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«Si ce n’est  pas parfait,  je recommence»
C'est dans son petit atelier situé sous le toit de la maison familiale que Chloé Rochat fabrique toutes ses pièces 100% faites main. © Michel Duperrex

«Si ce n’est pas parfait, je recommence»

16 novembre 2023

Règles - Chocs toxiques, montagnes de déchets… Chloé Rochat a dit stop aux protections menstruelles jetables en y remédiant radicalement: à 24 ans, elle commercialise sa propre lingerie menstruelle, 100% faite main à Concise.

Les protections menstruelles jetables font parler d’elles depuis quelques années. Et pas qu’en bien. Pour des raisons de santé et de protection de l’environnement, l’utilisation de tampons et de serviettes a été écartée par certaines femmes.

Chloé Rochat a ressenti le même désarroi que de nombreuses femmes qui ne savent plus vers quelle protection se tourner. Un besoin nécessaire aujourd’hui afin de continuer à vivre le plus normalement et le plus confortablement possible, durant ces quelques jours par mois. «Je fais pas mal de sport et je ne trouvais pas le bon moyen pour être à l’aise en période de règles», assure la jeune couturière de Concise. C’est pourquoi, après avoir testé les culottes menstruelles, Chloé Rochat décide de se lancer. «Je trouvais le produit incroyable, mais surtout dans les marques françaises. Il y avait peu de choix de coloris et très peu de grandes tailles. Je me suis dit, pourquoi pas en faire pour moi? Je voulais un produit sans intrants chimiques. Et comme je souhaitais lancer ma marque, mon entourage m’a incitée à me lancer.»

C’est le début de longues recherches pour la jeune femme de 24 ans qui a à cœur de fournir un produit artisanal, le plus écologique et le moins chimique possible pour toutes les femmes qui se reconnaissent dans sa démarche. Tissus absorbants en fibres d’eucalyptus, différentes couches de tissus imperméables, fournitures suisses… «J’ai dû tout apprendre!» Après une année de recherche et développement, elle fait tester ses premiers produits à son entourage. Des culottes menstruelles colorées, de la taille 32 à la 64 avec choix du flux, des modèles adaptés pour le sport, puis de la lingerie fine (une nouveauté) sortent de son petit atelier situé sous le toit de la maison familiale. Un petit coin jonché de croquis, tissus, fils, d’une machine à repasser et à coudre où la diplômée de couture de l’Eracom passe son temps à confectionner les meilleurs produits possible, un par un. «Je passe environ 1h30 à 2h de travail pour une culotte menstruelle. Je ne fais rien à la va-vite, je veux que mes coutures soient impeccables. Si ce n’est pas parfait, je découds et je recommence.»

Un marché concurrentiel

Mais si ce marché restait de niche lorsque Chloé Rochat a dessiné ses premiers modèles, le secteur a explosé depuis, avec de nombreuses marques qui proposent ce nouveau produit phare. «Tout le monde a un peu commencé en même temps. La première année a bien démarré, la deuxième est plus compliquée», tempère la Concisoise. Pourtant, Chloé Rochat sait que ses valeurs lui fournissent le potentiel de se démarquer. «Mes produits sont plus chers, parce qu’ils sont suisses et fabriqués de A à Z dans mon atelier, du dessin à la création.» Un investissement à long terme qui permettra rapidement de se passer de protections jetables, coûteuses elles aussi dans un budget annuel. Pour l’instant, Chloé Rochat travaille en parallèle dans l’entreprise familiale, fabricante de cors des Alpes télescopiques en carbone Zanetti. «Je suis obligée d’avoir un travail à côté. Si je ne gagne pas beaucoup ma vie, ça ne me dérange pas. J’aime vraiment la couture, je n’ai pas envie d’arrêter et je vais me donner à fond pour y arriver», se réjouit la jeune entrepreneuse. «C’est dur de donner toute cette énergie pour peu de choses en retour. Si j’avais su, je ne suis pas sûre que je me serais lancée (rires) ! Mais j’ai appris beaucoup de choses, car quand on gère une petite entreprise, il faut tout savoir!»


Infos et boutique: https://cdadacreation.ch

Léa Perrin