L’illustratrice de BD Fanny Vaucher présente une nouvelle bande dessinée historique retraçant la Suisse du 19e siècle et plus particulièrement la région. Interview.
La Sarraz, 1798. C’est sur cette image du village vaudois d’il y a plus de 200 ans que la BD Le siècle de Jeanne s’ouvre. On y découvre une famille paysanne, qui traverse les âges et subit les remous du 19e siècle suisse, en passant par Yverdon, Estavayer, puis Genève ou Fribourg. Des paysages méconnaissables, tout comme des lieux familiers, puisqu’on reconnaîtra notamment facilement la place Pestalozzi d’Yverdon de 1806.
Ce nouvel ouvrage d’Eric Burnand au scénario et Fanny Vaucher à l’illustration, se dévore par l’envie de découvrir l’histoire hélvétique tout en contemplant l’art de la BD. Fanny Vaucher, illustratrice et auteure de Sainte-Croix détaille son oeuvre.
Fanny Vaucher, il y a 240 pages dans Le Siècle de Jeanne. Vous redessinez chaque vignette une à une?
Oui! On ne peut pas reprendre une autre image, même si elles se ressemblent. La BD prend tellement de temps à faire, c’est pour cela que je ne me lance que dans des projets qui valent vraiment la peine. Nous avons mis deux ans pour réaliser Le Siècle de Jeanne.
Parlez nous du concept de ce nouvel ouvrage
L’idée c’est de parcourir le 19e siècle en se concentrant sur Jeanne et sa famille. Les personnages sont fictifs, mais les événements historiques ont existés. La famille est un prétexte pour découvrir ce siècle.
L’ouvrage se trouve donc dans la continuité du Siècle d’Emma (2019)qui abordait lui le 20e siècle?
Le fil rouge du Siècle d’Emma était les conflits, les luttes sociales etc. Tandis que pour Jeanne, c’est tout ce qui a façonnné la création de la Suisse que l’on connait aujourd’hui.
Le 19e semble être une période moins connue et représentée auprès des suisses que le 20e…
Oui, moi je ne connaissais pas du tout!C’est ce qui m’a plu. Cela m’a permis de découvrir plein de choses que je ne connaissais pas dans des régions que je connais. Dans la BD, il y a la partie historique, mais également des fiches didactiques qui permettent d’en apprendre plus sur les différentes périodes et personnages.
Comment est accueillie cette bande dessinée à caractère historique?
La première, Le Siècle d’Emma a rencontré un immense succès. Peu de BD sont aussi bien accueillies en Suisse. Elle est beaucoup utilisée en école et continue à bien se vendre. Il faut croire qu’elle comblait un vide!
On remarque une évolution des couleurs au fil de la BD. Pourquoi?
Je souhaitais changer de l’apparence du premier opus qui pour moi était un peu mou. Je travaille à l’aquarelle, donc garder un ton identique sur plusieurs pages est une technique plus rapide. Il y a une couleur par chapitre qui y correspond et évolue… Par exemple, j’ai choisi le rouge pour le chapitre sur la révolution, la gris pour la guerre etc.
Vous construisez vos dessins d’après les textes de l’auteur et…?
Eric Burnand m’a aussi fourni les images d’époque. Il a fallu se renseigner sur la question visuelle pour savoir à quoi ressemblait un intérieur fribourgeois du 19e par exemple! Je devais savoir comment étaient les plaines, la campagne ou les paysans de l’époque. On s’est basé sur des peintures, des gravures et des archives pour connaître la vie des gens du peuple de ce siècle.
Comment ça se passe, le monde de la BD?
Honnêtement, je ne sais pas si je recommanderai! C’est tellement précaire. Avec une famille par exemple, je ne pourrais pas en vivre. C’est un art qui n’est pas du tout assez valorisé en Suisse, il faut vraiment être acharné. On ignore que c’est l’un des médiums le plus long à réaliser et qu’il n’y a pas de financement, il faut donc varier les activités. Par contre l’avantage c’est de pouvoir travailler partout où l’on veut, c’est très mobile.
Infos pratiques
Séance de dédicaces: Jeudi 22 décembre 2022 de 18h30 à 19h30 à la Librairie Sacrées Bulles (rue des Jordils 17) à Yverdon.
Le parcours de Fanny Vaucher, illustratrice
Fanny Vaucher est une autrice et illustratrice de BD avec un parcours polyvalent. Ayant commencé sa carrière en étant correctrice de presse celle-ci s’est rendue compte que son art ne pouvait pas être exprimé à travers ce métier c’est donc pour cela qu’elle a changé de voie.
Sa soif d’apprendre l’a menée à voyager à travers le monde, ce qui a confirmé sa passion pour l’écriture, c’est là que son tout premier livre Pilules polonaises a vu le jour en 2013. Un clin d’oeil à la Pologne, où elle a vécu deux ans. C’est plus précisément à Varsovie que l’artiste a effectué ses débuts et c’est dans cette ville qu’elle fait son premier pas dans le monde de l’illustration.
Ayant un attrait très prononcé pour l’histoire, Fanny Vaucher a su s’adapter facilement à Éric Burnand, car lui aussi passionné par cette branche a su exprimer son talent et ses attraits en écrivant.
«S’améliorer à chaque fois» voilà l’ambition de l’illustratrice, qui a la motivation et le vouloir incontesté de toujours faire mieux. • Mélisa Ibralic