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Thierrens sous tension avant le vote sur la nouvelle porcherie
(KEYSTONE/Cyril Zingaro)

Thierrens sous tension avant le vote sur la nouvelle porcherie

15 septembre 2021

Soumis à votation le 26 septembre prochain, un projet de porcherie à Thierrens attise les tensions. Deux camps s’opposent avec âpreté, chacun s’accusant mutuellement de mentir à la population.

Validé par le Conseil communal de Montanaire (dont fait partie Thierrens), mais attaqué par référendum, le projet prévoit la construction d’une installation pouvant accueillir 1500 porcs. Elle remplacerait plusieurs petites porcheries de la région qui ne sont plus aux normes.

Le projet est porté par la Société coopérative de fromagerie du Haut-Jorat qui regroupe 22 agriculteurs. Ceux-ci cherchent avant tout un débouché pour leur petit-lait, utilisé pour nourrir les cochons.

Porcherie « 5 étoiles »

« Ce projet permet de mettre en valeur des produits (viande de porc) et sous-produits (petit-lait) locaux. C’est un modèle d’économie circulaire », relève Marc-Antoine Bigler, le président de la coopérative, contacté par Keystone-ATS.

Il vante les mérites d’une porcherie moderne, « un hôtel 5 étoiles », qui tient compte du bien-être des animaux. Concernant les désagréments provoqués par une si grande porcherie – il n’en existe que quatre d’une telle taille dans le canton de Vaud -, l’agriculteur se réfère à une étude d’impact. Celle-ci a conclu que la population ne subira pas de nuisances, ou alors de manière « très limitée ».

Odeurs et nuisances

Les opposants au projet ne partagent pas du tout cette vision. Un de leurs chefs de file, Pierre Martin, critique « la complaisance » de l’étude d’impact et les « erreurs de calcul ». Selon lui, par rapport à la petite porcherie déjà existante à Thierrens, les odeurs seront « beaucoup plus fortes. » Il dénonce aussi la hausse du trafic des camions qui serait engendrée par la nouvelle porcherie.

Il remarque encore que les rentrées fiscales iraient à la commune de Jorat-Menthue, où est basée la coopérative de fromagerie, et non pas à Montanaire. « Ce projet n’apporte aucune retombée à notre commune, uniquement des nuisances. C’est stupéfiant », juge M. Martin.

Pour M. Bigler, les opposants utilisent « des arguments mensongers ». Il estime par exemple qu’il existe bel et bien des retombées financières pour Montanaire, où vivent et travaillent plusieurs familles d’agriculteurs et entreprises liées à la société de fromagerie.

Ville contre campagne

Pierre Martin explique que le camp du non englobe « plusieurs courants », entre ceux qui craignent les nuisances, ceux qui redoutent une baisse de la valeur de leur bien immobilier ou ceux qui militent pour la cause animale.

De quoi rendre la campagne encore « plus difficile », reconnaît Marc-Antoine Bigler. Il affirme toutefois que « les gens d’ici » comprennent les enjeux du projet. A l’inverse, il regrette qu’une autre partie de la population, venue de la ville, souhaite « décider » à la place des agriculteurs, comme lors de la récente votation fédérale sur les pesticides.

« Je n’ai absolument rien contre les agriculteurs. Mais en tant que citoyen, je ne me sens pas respecté quand on veut m’imposer un tel projet », rétorque M. Martin.

Recours déjà déposé

Depuis plusieurs mois, les deux camps essaient de se faire entendre à coup de tous-ménages, pancartes ou bottes de paille habillées en cochon. La campagne, qui se déroule aussi sur internet, est d’autant plus crispée qu’elle fait ressortir « d’anciennes rancoeurs », remarque M. Bigler.

La justice avait même dû intervenir en début d’année en sommant Pierre Martin de retirer un texte de Facebook, dans lequel il s’en prenait à des membres de la Municipalité. Les deux camps se sont aussi accusés, ces derniers jours, d’avoir vandalisé des pancartes.

Selon Marc-Antoine Bigler, la votation du 26 septembre se jouera sur le taux d’absentéisme. « Il faut que les gens de Montanaire, une commune qui reste très rurale, aillent voter. Car les opposants, eux, ne vont pas se priver », relève-t-il.

Reste que même en cas de victoire, les partisans de la porcherie ne pourront pas crier victoire trop vite. M. Martin dit avoir déjà déposé un recours auprès du Tribunal administratif pour vice de forme dans la procédure de mise à l’enquête.

ATS