Le mythique groupe de rock Soldat Louis sera l’invité d’honneur de l’Irish Rock and Beers Festival, le 30 avril à Orbe, où il fera son grand retour sur la scène suisse après trois ans. Le chanteur Serge Danet (en photo à g.) s’est confié à La Région.
Cinq ans après avoir levé l’ancre, l’équipage Soldat Louis remet à nouveau les voiles en direction du Nord vaudois. Les musiciens amarreront le 30 avril à Orbe pour mettre le feu au Irish Rock and Beers Festival avec leur musique traditionnelle bretonne revisitée à la sauce rock’n’roll et dopée par des instruments électriques et des cornemuses. Plus de trente ans après son Première bordée et le mythique titre Du rhum, des femmes, les musiciens prouvent année après année que le temps n’a pas d’emprise sur leurs cordes vocales, quand bien même les vagues du Covid ont chamboulé leur trajectoire. Mais à la fin du mois, les marins renoueront enfin avec leur fidèle public suisse, qu’ils n’ont plus vu depuis leur tournée anniversaire en 2019. Après deux disques d’or, huit albums et une multitude d’escales dans les ports et scènes du monde, c’est finalement dans le Nord vaudois que le groupe fera sa première et seule apparition helvétique de l’été (seule autre date prévue: le 22 octobre, Val d’Illiez). Serge Danet, cofondateur et chanteur du groupe, a accepté de répondre à nos questions entre deux séances d’enregistrement pour le prochain album.
Soldat Louis, le public suisse vous a-t-il manqué?
Oui! Il est quelque part un peu similaire au public breton. Il a le sens de la fête, il manifeste son enthousiasme, et il est très réceptif à nos propos… En fin de compte, il chante avec nous…
Voir votre nom à Orbe est assez inattendu. Connaissiez-vous cette ville avant de signer pour le festival urbigène?
Nous avions dû venir tout près d’Orbe (ndlr: notamment à Yverdon en 2017 lors de l’Antidote Festival), mais ça fait bien longtemps. Nous ne connaissons pas la commune, peut-être irons-nous y faire un tour si le timing le permet.
Sentez-vous une ambiance différence lorsque vous jouez dans cette région de la Suisse, par rapport à d’autres endroits, comme Leysin où vous avez fait votre premier concert?
Non, il n’y a pas vraiment de différence. Mais il y a toujours eu une bonne complicité, un bon feeling entre le groupe et le public suisse, peu importe dans quelle partie du pays nous jouons.
Qu’est-ce qui vous a décidés à accepter de venir à Orbe pour une date: la partie festival irlandais ou la partie festival de bières?
Avant tout, notre métier c’est de jouer. Qu’un festival ait une connotation irlandaise ou autre tendance musicale ne pèse pas dans la balance pour choisir une manifestation où se produire.
Aurez-vous le temps de partager une chope avec le public nord-vaudois ?
Une fois que tout le matériel est rangé dans le «tour bus», alors nous allons faire un tour en salle, histoire de trinquer et de rencontrer un peu de monde.
Êtes-vous plus à l’aise sur une scène campagnarde, comme celle qui vous attend au Puisoir, ou sur une scène plus confortable comme celle de l’Olympia?
Aucune différence! Ce n’est qu’une histoire de notoriété de salle. Certaines sont mieux adaptées que d’autres au spectacle et d’autres moins, il faut savoir s’adapter… De toute façon, nous jouons de la même façon dans une salle de 800 places que dans un Zénith. Mais nous aimons toujours bien retrouver une bonne vieille salle des fêtes… Bien Rock n’Roll!
Au milieu d’un champ, à Paris ou à Orbe, finalement le lieu n’empêche donc jamais le public d’embarquer avec vous dans votre univers et de tanguer sur le rythme de vos chansons?
Non, pas du tout. Il y a des scènes où le public est physiquement très près du groupe, ce qui facilite le contact dès le départ du concert. Par contre, dans un théâtre ou un endroit similaire où tout le monde est assis, il faut savoir faire monter l’ambiance et faire lever tout le monde … Et ça, c’est notre boulot!
Y aura-t-il des nouveautés à Orbe ce 30 avril pour le public, ou un petit truc spécial rien que pour nous ?
Les nouveautés sont plutôt anciennes, car nous avons remis à notre répertoire pas mal de titres des tout premiers albums. Nous avons également adapté pour la scène quelques titres du dernier CD Quelques nouvelles du front.
Vous êtes en ce moment même en train d’enregistrer en studio. Pouvez-vous nous donner un avant-goût de ce que vous préparez ?
Nous envisageons un nouvel album et lorsque des titres se précisent, il faut commencer à les enregistrer. C’est le cas en ce moment. Le projet de sortir un single est en cours, mais nous n’avons pas encore de date précise.
Dans votre chanson 30 ans déjà, vous faites une référence à la Suisse, en parlant de gruyère et de Fendant, pourquoi était-ce important pour vous de faire ce clin d’œil à notre pays?
Comme le nôtre, votre pays est beau! La référence est peut-être un peu cliché, mais pas plus que les crêpes et le cidre en Bretagne! Un bon gruyère avec un bon coup de Fendant lorsqu’on arrive en Suisse, après une nuit d’autocar, c’est toujours très appréciable pour mettre la journée en route!
De manière plus générale, pour des Bretons, n’est-ce pas un brin énervant d’être invités à des soirées irlandaises?
Pas du tout! Nous faisons partie des groupes celtiques donc Bretagne et Irlande font bon ménage… Et puis on chante Bobby Sand quand même.
Et la réputation de joueurs de «chansons à boire», n’est-ce pas vexant ?
Ca, ce sont les médias qui l’ont dit! Les Télés et radios jouaient Du rhum des femmes… Il fallait mettre une étiquette… et avant même de pouvoir réagir, on était catalogués.
Aujourd’hui, on parle énormément de féminisme, d’intégration, etc. Pensez-vous que vos chansons, notamment la fameuse Du rhum, des femmes, pourront traverser les âges encore bien longtemps?
Pour l’instant, c’est une chanson que tout le monde nous réclame. Les femmes la chantent sans aucun complexe dans tous nos concerts et ça les fait bien rigoler, et c’est fait pour ça! Quant à savoir ce qu’elle deviendra, ça, c’est encore le public qui en décidera. C’est un tube qui a 34 ans maintenant, et je crois qu’il en restera toujours quelque chose au fil du temps…
On connaît votre franc-parler, votre mordant et vos coups de gueule dans vos chansons. La période sanitaire que l’on a vécue vous a-t-elle inspirés pour la suite?
Non, c’est une période qui a été suffisamment médiatisée pour que nous n’en remettions pas une couche en chanson.
Actuellement, on sent un regain d’intérêt pour la culture celte. Sentez-vous ces cycles de la mode sur vos ventes, votre popularité ou autre?
Dans une période où tout ne va pas vraiment très bien, ce sont des musiques qui fédèrent parce qu’elles véhiculent des valeurs simples. La tradition, le goût d’être ensemble, de se retrouver pour chanter, danser et faire la fête … Et boire un coup ! C’est quand même quelque chose dont on a bien besoin en ce moment.
Soldat Louis au front pour sauver Katharsys Productions
Pour l’instant, quelque 400 billets ont été vendus pour le Irish Rock and Beers Festival. Mais c’est loin d’être assez selon Axel Castillo, fondateur de Katharsys Productions, qui organise régulièrement des concerts d’exception dans le milieu du métal, à Orbe et à Vallorbe. Pour lui, il faut que le Puisoir soit plein, rempli de 1000 à 1200 âmes. Mais derrière cette ambition se cache une crainte: «La survie de la boîte dépend de ce festival», lâche-t-il.
Malgré toute sa bonne volonté, les conséquences du Covid pèsent lourdement sur son entreprise. Entre les manifestations annulées et la dernière date qui fut un «gouffre», l’ambiance est plutôt morose actuellement. C’est pourquoi il se doit de sortir de sa zone de confort, en glissant vers du rock, pour relancer son affaire. «A la base, ce festival devait avoir lieu en 2019, mais on n’a pas cessé de devoir le repousser. Là, avec Soldat Louis, on espère toucher un maximum de générations.»
Infos pratiques
Irish Rock and Beers Festival: Le 30 avril, le Puisoir d’Orbe se transformera en centre culturel de la bière (30 sortes différentes à la carte) et de la musique celtique!
Programme:
14h15: Ouverture des portes
14h30-15h15: Delienn
15h30-16h15: Kenny’s Swiss Side
17h00-17h45: Krakin’ Kellys
18h30-19h15: Les 3 Fromages
20h-21h30: Soldat Louis Officiel
22h15-23h45: Celkilt (finaliste de La France a un Incroyable Talent, en 2013)
Billetterie: 38,20 francs sur Ticketcorner (vente directe le jour même).