Toujours sur les bons rails
15 mai 2025 | Textes: Robin Badoux | Photos: Michel DuperrexEdition N°La Région Hebdo No 11
La compagnie Travys a fait le point sur les travaux de modernisation de la ligne Orbe-Chavornay lors d’une présentation publique mardi dernier. L’occasion pour la population de soumettre ses questions et ses inquiétudes alors que le projet avance bon train.
«Le temps ferroviaire, c’est un temps long», reconnaissait le directeur général de Travys, David Robert, au moment de se remémorer les grandes étapes de la rénovation et modernisation de la ligne Orbe-Chavornay. En effet, depuis les premières ébauches de projet, en 2007, le lancement des travaux a pris du temps, mais la lumière finit enfin par poindre au bout du tunnel. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que la compagnie de transports Travys est venue présenter les avancements des travaux entamés l’année dernière, surtout du côté de Chavornay, tout en rappelant les prochaines étapes et les objectifs finaux.
Pour rappel, le projet consiste, dans les grandes lignes, à raccorder Orbe avec le RER Vaud en modernisant la voie entre Chavornay et la Cité aux deux poissons. A terme, les voyageurs partant de la gare d’Orbe pourraient ainsi rejoindre l’agglomération lausannoise sans devoir changer de transport à Chavornay, comme c’est le cas actuellement. «L’enjeu est aussi de satisfaire à la loi sur l’égalité pour les personnes handicapées (LHand) de 2004, qui réclamait une mise en conformité d’ici vingt ans. Le délai est donc échu ici», a rappelé le directeur de Travys, ajoutant qu’il s’agit aussi de se mettre aux normes de sécurité actuelles tout en augmentant les capacités du trafic de marchandises sur cet axe ferroviaire.
Au rang des avancées, les représentants de Travys ont mentionné la construction du passage sous-voie en Forez et la création de la butte qui accueillera la grande boucle qui permettra aux trains de rejoindre parallèlement les voies CFF à la gare de Chavornay. À relever également la mise en place d’une vaste zone de chantier à l’entrée de Chavornay, où sera construit prochainement le passage supérieur RC 293c qui enjambera la future ligne Orbe-Chavornay.
Pour le reste, Travys a rappelé les travaux à réaliser encore, avec le réaménagement de la gare d’Orbe et la création de la halte de St-Eloi et de la gare des Granges, notamment.
Voyage vers l’inconnu
La séance d’information a permis au public – venu en nombre, démontrant l’intérêt que suscite ce projet d’ampleur – de poser ses questions à Travys concernant les formes et conséquences de la future ligne. La compagnie a alors usé à outrance du conditionnel, rappelant que de nombreuses inconnues subsistent. Difficile par exemple de savoir qui exploitera la ligne entre Travys et les CFF, une fois les travaux terminés. «Ce serait un petit crève-cœur pour nous, admet David Robert. Mais pour l’instant, le but pour Travys reste de mener ce projet à son terme.» L’exploitant devrait être connu cet automne. Les CFF comme Travys ont exprimé leur intérêt, mais la décision appartient au Canton et à la Confédération.
D’un autre côté, certains citoyens n’ont pas caché leur déception en apprenant que seulement six relations par jour circuleront sur la ligne. «Oui, c’est décevant. On espère qu’il y a en aura plus», a répondu le directeur général, en rappelant que ces chiffres, comme beaucoup d’autres éléments, peuvent potentiellement changer à l’avenir.
Aussi, si dans l’ensemble le public s’est montré intéressé et favorable au projet, certains ont questionné sa pertinence, notamment au vu des coûts qui prennent l’ascenseur au fil des mois. Ils étaient à 100 millions de francs il y a un an, (voir La Région du 27 juin 2024), ils sont désormais à 110 millions. La faute à l’évolution des prix du marché public, selon Travys. «De toute façon, la pire des solutions, à présent, serait de s’arrêter», a asséné le directeur général.
À noter que, à la fin, Travys table sur une augmentation de la fréquence – qui culmine actuellement à environ 2000 passagers par jour – de 20%, à l’instar de celle qu’a connue la vallée de Joux après son raccordement.
Le train sifflera une dernière fois
En lien avec l’intensification des travaux, le trafic ferroviaire sur la ligne existante sera définitivement arrêté pour les voyageurs dès le 14 décembre. Un moment festif est donc prévu le jour précédent. L’occasion pour la population de saluer la dernière course de l’Ottawa-Chicago. Des bus assureront la liaison jusqu’à la fin des travaux de raccordement avec les CFF, ce qui devrait survenir fin 2026 ou début 2027.
De belles trouvailles
Les travaux préparatoires de la modernisation de la ligne ont été accompagnés de fouilles archéologiques dans les sols concernés par le chantier.
Celles-ci ont commencé en mai 2024 et ont permis de faire des découvertes intéressantes. Outre des monnaies diverses, les archéologues ont retrouvé des boutons, des fibules et même une paire d’étriers. Une chance alors qu’il arrive généralement de n’en retrouver qu’un seul.
Pour l’instant, les résultats des fouilles ne sont pas encore connus. Un rapport détaillé devrait arriver en fin d’année 2025.