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Toute une vie détruite par les flammes

5 décembre 2013

A Villars-Burquin, Annelyse Vonlaufen a tout perdu dans l’incendie de sa maison, qui a également coûté la vie à son fidèle chien Samy. Elle revient, pleine d’émotion et de dignité, sur ce tragique épisode qui bouleverse une existence déjà très tourmentée.

Au milieu des ruines de sa maison, Annelyse Vonlaufen garde espoir de retrouver un de ses chats, disparu.

Au milieu des ruines de sa maison, Annelyse Vonlaufen garde espoir de retrouver un de ses chats, disparu.

Au 74, chemin de l’Eglise, à Villars-Burquin, difficile d’imaginer que la villa de Madame Vonlaufen ait pu, un jour, lui servir de doux foyer. Plongé dans la froideur du mois de décembre, la bâtisse est encombrée par les gravas calcinés qui révèlent, ça et là, les souvenirs passés des lieux.

«Voilà, ici, les restes d’un livre de mémoires que je m’apprêtai à écrire. Et, là, une jarre offerte, à l’époque, par Monsieur Sandoz, le pharmacien d’Yverdon, indique, incrédule, Annelyse Vonlaufen. Ma maison était un véritable musée avant l’incendie… Il ne me reste plus rien.»

Déclenché par un court-circuit, le 25 novembre dernier, le feu s’est propagé en quelques minutes alors que la propriétaire des lieux vaquait à ses occupations dans le jardin. «Je n’ai rien pu faire pour sauver mon chien, Samy, bloqué à l’intérieur, regrette-elle. Heureusement pour moi, la voisine et ses filles, qui sont extraordinaires, ont rapidement appelé les secours et sont venues me soutenir. Sans elles, j’aurais certainement tenté d’aller chercher mon chien dans le feu. Les pauvres petites ont beaucoup pleuré pour lui.»

Samy, le chien de Madame Vonlaufen, décédé dans l’incendie, repose désormais dans le jardin. Un lieu de recueil pour celle qui l’a adopté il y a plus de cinq ans.

Samy, le chien de Madame Vonlaufen, décédé dans l’incendie, repose désormais dans le jardin. Un lieu de recueil pour celle qui l’a adopté il y a plus de cinq ans.

Propriétaire d’un salon de coiffure à Yverdon-les-Bains depuis bientôt 30 ans, cette septuagénaire est une amoureuse des animaux et considère ses chiens et chats comme sa propre famille. Affectée par de multiples opérations infructueuses dans le but d’avoir des enfants, Annelyse Vonlaufen a toujours donné beaucoup d’amour à ses petites bêtes et autour d’elle. Très croyante, elle gère son salon de coiffure comme s’il s’agissait d’une famille. «Tous les jeudis, j’emmène les employées et les apprenties manger à l’extérieur. Les vendredis et samedis, je m’occupe moi-même de faire à manger pour la clientèle et les employées. Ne dit-on pas que l’on a en retour que ce que l’on donne ?»

Tourmentée par plusieurs maladies graves et touchée par la mort brutale de son mari, Annelyse Vonlaufen n’en garde pas moins une foi inébranlable et un courage à toute épreuve. Elle relativise même sa situation. «J’engueule souvent le Seigneur pour le sort qu’il me réserve même si devant mes employées je reste forte, avoue-elle. Cependant, j’ai la chance d’avoir rencontré des gens fabuleux depuis la destruction de ma maison. Je me mets à la place des personnes qui n’ont plus rien aux Philippines et ailleurs, et je me dit que mon cas pourrait être plus grave. Comme l’on dit, on a les épreuves que l’on peut supporter.»

C’est avec tristesse que cette propriétaire de salon de coiffure de 70 ans évoque le souvenir de son être cher. Dans sa nouvelle chambre, prêtée généreusement par des amis, il ne lui reste que son chien Venus, ses trois chats, quelques vêtements et la peluche «Samy» pour continuer à aller de l’avant.

C’est avec tristesse que cette propriétaire de salon de coiffure de 70 ans évoque le souvenir de son être cher. Dans sa nouvelle chambre, prêtée généreusement par des amis, il ne lui reste que son chien Venus, ses trois chats, quelques vêtements et la peluche «Samy» pour continuer à aller de l’avant.

Relogée depuis dans la maison familiale de Cristina, une amie qui se chargeait jusqu’alors du ménage chez elle, Annelyse Vonlaufen ne s’attendait pas à tant de solidarité de la part de personnes qui, dans certains cas, ne la connaissait pas personnellement. «Je n’ai jamais eu autant de marques d’affection que depuis l’incendie, s’émeut-elle. Il y a quelques jours, je tenais le corps de mon chien décédé contre moi et mon moral était au plus bas. J’en venais même à penser au pire quand trois jeunes passants se sont arrêtés pour discuter. En apprenant ce qui m’étais arrivés, ils m’ont pris dans leurs bras et l’un d’eux m’a offert une grosse peluche en forme de chien. Les filles de la voisine, Léanne, Marion et Gaia, m’ont également fabriqué des bagues et des cartes en l’honneur de Samy. Jamais je n’oublierais ces gestes.»

«Je ne vous parle même pas de Cristina et Pedro qui m’ont accueilli chez eux, à Vaugondry, comme si je faisais partie de leur famille. Ils ont accepté que j’emmène avec moi mon chien et mes trois chats restants, de qui je ne peux me séparer. Je leur dois beaucoup de reconnaissance», insiste- elle. En s’emparant d’une Bible offerte par ses hôtes, Annelyse Vonlaufen positive et évoque son futur avec la force intérieure qui la caractérise. Elle devrait retrouver un logement très prochainement avec l’aide de la Commune de Tévenon. «Je ne sais pas si je pourrais revivre un jour à Villars-Burquin», évoque-elle toutefois. Une situation rendue encore plus compliquée par des questions d’assurances liées à sa maison. «C’est une honte, je dois racheter tous mes biens à hauteur de ce que j’ai perdu dans l’incendie pour pouvoir être remboursée. Désormais je ne souhaite que de pouvoir vivre simplement et de me remettre de mes malheurs. A mon âge, je ne donne plus d’importance aux choses matérielles.»

Benjamin Fernandez