Mauborget – Pas de taxe au sac, pas de taxe au poids. Pour combien de temps encore ? Le syndic Claude Roulet et les Tsayou s’accrochent à leur règlement communal pour gérer, avec succès et bon sens, leurs ordures ménagères.
Ici les sacs sont noirs et ne semblent pas près de virer au blanc, même à cinq centimes près sur les 35 litres. Quand on parle du financement des ordures ménagères, il voit vite rouge.
Il est ainsi Claude Roulet, syndic de Mauborget. Il fait rouler avec fracas tout le torrent de gravier qu’emporte son accent rocailleux. Il joue de son regard bleu perçant et avance, sourire malin aux lèvres, la force madrée et plus que séculaire d’un bon sens mi-paysan mi-montagnard pour en remontrer aux technocrates du «waste managment», autrement dit de la gestion des déchets.
«C’est faux d’entendre dire qu’à Mauborget on résiste à tout principe de taxe sur les ordures ménagères, on couvre juste 100% des coûts grâce à notre règlement communal », s’emporte-t-il. Ainsi, par son rejet farouche du sac taxé, la commune perchée à plus de mille mètres d’altitude, toise quasiment l’ensemble du canton depuis sa place forte d’irréductible village vaudois.
Hors les clous
Mauborget a voté dès 1996 son règlement communal relatif à la gestion des déchets. Le texte a été revu à deux reprises en 2002 et 2003. Le document, jugé conforme à la législation, a été avalisé par le Conseil d’Etat.
Mais voilà, la loi a évolué. Le Canton a adopté en 2013 un texte qui prévoit une taxe liée au volume d’ordures ménagères produites et, malgré l’efficacité du système qu’elle défend mordicus, Mauborget se retrouve quand même hors les clous. En tout cas vu de Lausanne. Vu du village, c’est autre chose.
«C’est l’État de Vaud qui veut que la taxe au sac couvre une partie du coût d’enlèvement des ordures et que les communes instaurent une taxe forfaitaire. Alors que la loi fédérale dit bien que l’on doit financer nos frais en la matière», se justifie l’élu.
Et, au Conseil général et dans la commune, on se range volontiers derrière l’étendard du syndic, qui se déclare soutenu «à 80% par la population ». D’autant que les résultats plaident pour le système villageois.
Les 122 «Jaloux» et leurs 70 résidences secondaires ont amélioré leur tri sélectif à tel point que «la taxe sur les ordures ménagères est encaissée à 80% de son montant et, qu’avec ça, on couvre bien l’intégralité de nos coûts, alors qu’avec le sac taxé, on serait seulement autour de 30 à 40%», poursuit l’élu, (lire encadré).
Peu de voix à perdre
Il se plaît à avancer aussi ses 45 ans d’expérience de la chose publique pour justifier un entêtement «qui vexe beaucoup Madame de Quattro», glisse-t-il non sans une once de satisfaction.
Tout en reconnaissant finement que dans sa commune, la cheffe du Département du territoire et de l’environnement, «n’a pas beaucoup de voix à perdre».
On peut toutefois parier que le sujet reviendra sur le tapis du prochain Conseil général de décembre et «qu’une issue est possible», glisse-t-il sibyllin.
Il se peut que Mauborget reste accrochée à son mode de fonctionnement, alors que les dernières communes qui faisaient de la résistance cèdent peu à peu. Saint-Oyens et Bussy-Chardonney, sur La Côte, ont adopté ou vont adopter la taxe au sac.
Derrière son combat singulier, Claude Roulet et les Grillons entendent défendre ce qu’il reste d’indépendance aux communes. Et l’affaire n’est pas dans le sac…
Deux taxes
A Mauborget, les habitants doivent s’acquitter de deux taxes forfaitaires annuelles. La première, d’un montant de 90 francs, concerne les ménages. L’autre frappe les personnes à hauteur de 45 francs par adulte et de 30 francs par mineur. Soit 180 francs annuels pour un couple, mais en 2014, ce montant est tombé à 144 francs. Il n’existe pas de tournée de ramassage et la commune dispose d’une déchetterie fonctionnelle à la Magnenaz. Les volumes recueillis sont ensuite enlevés par la Strid, qui gère les déchets du Nord vaudois.