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Sur un air de musique intemporelle

29 novembre 2016 | Edition N°1881

Sainte-Croix – La manufacture Reuge œuvre, depuis plus de 150 ans, dans l’univers enchanteur de la boîte à musique. Visite guidée dans les ateliers d’une entreprise qui ne cesse de se renouveler.

Kurt Kupper et l’une de ses précieuses boîtes à musique. ©Carole Alkabes

Kurt Kupper et l’une de ses précieuses boîtes à musique.

Depuis 150 ans, le son mélodieux des boîtes à musique mécaniques de la manufacture Reuge enchante les sens, à Sainte-Croix. En septembre dernier, celle-ci a quitté le vieil édifice de la rue des Rasses pour s’installer dans un nouvel écrin d’exception, situé sur le site du Technopôle, pour un coût total de sept millions de francs. «Ce nouvel espace permet à nos collaborateurs de travailler dans des conditions optimales, affirme avec fierté le directeur général Kurt Kupper. Avant, il fallait parcourir des kilomètres dans l’usine pour fabriquer une boîte à musique. Grâce à ce nouveau bâtiment, la production d’un tel objet est devenue plus rationnelle.»

A la pointe de la technologie

La fabrication d’une boîte à musique requiert plusieurs étapes. ©Carole Alkabes

La fabrication d’une boîte à musique requiert plusieurs étapes.

Au fil du temps, l’entreprise, qui compte une quarantaine d’employés, n’a cessé de se développer. «Il n’y a pas de limite dans l’innovation. Tous les matins, on se réveille en gardant à l’esprit qu’on doit réfléchir comme une start-up», déclare le directeur général.

Au rez-de-chaussée de ce nouveau site, dans des ateliers sécurisés, la manufacture s’est équipée d’une machine à commande numérique cinq axes, à la pointe de la technologie, pour fabriquer des pièces métalliques d’une grande précision. Ces dernières seront ensuite lavées, polies et sablées dans des cabines spécifiques.

Au premier étage, plusieurs ateliers sont dédiés à la fabrication des boîtes à musique. Une machine perce de minuscules trous sur un cylindre. Un fil d’acier, aussi fin qu’une aiguille, est ensuite inséré dans chaque trou pour former une goupille, qui produira un son harmonieux. C’est d’ailleurs à ce même niveau que les fameux oiseaux chanteurs sont fabriqués. Quant à la marqueterie des boîtes, elles sont réalisées au nord de l’Italie.

Un objet contemporain

Tout un savoir-faire est de mise pour créer une cage à oiseaux chanteurs. ©Carole Alkabes

Tout un savoir-faire est de mise pour créer une cage à oiseaux chanteurs.

«Même si nous sommes ancrés dans la tradition, il a fallu greffer de nouveaux fruits à notre arbre, afin que nos boîtes à musique deviennent des objets plus contemporains», confie Kurt Kupper. La manufacture a d’ailleurs développé tout une gamme de musiques modernes ; de la bande originale de «Star Wars» en passant par celle de James Bond, il n’y a que l’embarras du choix parmi les 8000 mélodies référencées. De plus, nos boîtes à musique s’inscrivent dans le temps et se transmettent de génération en génération, affirme l’homme à la tête de l’entreprise sainte-crix. C’est devenu un objet d’investissement

L’entrepreneur remarque que la clientèle de la manufacture a évolué. «A l’époque, on offrait une boîte à musique classique à sa grand-mère, explique-t-il. Aujourd’hui, on a développé le concept de la clientèle-cadeau.»

Des cadeaux diplomatiques

Par ailleurs, la manufacture fabrique de nombreuses boîtes à musique, qui sont offertes comme cadeaux à d’autres pays. Le président de la Confédération, Johann Schneider-Ammann, est très friand de ce type d’objet manufacturé, puisqu’il a déjà offert plusieurs boîtes à musique lors de ses voyages diplomatiques à l’étranger, durant son année présidentielle. La manufacture Reuge a d’ailleurs fabriqué différents modèles en faveur de personnalités telles que Vladimir Poutine, Ban Ki Moon ou encore le Dalai Lama. «Dans certains pays du Moyen-Orient, la culture du cadeau est très importante. Pour l’émir du Qatar, par exemple, nous avons créé une boîte à musique unique avec l’hymne national qatari, conclut Kurt Kupper. Au final, si on crée de l’émotion, on a atteint notre objectif.»

Valérie Beauverd