La carrière du Mathoulon Théo Rochat prend l’ascenseur cet été. Lui garde les pieds sur terre. Portrait en quatre points, avec, en bonus, l’avis de Xavier Margairaz.
Une nouvelle vie
Habitué à commencer à travailler à 7h du matin en tant qu’apprenti géomètre, dans un bureau d’Yverdon-les-Bains, jusqu’à la fin juillet, Théo Rochat découvre une nouvelle vie. Celle de footballeur professionnel, depuis qu’il a rejoint le contingent de la première équipe du Lausanne-Sport. «Il était important pour moi d’avoir un papier au cas où et, à présent, je peux me consacrer à fond au foot», lance, comblé, le jeune homme de 21 ans. Celui-ci reste néanmoins lucide: «Le plus dur est à venir.»
Après avoir eu droit à une seule semaine de vacances durant l’été, il est passé de la cadence boulot-foot-dodo à celle de beaucoup plus de foot et de repos, ingrédients indispensables à son développement. «Avec parfois deux entraînements quotidiens, le rythme est différent. C’est une hygiène de vie à tenir, mais c’est ce que je voulais faire depuis petit.»
Une première qui en appelle d’autres
Théo Rochat a disputé ses premières minutes chez les pros, dans un match officiel, samedi dernier contre le Stade Nyonnais, en Coupe de Suisse. Le droitier aux deux pieds s’est retrouvé sur une aile, lui qui est plutôt un milieu tourné vers l’offensive, et s’en est plutôt bien sorti. A-t-il ressenti une certaine pression au moment d’entrer sur le terrain? «Oui, mais une bonne. Je me sens à l’aise dans le groupe et je fais ce que je sais faire.»
Déterminé, il se dit prêt à tout donner pour avoir du temps de jeu, peu importe que ce soit déjà dimanche, lors de la réception de Servette en ouverture de championnat, ou plus tard dans la saison. Il sait qu’il se trouve dans un contexte idéal à Lausanne, où le projet mise sur la relève. «À nous, les jeunes, de prouver qu’on mérite cette confiance. Et oui, c’est un gros saut depuis la 1re ligue, mais ça ne me fait pas peur. Si j’obtiens ma chance, je la saisirai.»
La rage de vaincre de Djibril Cissé
Formé à Bonvillars, puis Yverdon Sport, Théo Rochat a eu le bonheur de côtoyer Djibril Cissé, une saison durant, avec YS. Il s’exerçait alors avec la première équipe et jouait, hormis trois matches en fin de saison en Promotion League, essentiellement avec la «deux», en 3e ligue. «J’ai beaucoup appris au contact de Djibril. Surtout sa détermination à toujours vouloir marquer, gagner. Sa rage de vaincre. Des traits de caractère dont je m’inspire au quotidien, raconte le jeune footballeur de Mathod. Participer aux entraînement d’YS m’a beaucoup apporté.»
Le Nord-Vaudois s’inspire avec appétit des gestes et conseils de ses coéquipiers actuels les plus expérimentés, comme Kukuruzovic et Schneuwly. «Ils m’impressionnent par leur calme, leur justesse, glisse celui qui n’a de cesse de les observer. J’essaie de prendre un maximum d’eux, espérant bientôt évoluer à leurs côtés au milieu.»
De qui tenir
Les suiveurs d’Yverdon Sport et du FC Orbe, entre autres, se souviennent de Christian et Dominique «Dodo» Rochat. Le premier se trouve être le papa de Théo, le second, son oncle. «J’ai grandi dans une famille de footeux, sourit le concerné. Et mon grand frère, Loris, évolue en tant que défenseur central à Champvent, en 2e ligue.»
Théo Rochat se dit aujourd’hui très fier de défendre les couleurs du LS en Super League. Promis, il ne va pas se mettre à planer au-dessus de la plaine de l’Orbe pour autant, bien au contraire. «Premièrement, ce n’est pas ma personnalité. Je sais très bien d’où je viens, coupe-t-il. En plus, mes parents me remettraient immédiatement sur le droit chemin.» L’humilité est importante dans la famille, où ses parents se trouvent chaque week-end, depuis toujours, au bord des terrains pour suivre autant son frère que lui. Un environnement idéal.
«Théo, on croit en son potentiel»
Xavier Margairaz est en charge des jeunes joueurs du Lausanne-Sport. Il les suit dans leur évolution au quotidien, leur prodiguant conseils et entraînements spécifiques.
Le natif d’Orbe connaît tout des qualités de Théo Rochat, seul joueur de champ à être passé des M21 à la première équipe du LS cet été. «Théo est quelqu’un de réservé, humble et travailleur. Son intelligence de jeu est au-dessus de la moyenne, et il capable d’évoluer à plusieurs postes au milieu et en attaque. Il est très bon dans les trente derniers mètres, grâce à la qualité de sa dernière passe, et il a les deux pieds, souligne l’ex-international suisse. À présent, il doit faire tout ce qu’il fait déjà, mais plus vite. De toute façon, le jeu en Super League le contraindra à adapter sa vitesse d’exécution. »
le développement athlétique de Théo Rochat est aussi au cœur du programme imaginé. «À présent qu’il a terminé son apprentissage, on peut lui en demander plus, augmenter les charges et le travail spécifique, poursuit Xavier Margairaz. Il va devoir muscler son jeu et gagner en rapidité dès les premiers pas.»
Une évolution qui requerra du temps. «On est dans le timing qu’on s’était fixés avec lui. Pourquoi mise-t-on sur lui? Mais parce qu’on croit en son potentiel.»