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«En tant qu’attaquant, je vise toujours un but par match»

10 mars 2017 | Edition N°1952

Football – 1re ligue – Quentin Rushenguziminega est de retour aux affaires. Titulaire à la reprise contre Young Boys II, il a permis à YS d’égaliser à Berne. Le buteur aux airs de Stromae a faim. Rencontre.

Quentin Rushenguziminega est décidé à montrer son meilleur visage durant le deuxième tour. Celui de «QR19», le buteur. ©Michel Duperrex

Quentin Rushenguziminega est décidé à montrer son meilleur visage durant le deuxième tour. Celui de «QR19», le buteur.

Arrivé du FC Lausanne-Sport à Yverdon l’été dernier, Quentin Rushenguziminega n’a pas encore pu montrer toute l’étendue de son talent. Le buteur (quatre réussites à ce jour en championnat) a, cette fois, pu se préparer sans pépin physique. Un atout supplémentaire pour la meilleure attaque du groupe romand de 1re ligue.

Quentin, dans les tribunes, les gens vous appellent souvent Stromae, du fait de votre ressemblance assez évidente avec l’artiste belge. Qu’en pensez-vous ?

Je suis aussi à moitié Rwandais et il m’arrive, effectivement, de faire une coupe de cheveux proche de la sienne. On n’a pas les mêmes traits de visage, mais il est vrai que notre posture est assez similaire. Stromae est un artiste que j’apprécie beaucoup, alors cela ne me dérange pas.

Il faut dire que, pour la plupart des gens, il est plus aisé de vous nommer ainsi que par votre nom de famille…

Rushenguziminega n’est pas si difficile à prononcer, mais c’est très long, c’est vrai, et je comprends tout à fait que les gens éprouvent parfois des difficultés à l’énoncer. J’ai une anecdote à ce propos : plus jeune, à un tournoi de football en salle, le speaker scandait les noms de chacun des joueurs qui marquaient. Lorsqu’est arrivé mon tour, il a commencé par «Quentin» puis, au moment où il a découvert mon patronyme, il a abandonné, se content de dire «mon ami Quentin».

Vous arrive-t-il d’écouter comment on prononce votre nom avant les matches ?

Parfois, oui. J’ai constaté qu’en général, les speakers suisses-allemands sont plus à l’aise.

Dans le vestiaire, comment vous appelle-t-on ?

Quentin, mon prénom est assez simple. J’entends parfois Rushen. Au LS, quand il a fallu floquer mon nom sur le maillot, j’ai choisi Kwame, mon deuxième prénom que j’aime beaucoup, car il est porté dans ma famille.

Revenons-en au football. Junior de La Sallaz, vous avez ensuite suivi la filière Team Vaud, puis êtes passé par le Stade Nyonnais, Echallens, Stade-Lausanne, le Lausanne- Sport, puis Yverdon Sport. Ça fait pas mal de clubs pour un joueur de 25 ans, non ?

Quelques amis me le font remarquer régulièrement, et je ne peux pas leur donner tort. Mais je n’ai pas toujours eu le choix. Puis, lorsque le LS m’a proposé d’évoluer en Challenge League, au départ, je n’étais pas trop chaud à quitter Vidy, où je me sentais bien. Mais après une rencontre avec Fabio Celestini, il a fini par me convaincre. C’était, pour moi, la dernière occasion d’essayer de percer. Malheureusement, après une bonne préparation, j’ai commencé le championnat sans marquer, puis je me suis blessé avec la sélection rwandaise, puis une seconde fois. Entretemps, les attaquants s’étaient installés, l’équipe tournait bien.

Qu’est-ce qui vous a convaincu de rejoindre Yverdon ?

Alors que la saison touchait à sa fin, je savais que je ne pourrais pas continuer au LS. J’hésitais entre reprendre des études ou retenter ma chance dans un autre club de Challenge League. Yverdon Sport m’a contacté par l’entremise de Fabio Grosso (ndlr : l’Urbigène, ancien joueur d’YS, a participé au recrutement yverdonnois), qui habite près de chez moi. Il m’a présenté le projet, qui m’a plu, avec un effectif sain. Quand je me suis décidé à reprendre mes études (ndlr : en gestion du sport à l’Uni de Lausanne), il était clair que mon choix allait se porter sur Yverdon.

Vous avez de nouveau connu un premier tour difficile, avec des blessures…

J’ai d’abord eu un petit bobo en préparation et, ensuite, je me suis blessé contre Azzurri Lausanne, justement (ndlr : l’adversaire d’YS demain). J’ai traîné ça et, après une année sans jouer avec le Lausanne- Sport -c’était la première fois que je connaissais cela-, il m’a fallu du temps pour retrouver le rythme, tandis que les autres attaquants de l’équipe étaient en forme. Pour moi, la pause hivernale est arrivée un peu tôt, quand je revenais dans le coup.

Le secteur offensif d’Yverdon est très fourni, d’ailleurs. Cela vous fait–il peur ?

Il y a une vrai belle concurrence et c’est le meilleur moyen de pouvoir monter. C’est mieux ainsi, même s’il faut parfois être sur le banc, comme ça a été mon cas au premier tour. On oublie trop souvent que le football est un sport collectif. Même si on a tous envie d’être sur le terrain, si des joueurs sont plus en forme que moi, il est normal qu’ils soient alignés. C’est d’autant plus facile à accepter, qu’on a vraiment un groupe qui vit bien. Ce à quoi j’accorde beaucoup d’importance. D’ailleurs, les équipes qui ont bien réussi en 1re ligue ces dernières saisons, ce sont celles qui avaient le meilleur état d’esprit.

Vous n’avez marqué que trois fois au premier tour. Un petit chiffre dont vous n’avez pas l’habitude.

Ça fait mal, je le reconnais. En tant qu’attaquant, je vise toujours un but par match. Je vais essayer de remonter ma moyenne !

Avec Matt Moussilou, vous avez un sacré concurrent pour le poste d’avant-centre…

Il nous arrive aussi de jouer en association. Je ne le connaissais pas personnellement avant, mais j’avais le souvenir d’un reportage de Téléfoot sur lui, quand il était à Lille. C’est drôle de se retrouver à côté de quelqu’un de tel. A l’entraînement, ce qui m’impressionne, c’est son sang-froid, son calme dans les seize mètres. Une qualité qu’a aussi Alex Gauthier, d’ailleurs.

Et vous, comment vous définiriez- vous ?

Je suis moins un tueur, un renard, mais plutôt quelqu’un qui cherche à faire des courses, à créer des décalages.

Cette fois, vous avez pu réaliser la préparation dans son ensemble. Comment vous sentez-vous ?

On a eu beaucoup de matches amicaux, ce qui m’a permis de reprendre un rythme régulier de compétition. Je me sens bien mieux qu’en début de saison.

Concernant l’équipe, comprenez- vous les critiques non pas sur les résultats, mais sur la qualité du jeu, pas toujours à la hauteur des attentes ?

Je suis moi-même le premier fan du beau jeu. Après, sur le terrain, la réalité n’est pas aussi simple. Produire un football vraiment léché n’est pas toujours possible, même si on y est parvenus par moments contre Guin ou Carouge, par exemple. La plupart d’entre nous, jouons ensemble depuis l’été dernier seulement. On est également craints par plusieurs de nos adversaires, qui nous attendent bas. Mais que les spectateurs se rassurent, on fait tout pour essayer de produire le meilleur football possible, et on va continuer à travailler en ce sens.

Manuel Gremion