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Travailler loin de son patron est tendance
Yverdon, 11 septembre 2018. BlueLab, Alexandre Hernan (Grand Chef coworker). © Michel Duperrex

Travailler loin de son patron est tendance

11 octobre 2018 | Edition N°2350

Nord vaudois  –  Les espaces de travail partagés séduisent de plus en plus de PME. Dans la région, le BlueLab, qui a trois sites, cherche à s’agrandir.

Se lever à 6h du matin, monter dans un train bondé à 6h53, parcourir la ligne entre Yverdon-les-Bains et Genève serré comme une sardine, avant de grimper dans un bus tout autant rempli pour arriver, enfin, à son travail. Tel était le quotidien de Martin Python (en médaillon) jusqu’en octobre 2017. Cet habitant de la Cité thermale œuvre depuis six ans et demi dans un bureau d’ingénieurs à Genève et, comme des centaines de Nord-Vaudois, il se retrouvait parmi les nombreux pendulaires.

Du moins jusqu’à ce qu’il propose un deal à son employeur il y a tout juste un an: «J’ai profité du fait que l’entreprise venait d’augmenter le nombre d’employés et qu’elle cherchait des solutions pour optimiser les places de travail pour suggérer à mon directeur de louer un espace de coworking à Yverdon-les-Bains, raconte Martin Python, responsable de département chez Amstein + Walthert S.A. Comme on avait déjà la possibilité de faire du télétravail et que notre chef est très ouvert d’esprit, il a accepté.» 

C’est ainsi que trois collaborateurs de la société genevoise se sont retrouvés à partager, deux jours par semaine, les bureaux de l’entreprise yverdonnoise Synergie, sise à la rue du Collège. Et ils ne sont pas les seuls à avoir choisi d’intégrer cet espace de coworking du BlueLab puisqu’aujourd’hui les douze places de travail ont trouvé preneur. Et le second site, ouvert en 2016 dans les anciennes usines Leclanché, suit la même voie. Il ne reste plus que dix emplacements libres, sur un total de 35.

Toujours plus grand

Fort de ce succès, le BlueLab a décidé de s’étendre en inaugurant, au début du mois, un nouveau local au Mont-sur-Lausanne. «On aimerait aussi s’agrandir dans le Nord vaudois, dévoile Alexandre Hernan, directeur du BlueLab. Mais je préfère ne pas en dire davantage tant que les projets ne sont pas finalisés.» Malgré le mystère qu’il cultive, l’entrepreneur souligne que la particularité de ces espaces de coworking réside dans leur localisation. A part les bureaux partagés avec  la société Synergie, ils sont – et seront – tous installés hors du centre-ville d’Yverdon-les-Bains. «C’est ce qui nous permet d’avoir des tarifs intéressants. Notre but est aussi de redynamiser des locaux un petit peu délaissés.» Selon lui, ces sites représentent bien plus qu’un lieu de travail. «C’est tout un écosystème entrepreneurial, avec un vrai esprit communautaire, qui se crée avec le BlueLab.»

«Que du positif»

Les trois collaborateurs d’Amstein + Walthert S.A. ont pu découvrir les mérites vantés par Alexandre Hernan lorsqu’ils ont lâché leur bureau au siège de l’entité genevoise où trônaient photos de famille et bibelots. «On a fait un essai de six mois et il n’en est ressorti que du positif», témoigne Martin Python.

L’Yverdonnois a remarqué qu’en plus du bonheur de se rendre à pied au travail, il a au minimum doublé son efficacité. «Je suis moins sollicité par mes collègues donc je peux me focaliser sur mes tâches personnelles. Le fait d’avoir des jours avec moins d’interactions me permet de souffler un peu, confie le chef de département. En revanche, je suis plus souvent au téléphone.» 

Autre avantage, le prix: dès 200 francs par mois la place de travail dans les espaces excentrés du BlueLab, 300 francs pour un emplacement au cœur de la Cité thermale. «C’est moins cher qu’un bureau fixe au siège d’une entreprise», affirme Alexandre Hernan.

Un propos que Martin Python préfère pondérer: «Pour une entreprise comme Amstein + Walthert S.A. qui emploie une centaine de personnes, un bureau en coworking coûte environ la même chose qu’une place dans les locaux de la société. Mais cela nous a évité de déménager dans des locaux plus grands et donc plus chers. Pour l’instant, du moins.» 

 

Christelle Maillard