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Six évasions et une foule de questions

24 octobre 2012

Comment six hommes ont-ils pu sortir simultanément de trois cellules? Des enseignements ont-ils été tirés de l’évasion de juillet dernier? Quelles mesures ont-elles été prises? Sylvie Bula et Béatrice Métraux ont fait face à une avalanche de questions.

Même pas besoin de scier les barreaux… Les six fuyards sont passés par la porte, la fracturant au moyen d’une cuiller.

«On va aller un cran plus loin et immédiatement! Je crois que l’on est tous d’accord pour dire que ce qui s’est passé est inadmissible.» Béatrice Métraux et Sylvie Bula ont fait face à une meute de journalistes lundi après-midi, afin de donner quelques explications suite à l’évasion de six détenus de la Prison de La Croisée, à Orbe, tôt dimanche matin. Les hommes, dont les trois cellules-doubles se trouvaient sur le même étage, sont sortis en faisant sauter les serrures au moyen de cuillers, ont obstrué les caméras de surveillance et se sont enfuis. L’alerte a été donnée immédiatement et quatre des six fuyards ont été retrouvés du côté du Suchy, quelques heures à peine après leur évasion. «Ils sont aux arrêts disciplinaires», a précisé Sylvie Bula, cheffe du Service pénitentiaire. Les deux autres sont toujours dans la nature, mais ne sont pas réputés dangereux, même si tant Sylvie Bula que Béatrice Métraux n’ont pas voulu en dire plus sur le motif de leur emprisonnement, sinon qu’ils étaient en détention préventive.

Contrôle complet

Il s’agit de la deuxième évasion en peu de temps de la Prison de la Croisée, après que cinq hommes s’en furent enfuis au mois de juillet dernier, sortant eux aussi de leur cellule au moyen des services fournis pour les repas. Un contrôle complet a été ordonné par les autorités pénitentiaires sitôt l’évasion de dimanche matin connue. «Ces hommes se connaissent, ils parlent en cellule, ils construisent des scenarii, ils viennent du même pays ou de la même ethnie, et ils montent un plan. Et ce plan aboutit aux deux événements que nous avons vécus», souligne Béatrice Métraux, en expliquant que la typologie des détenus a évolué.

La conclusion, un brin fataliste, de Sylvie Bula? «Les événements en prison? On ne les supprimera jamais.»

 

L’Etat a déjà pris des mesures urgentes

Un agent de détention licencié

Les autorités ne sont pas restées les bras croisés depuis l’évasion de juillet dernier. Béatrice Métraux a annoncé plusieurs mesures prises depuis cet événement. Dans l’ordre, la sécurisation des combles, mais aussi des grillages, la pose de barbelés sur les toits, ainsi que les réglages des PIR (Passive Infra red) et installation d’un nouveau PIR, avec comme conséquence qu’il n’existe plus aucun angle mort échappant à la détection infrarouge.

Pour l’évasion de ce week-end, Béatrice Métraux indique que «le système de sécurité extérieur a parfaitement fonctionné», permettant l’intervention très rapide des forces de sécurité et l’arrestation de quatre des six fuyards.

«Je tiens à souligner que les agents pénitentiaires ont très bien fait leur travail. Ils ont été très performants ce week-end, ils ont fait ce qu’il fallait.» Cela n’a pas été toujours le cas, à en croire Béatrice Métraux, qui a pris connaissance, coïncidence, le week-end dernier, du rapport final interne de Sylvie Bula sur l’évasion du 30 juillet. Suite à cela, le licenciement «avec effet immédiat pour faute grave» d’un agent de détention spécialisé qui avait désactivé à plusieurs reprises des PIR -et sur une longue durée- pour son confort personnel (fausses alarmes dues à la présence d’animaux autour de la prison) a été prononcé.

Enfin, et suite aux événements du 30 juillet et ceux de ce week-end, Béatrice Métraux a ordonné une expertise de la sécurité interne et externe de la prison de La Croisée, ainsi qu’un examen de l’organisation hiérarchique de cet établissement.

 

Timothée Guillemin