Logo

Trois ans pour se faire un nom

23 février 2017 | Edition N°1941

Plongeon – Après avoir manqué d’un cheveu la qualification pour les Jeux olympiques de Rio, l’an passé, Guillaume Dutoit repart pour une campagne, les yeux rivés sur Tokyo 2020. Le plongeur de Vuarrens, seulement 21 ans au compteur, a trouvé un nouveau souffle.

Il ne faut pas se fier à la première impression : bondissant, Guillaume Dutoit s’est bien élancé de la planche des 1m, qui se situe à côté de celle qu’on distingue ici au second plan et qui culmine à 3m au-dessus de l’eau de la piscine de Mon-Repos, à Lausanne. ©Michel Duperrex

Il ne faut pas se fier à la première impression : bondissant, Guillaume Dutoit s’est bien élancé de la planche des 1m, qui se situe à côté de celle qu’on distingue ici au second plan et qui culmine à 3m au-dessus de l’eau de la piscine de Mon-Repos, à Lausanne.

Les yeux clairs comme l’eau des bassins dans lesquels il se projette, Guillaume Dutoit se ressource au domicile familial, à la frontière entre Vuarrengel et Vuarrens, entre deux compétitions. Passé à un cheveu, comme il l’image lui-même, de plonger dans le grand bain des Jeux olympiques de Rio de Janeiro, le jeune homme a digéré la déception après une année 2016 extrêmement frustrante. Comme sur le sautoir, le Vaudois de 21 ans est, pourtant, déjà prêt à rebondir, le regard rivé vers Tokyo 2020.

Il y a douze mois, lors de la manche de Coupe du monde de Rio qui faisait office de répétition générale et de manche qualificative pour les Jeux, Guillaume Dutoit avait manqué de décrocher son ticket pour la grand-messe de l’été. «J’ai raté un seul plongeon (ndlr : le triple et demi renversé). Celui que, habituellement, je passe le mieux à l’entraînement, se souvient-il. Si je l’avais réussi, j’aurais été dedans. J’ai subi les conséquences d’un petit coup de pression supplémentaire.»

Souvenirs de Chine

La pilule a été d’autant plus difficile à avaler que, quelques semaines avant les JO, le plongeur du Gros-de-Vaud a remporté le Grand- Prix de Bolzano, en Italie, en devançant plusieurs qui se préparaient pour Rio, dont le futur médaillé de bronze à 3m, l’Allemand Patrick Hausding. «C’était la première fois qu’un Suisse remportait un Grand-Prix», ajoute le vainqueur, qui a mis un peu de temps pour se remettre de ses émotions.

Les années précédant les Jeux, il avait mis toutes les chances de son côté en participant à trois stages d’un mois, puis à un camp de six mois en Chine. Il s’est, d’ailleurs, rendu à la compétition brésilienne directement depuis l’Empire du Milieu. «Avec le recul, je pense que j’ai agendé le dernier stage un peu trop tard. J’aurais eu besoin d’un peu de temps pour me reposer et assimiler les choses, avant de me retrouver en compétition, estime le Vaudois. Mais rien n’est perdu. Tout le travail effectué en Chine m’apporte beaucoup, à présent.»

Voilà quelques semaines que Guillaume Dutoit entretient sa moustache, le fruit d’un pari avec un copain. Une coquetterie qui lui porte chance, puisque cette année, le plongeur du Lausanne Natation est invaincu (lire encadré). «Un nouvel entraîneur, Pasha Rosenberg, a été engagé par le club depuis septembre dernier. C’est quelqu’un de très motivé et motivant», lance le champion de Suisse en série, qui a véritablement trouvé un nouveau souffle.

L’arrivée du coach allemand a permis d’augmenter les heures d’entraînement. Pasha Rosenberg a, par ailleurs, amené ses propres techniques et il accompagne ses athlètes à chaque compétition. Une nouvelle dynamique est née, et Guillaume Dutoit se régale. Il est désormais capable d’effectuer les programmes (c’est-à-dire qu’il est en mesure de réaliser tous les plongeons) des meilleurs. «J’ai la panoplie complète. Il me reste trois ans et demi pour la travailler et être au top pour Tokyo 2020», lance-t-il. Car il ne compte pas «seulement» se qualifier pour les JO, mais il y vise la finale, qu’il considère dans ses cordes.

Alors qu’il n’est encore qu’en phase d’apprentissage de ses nouveaux sauts, les excellents résultats actuels témoignent de la marge de progression de Guillaume Dutoit. «Je suis sorti en haut de l’échelle des juniors et me suis retrouvé au bas de celle de l’élite, rappelle-t-il. L’objectif est de remonter dans la hiérarchie, de me faire un nom parmi les meilleurs.» Afin d’acquérir un statut qui, s’il y parvient, signifie également être mieux noté avant même de s’être élancé.

Du feu dans les jambes

Guillaume Dutoit fait des étincelles en ce début d’année. Le jeune homme a, notamment, ajouté deux titres nationaux de plus, à 1m et 3m, à son immense palmarès (46 couronnes suisses à ce jour !) à la fin janvier.

Depuis, il a brillé sur la scène internationale, puisqu’il a remporté haut la main les épreuves disputées à Eindhoven, aux Pays-Bas, début février, puis il a récidivé, le week-end dernier, lors des Championnats d’Allemagne. A Berlin, devant une concurrence de niveau mondial, le plongeur du Lausanne Natation a mis tout le monde d’accord, tant à 1m qu’à 3m -avec deux records personnels à la clé-, ainsi qu’en 3m synchro.

Ses résultats lui ont déjà permis d’atteindre les minima pour les prochains Championnats d’Europe (à Kiev, en juin) et du monde (à Budapest, en juillet), pour lesquels la sélection définitive sera connue ultérieurement.

Un coach sportif en devenir

Durant son temps libre, entre les entraînements et les compétitions, Guillaume Dutoit échafaude déjà son avenir, une fois qu’il quittera les sautoirs. L’athlète de Vuarrens se prépare à devenir coach sportif. Pour cela, il suit des modules d’enseignement.

En tant que plongeur à plein-temps, il parvient à financer une partie de sa carrière grâce aux subventions de la Ville de Lausanne, du Canton de Vaud, ainsi que de Swiss Olympic. «Je suis aussi aidé par l’association Cookie, qui soutient plusieurs sportifs romands», glisse le Guillaume Dutoit, extrêmement reconnaissant.

Manuel Gremion