car on sortait de la guerre.

Mais tout de même, à 19 ans, n’est-on pas un peu trop jeune pour diriger un Exécutif?
HW: Je ne pense pas qu’il faut vraiment craindre l’inexpérience. Ce que j’ai appris durant cette législature, c’est que l’expérience s’acquiert sur le tas. Si la motivation est sincère, et cela semble être le cas chez Mme Conod, alors l’essentiel y est. Et vous savez, je ne possédais moi-même aucune expérience lorsque je me suis présenté il y a cinq ans.

Carmen Conod (CC): Je dois dire que ça me fait plaisir d’entendre M. Wiser dire que je ne suis pas trop jeune pour me présenter! Mon expérience en tant que présidente du Conseil des Jeunes d’Yverdon et membre de la Commission de jeunes du canton de Vaud m’a montré que tout le monde n’a pas cette ouverture.

Et vous, Carmen Conod, vous vous voyez vous présenter pour votre Commune à 78 ans, comme le fait Henri Wiser?

CC: Je ne suis déjà pas sûre de ce que je vais faire après mes études, donc c’est un peu tôt pour y penser (rires)! Plus sérieusement, je trouve que c’est vraiment une bonne façon d’utiliser le temps libre que l’on a lorsque l’on arrive à la retraite. Et si je suis pour que des jeunes accèdent à des Exécutifs, il est aussi important que des personnes avec de l’expérience soient là. Mais je suis d’accord avec M. Wiser: ce qui compte avant tout, c’est la motivation.

Justement, Henri Wiser, en parlant de motivation… qu’est-ce qui vous a poussé à vous présenter?

HW: Je suis arrivé dans la commune il y a une quinzaine d’années, après une carrière de médecin, ailleurs dans le canton. J’ai toujours été intéressé par la politique communale et j’ai fait partie du Conseil général. C’est vraiment là le cœur de notre démocratie, un endroit où les habitants peuvent directement exprimer leurs opinions, sans intermédiaire. C’est notamment pour défendre notre Conseil que je me suis opposé à la fusion (ndlr: entre les villages de Cronay, Pomy, Cuarny, Ursins et Valeyres-sous-Ursins, qui a finalement échoué). Or, comme l’un des arguments des pro-fusion était de dire qu’il n’y avait pas assez de candidats pour l’Exécutif, il était normal pour moi de me présenter. Et aujourd’hui, j’aime beaucoup ce poste, notamment grâce à la bonne ambiance qui règne au sein de la Municipalité. Il y a aussi des projets que l’on veut continuer à développer. Si je me représente, c’est pour tout un ensemble de raisons.

Carmen Conod, malgré votre jeune âge, vous êtes déjà très impliquée au niveau politique, à la fois à Yverdon et à Lausanne. Vous engager était une évidence?

CC: Pas forcément. D’ailleurs, j’étais d’abord uniquement candidate pour le Conseil communal. Mais j’aime beaucoup découvrir de nouvelles choses et j’ai déjà pas mal d’expérience avec une Municipalité… mais de l’autre côté du spectre. En effet, comme présidente du Conseil des Jeunes d’Yverdon, j’ai souvent été confrontée au refus ou au soutien d’un projet que je portais. Cela m’intéresserait donc d’être aussi du côté de ceux qui décident si tel ou tel projet peut être mis en valeur ou non. Ensuite, il était aussi important pour moi de défendre une certaine représentativité. Donner de la valeur à la voix des femmes et des jeunes est un thème qui me tient à cœur. Or on est toujours mieux représenté par soi-même.

HW: Je suis Mme Conod dans son raisonnement. D’ailleurs, je l’ai moi-même vécu. Cette représentativité est importante, et elle l’est pour toutes les tranches d’âge. Les attentes des plus jeunes comme des plus âgés doivent être prises en considération par une Municipalité. Lorsqu’on arrête de travailler, c’est très dur, on se demande si on a encore notre place dans la société. Le rôle d’un Exécutif, c’est justement de se préoccuper des besoins de toute sa population.

Au moment de vous présenter, avez-vous réfléchi aux réactions que vos âges respectifs pourraient susciter?

HW: Je ne me suis pas demandé «est-ce bien raisonnable à ton âge?», non. Ce sont les habitants d’Ursins qui décideront si c’est le cas ou non. En revanche, ce que je me suis dit, c’est que je voulais aller de l’avant et terminer des projets débutés durant cette législature. Et surtout, je me suis dit que j’aimais beaucoup ce travail. On est proche des gens et au cœur de leurs préoccupations.

CC: C’est un peu pareil pour moi. Personnellement, je ne me suis pas posé la question, mais d’autres personnes l’ont fait. Je ne pense pas que mon âge soit un véritable «problème», il s’agit plutôt d’expérience. Mais effectivement, si je suis élue, je devrai peut-être plus prouver que je suis plus compétente qu’un candidat qui a vingt ans de plus que moi.

 

A Ursins, le pari de la continuité

 

Comme à son habitude, le village devrait connaître un dimanche d’élections assez calme, puisque seuls les cinq sortants ont annoncé leur intérêt pour la Municipalité.

Les cinq candidats sortants
Henri Wiser, syndic sortant
Patrick Marrel, municipal sortant
Grégory Bréchon, municipal sortant
Jean-Yves Cruchet, municipal sortant
Isabelle Gachet, municipal sortant

 

A Baulmes, une élection plus agitée que prévu

 

Il y a eu l’affaire de la liste séparée en deux, qui a beaucoup fait parler en début de campagne. Mais il y a surtout ces onze prétendants, qui font de cette élection une des plus mouvementée qu’a connu Baulmes.

Les onze candidats, tous sur la liste 1

Julien Cuérel, syndic sortant
Jacques-Yves Deriaz, municipal sortant
Olivier Mettraux, municipal sortant
Thierry Lacroix, municipal sortant
Jacques Balmat, nouveau
Patricia Chambettaz, nouvelle
Fabienne Liechti, nouvelle
Steve Deriaz, nouveau
Anne-Laure Duperrex, nouvelle
Nadine Perusset, nouvelle
Carmen Conod, nouvelle

Massimo Greco