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Sur les traces d’une sanglière

3 septembre 2015

Les Charbonnières – Marianne Golay se rend sur les lieux de coupe des entreprises forestières pour prélever les bandes de bois nécessaires à la fabrication des sangles de Vacherin Mont-d’Or. Reportage avec l’une des dernières Combières à perpétuer ce savoir-faire.

Marianne Golay au travail... © Ludovic Pillonel

Marianne Golay au travail…

Le jour a à peine eu le temps de se lever sur le Grand Risoud que Marianne Golay se fraie un passage avec la rapidité de l’habitude entre les troncs et les branchages mis à terre par les travailleurs forestiers de la Commune du Chenit. Son arrêt soudain près d’un arbre abattu permet de la rattraper. C’est ici qu’elle prévoit de déployer son savoir-faire de sanglière, indispensable à la production de vacherin démarrée depuis quelques jours.

«J’exerce cette activité depuis plus de quinze ans, essentiellement le printemps et l’automne. Mon mari, garde-forestier, m’a proposé de m’apprendre comment faire, lorsque j’ai voulu reprendre le travail après avoir élevé nos deux enfants», explique Marianne Golay. Etre sanglier ne permet pas de vivre. Cette alerte quinquagénaire exerce, par exemple, depuis huit ans, un temps partiel comme employée de commerce.

Née à la vallée de Joux, elle évoque l’époque où nombre de paysans officiaent comme sangliers pour arrondir leurs fins de mois. «Ils apportaient les sangles à leur femme et à leurs enfants, qui préparaient des paquets.» Aujourd’hui, ils sont une poignée de Combiers à perpétuer les gestes traditionnels.

Marianne Golay au travail... © Ludovic Pillonel

Marianne Golay au travail…

Il s’agit, tout d’abord, d’ôter l’écorce de l’arbre, toujours un sapin rouge, ou épicéa, au moyen d’un plumet ou écorçoir (première photo). Une fois la portion de tronc «déshabillée», pour utiliser le terme français, Marianne Golay la scinde en fragments de 40 à 50 centimètres, définis avec un cutter (deuxième photo), puis procède au levage des sangles en s’aidant d’une curette. Elle les rassemble ensuite par vingt, ajustant leurs extrémités avec un couteau. Les paquets seront ensuite supendus à l’avant-toit de sa maison pour sécher. Son galetas et une pièce de son logement permettront de les stocker avant les sollicitations des laiteries. «J’ai plusieurs clients, mais la plus régulière est Danièle Magnenat, de la Fromagerie Le Séchey», déclare l’habitante des Charbonnières. Ses tarifs? 60 centimes le mètre, sachant qu’elle confectionne, en moyenne, 15 à 20 000 mètres par année.

En dépit de l’exigence physique du levage de sangles, Marianne Golay ne se voit pas arrêter de sitôt, appréciant le calme de la forêt. Elle ne peut, toutefois, s’empêcher d’émettre des craintes quant à l’évolution des métiers du bois, desquels elle dépend entièrement. L’heure où les sangliers rendaient service aux bûcherons en leur épargnant l’étape de l’écorçage des arbres est révolue. Le débardeur a, aujourd’hui, tôt fait d’acheminer le bois au bord des chemins, à destination de la scierie, qui prend à son compte le retrait de l’écorce.

Pour mieux visualiser ce qu’est une sangle de vacherin... © Ludovic Pillonel

Pour mieux visualiser ce qu’est une sangle de vacherin…

Dans ce contexte, le prélèvement des sangles peut être perçu comme un retardement, d’où l’importance d’établir une relation de confiance avec les entreprises forestières, auprès desquels la Combière se tient informée des coupes à venir. Toute personne souhaitant la voir à l’oeuvre lors d’une démonstration peut se rendre, ce samedi, au concours de bûcheronnage organisé à Romainmôtier (lire ci-dessous).

Ludovic Pillonel

 

Une première samedi à Romainmôtier

Bûcheronnage amateur

Pour la première fois, un concours de bûcheronnage (CrocBois) est organisé à Romainmôtier, à la Cantine de Champbaillard. Il aura lieu ce samedi (ouverture de la buvette à 9h, début du concours dès 10h30). Les concurrents s’affronteront tout au long de la journée sur les six épreuves suivantes: hache horizontale, découpe de rondelles à la tronçonneuse, ébranchage à la tronçonneuse, passe partout à deux, rapidité à la tronçonneuse et coupe de précision à la tronçonneuse. Animations famille, snacks, tonnelle, stands accompagneront les visiteurs pendant cette journée.