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Uber débarque en conquérant
Yverdon, 7 juillet 2020. Gare, taxi, Blazo Damjanovic. © Michel Duperrex

Uber débarque en conquérant

8 juillet 2020
Edition N°2753

Yverdon-les-Bains – La société annonce son arrivée en mettant les taxis sous pression.

La nouvelle était sur toutes les lèvres, hier, dans le coin des taxis à la gare: en ce début de semaine, la société Uber a envoyé un communiqué annonçant son arrivée au sein de la Cité thermale. Et chez les chauffeurs de taxi de la place, c’est la soupe à la grimace: «Je l’ai appris sur Facebook. On est tous un peu stupéfaits», confie Massimiliano Callea, chauffeur du Groupement des taxis yverdonnois.

La société de services de transport entre particuliers s’est lancée dans la Cité thermale lundi dernier. Pour rappel, l’entreprise fonctionne avec une application permettant de localiser le véhicule disponible le plus proche de sa position. Aucun échange de monnaie ne se fait entre le chauffeur et le client, la course étant débitée directement depuis l’application. Fréquemment accusée de concurrence déloyale, la société jette l’encre à Yverdon-les-Bains après s’être déjà implantée à Lausanne et Genève au niveau de la Suisse romande. Dix villes au total sont déjà desservies en Suisse.

Pas la même clientèle?

«On était déjà inquiets avec le Covid-19, maintenant c’est l’arrivée de Uber qui va compliquer notre travail», s’inquiète Blazo Damjanovic, président du Groupement des taxis yverdonnois. Un chauffeur de Taxi Phil relativise: «On n’a déjà pas beaucoup de travail, alors je doute que Uber en ait plus que nous.» Marc-André, chauffeur chez Dynam, a lui une bonne raison de se montrer serein: «Personnellement, je ne me sens pas très concerné car 90% de ma clientèle sont des personnes âgées». Peu enclines, donc, à se ruer sur un smartphone pour commander un taxi…

Reste qu’à l’unanimité, les chauffeurs de taxi regrettent de ne pas avoir été avertis par la Ville. Surtout que la société ne leur faisait déjà pas du bien, même à distance, selon un employé de Allo Taxi: «Depuis quelques années avec Uber à Lausanne, on a déjà perdu des clients les week-end.» Mais, la Ville avait-elle réellement la possibilité d’annoncer ce changement dans le paysage des transports locaux? Pas sûr: «Ces autorisations étant délivrées par le Canton, l’information aux chauffeurs de taxi est du ressort de ce dernier», précise le service de communication de la ville d’Yverdon-les-Bains. Il ajoute que la commune a «pris acte» de l’arrivée du géant américain. Pourtant, ce dernier affirme que les autorités cantonales et communales ont été averties du lancement.

Adeline Hostettler