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Un «peloteur-dragueur» qui se réfugie derrière le déni de ses actes

13 janvier 2010

Un ancien résident d’un EMS de la Broye est accusé d’avoir violé une autre pensionnaire et est jugé à Yverdon.

«C’est quelque chose d’assez standard.» Ancien infirmier chef dans un EMS de la Broye pour personnes atteintes de troubles psychiatriques, ce témoin décrit le quotidien dans ce type d’institutions, où la sexualité est, selon lui, courante.
L’audience d’un ancien résident de cet EMS, accusé d’avoir commis (ou d’avoir tenté) un viol sur une autre pensionnaire, que les experts définissent comme vulnérable et incapable de résistance, révèle une nouvelle problématique: cela concerne une tolérance «demandée par la CIVEMS (Coordination interservices des visites en EMS) auprès des établissements», concernant les rapports sexuels entre résidents, selon l’ancien infirmier chef. Une ambivalence entre le cadre légal, du moins pour les personnes incapables de discernement et qui peuvent fréquenter ce type d’EMS, et les libertés individuelles de chacun.

Cela ne concerne pourtant pas directement l’audience qui se déroule à Yverdon, puisque si la police des moeurs a été alertée, c’est bien parce que la pensionnaire en question a subi un traumatisme après les faits qu’elle dénonce. L’accusé, un homme de 69 ans s’est, assurent plusieurs témoins, qualifié lui-même de «peloteur-dragueur». Les divers professionnels ayant exercé dans les établissements où il est passé vont dans ce sens: plusieurs fois, il a été vu en train de caresser la poitrine de résidentes et a été surpris à quelques reprises lors d’actes sexuels plus explicites. Des faits qu’il a à chaque fois niés, même pris sur le fait, et encore à l’audience.

Voilà pourquoi il est difficile d’imaginer que, en octobre 2006, lorsqu’il a été surpris par le surveillant de nuit en train de ressortir de la chambre d’une pensionnaire, en train de remonter sa braguette, qu’il ne se soit rien passé. L’accusé nie cette histoire, admettant uniquement, une fois, un matin, un bisou. «Parce que j’avais une idée, comme ça, d’aller lui donner un petit bisou, car j’aimais bien cette fille», raconte-t-il, persuadé qu’il n’y peut rien si toutes les filles le regardent.

Le médecin chef de l’EMS où réside actuellement le prévenu affirme pour sa part que son équipe doit «intervenir régulièrement pour que ce monsieur ne franchisse pas la sphère intime de certaines personnes vulnérables». L’accusé a, par ailleurs, été surpris quelques fois par le personnel, alors qu’il accompagnait certaines résidentes aux toilettes «pour les aider à se déshabiller». Verdict prochainement.

Manuel Gremion