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Turbulences pour l’économie régionale

11 avril 2014

Licenciements chez Bacab, départ d’UPC Cablecom : l’entrepreneuriat nord-vaudois vit des jours tourmentés. Le directeur de l’ADNV refuse de parler de série noire.

Pour Jean-Marc Buchillier, les événements actuels ne doivent pas remettre en cause les conditions-cadres réservées aux entreprises dans la région.

Pour Jean-Marc Buchillier, les événements actuels ne doivent pas remettre en cause les conditions-cadres réservées aux entreprises dans la région.

Les mauvaises nouvelles s’enchaînent pour le tissu économique du Nord vaudois. Après l’annonce de la délocalisation de la production de Bacab, le fabricant de câbles, une décision stratégique qui a biffé 32 emplois à Sainte- Croix, le départ d’UPC Cablecom du Parc scientifique d’Yverdon-les- Bains, confirmé mercredi dernier, ajoute une ligne à un scénario bien sombre.

Jean-Marc Buchillier, directeur de l’Association pour le développement du Nord vaudois (ADNV), ne cède pas pour autant à la panique face à ces coups durs encaissés en un court laps de temps. «On ne peut pas parler de contexte noir pour la région. Plusieurs entreprises sont parties ces 18 derniers mois, mais il y a également eu desimplantations au Parc scientifique. La mutation est permanente», relève- t-il.

D’autre part, les départs ne sont pas toujours survenus pour les mêmes raisons. Dans le cas de Bacab, la délocalisation de la chaîne de production en Allemagne a des motivations économiques. «Tout comme pour Aurubis (le géant du cuivre parti de la Cité thermale destination la Belgique, ndlr), la diminution des coûts de production a été le critère déterminant», rappelle Jean-Marc Buchillier.

Pas d’accord trouvé

S’il n’entraîne pas de licenciement, le câblo-opérateur ayant annoncé que les cent collaborateurs concernés par son déménagement allaient garder leur emploi à Renens, le départ d’UPC Cablecom est une autre perte pour la région. «Avec le syndic Daniel von Siebenthal, nous avons cherché et proposé des alternatives, à Y-Parc en particulier, mais, pour autant qu’elles aient été étudiées, nos propositions n’ont pas convenu à l’entreprise», déplore Jean-Marc Buchillier.

Contrairement à l’arc lémanique, destination d’UPC Cablecom, où «des milliers de m2 de bureaux sont vides», la pénurie couve dans la Cité thermale. «Il a été difficile de prévoir et d’assumer un après Saint- Roch», commente le directeur de l’ADNV en référence aux plus de 45 000 m2 du Centre Saint-Roch dévolus à la location de bureaux, surfaces commerciales ou dépôts, pris d’assaut ces dernières années.

Le manque général de bâtiments tous secteurs économiques confondus amène Jean-Marc Buchillier à considérer d’un bon oeil le départ de Philip Morris d’Onnens, annoncé lors de la dernière séance du Conseil communal. «Il s’agissait de surfaces figées et non exploitées. C’est donc plutôt une excellente nouvelle que de voir ces surfaces remises sur le marché, d’autant plus que la pénurie de locaux artisanaux est particulièrement grande, indique- t-il. Pour répondre à la demande globale, il faudrait accélérer la mise à disposition de zones d’activité depuis trop longtemps engluées dans des procédures, je pense par exemple à La Poissine», ajoute Jean-Marc Buchillier.

Le directeur de l’ADNV prône la vigilance suite aux événements évoqués plus haut. «Il faut en revanche pratiquer une veille permanente. Dans la région, le secteur secondaire occupe une place deux fois plus importante que la moyenne cantonale. La concurrence et l’impact de la cherté du franc suisse y sont particulièrement forts», conclut-il.

 

«La Suisse n’a pas d’Arnaud Montebourg»

Le profil de Bacab, une société active sur le sol suisse avec des actionnaires majoritaires allemands, lui inspire une réflexion d’ordre plus général sur l’évolution du tissu économique suisse. «La part des entreprises où le pouvoir de décision se situe à l’étranger est plus importante que par le passé», observe- t-il.

D’après Jean-Marc Buchillier, la tendance n’est pas prête à s’inverser. «En Suisse, nous n’avons pas d’Arnaud Montebourg (le ministre français de l’économie, ndlr). Il n’y a pas d’éveil à la prise de contrôle des entreprises.» Il illustre ses propos par le passage de Corum en mains chinoises et l’acquisition d’Ovomaltine par les Anglais, deux fleurons de l’économie suisse cédés sans grand vacarme.

Avec des décideurs basés à l’étranger, les interactions sont plus difficiles et l’enjeu consiste à ancrer ces organisations internationales dans le «biotope suisse».

Ludovic Pillonel