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Un appel à l’aide pour soutenir La Casba

16 décembre 2021

Le propriétaire de la cabane centenaire peine à s’acquitter des charges. Les communes ont été sollicitées.

Alors que la procédure de mise en conformité n’a toujours pas abouti, les propriétaires de La Casba, Nicole et Roger Felix, appellent les communes de la région à les soutenir. Car même sans exploitation, les charges atteignent près de 6000 francs par année. Pour ce couple de retraités, l’idylle avec le refuge tant apprécié du massif du Chasseron prend parfois des allures de cauchemar.

«Nous avons acquis la cabane en 2014 dans le but d’y passer un heureux début de pré-retraite et de l’exploiter une quinzaine d’années avant de transmettre ce patrimoine centenaire aux générations futures. Malheureusement, nous nous sommes fait rattraper par les instances cantonales, car la cabane construite il y a cent ans ne répond pas aux normes du jour…», expliquent les propriétaires dans une missive adressée aux communes.

Et de rappeler qu’à la rénovation de la cuisine – elle a été reconstruite dans un autre espace de la cabane –, exigée par les instances cantonales, sont venues s’ajouter au fil du temps d’autres demandes, notamment une mise en conformité de l’évacuation des eaux usées et des exigences en termes de sécurité incendie.

Un «crowdfunding» a permis de réunir quelque 45 000 francs, montant investi dans la création de la nouvelle cuisine au début de l’été 2020. Roger et Nicole Felix pensaient avoir répondu aux exigences du Canton, mais en fait ils se sont retrouvés pris dans un véritable filet juridico-légal.

L’administration cantonale a en effet estimé que La Casba n’était pas un refuge, parce qu’une route permet de s’en rapprocher à quelques centaines de mètres, soit jusqu’au chalet des Avattes.

Cet élément factuel est certes incontestable, mais il ne correspond pas à la réalité. En effet, rares sont les randonneurs qui montent en voiture à La Casba. La plupart s’y arrêtent en parcourant le chemin des crêtes, où y montent à partir des Praises ou du col des Etroits, au-dessus de Sainte-Croix. Mais cette réalité semble bien étrangère à l’analyse des services cantonaux.

Depuis juillet de l’an dernier, les propriétaires de la cabane n’ont plus d’autorisation d’exploiter. Par contre, rien ne les empêche d’accueillir les amis. Et c’est ce qu’ils font, en offrant notamment le repas à tous ceux qui ont participé à l’action de soutien.

Mais alors que la procédure suivant la mise à l’enquête publique s’éternise – elle a été conduite avec le soutien d’un architecte lausannois, ami de la cabane, qui a renoncé à ses honoraires –, les propriétaires sont arrivés au bout de leurs ressources, d’où l’appel lancé auprès des communes de la région.

«Nous sommes interdits d’exploiter depuis le 1er juillet 2020 et, après avoir épuisé toutes nos réserves – nous sommes actuellement sans revenus mais avec des charges fixes –, nous cherchons aujourd’hui de quoi survivre à 2021», expliquent Nicole et Roger Felix dans leur missive.

Il suffirait que treize communes versent 100 francs chacune pour boucler le budget de l’année en cours: «Ces montants peuvent sembler dérisoires dans un budget communal mais, additionnés, ils permettront à la cabane de passer l’année. Notre avocat, qui nous aide bénévolement, est en contact avec la Police du commerce, il a bon espoir d’obtenir une autorisation provisoire d’exploiter au moins la terrasse dès l’été 2022.»

Cela dit, il y aura encore d’importantes dépenses à assumer. En effet, en raison de la situation de la cabane, il est économiquement impossible de la relier au réseau des eaux usées. Mais pour traiter les quelques dizaines de litres d’eau provenant essentiellement de la vaisselle, il faudra creuser une tranchée filtrante, projet qui nécessitera d’engager quelque 40 000 francs.

C’est pour cette raison que Nicole Felix, infirmière en oncologie et municipale à Savigny, demande aux communes «de faire un geste de l’ordre de 1000 francs dans votre budget 2023 pour sauver ce patrimoine cantonal apprécié par plusieurs générations de randonneurs».

Afin de maintenir la flamme, Roger Felix, qui s’était accordé une pause automnale, est de nouveau présent à La Casba depuis lundi dernier. Et c’est très volontiers qu’il concoctera des rösti maison ou une fondue à déguster avec un morceau de pain au piment cuit dans le four à bois de la cabane pour ceux qui prendront le temps de s’arrêter.

Car c’est grâce au soutien de tous ceux qui ont un jour ou l’autre passé un moment inoubliable dans cet écrin dissimulé dans les sapins, et aux liens établis ces derniers mois avec les randonneurs de passage, que les propriétaires se battent encore.

Avec une neige abondante et un soleil généreux, une randonnée en raquettes entre le Cochet et le Chasseron s’impose. Et pourquoi ne pas faire une halte à La Casba? Roger Felix vous y invite: «Montez nous rendre visite en toute amitié, venez boire un verre de vin ou un chocolat chaud, manger une succulente fondue… et faire un petit don pour nous permettre de survivre cet hiver encore.»

Une chose est sûre, alors que dans pareille situation beaucoup auraient renoncé, Roger Felix conserve une foi à renverser les montagnes: «Ces prochains temps, je vais séjourner à la cabane le plus souvent possible. Cet automne, nous avons eu beaucoup de monde qui est passé nous rendre visite. Certaines personnes sont même montées à plusieurs reprises. Cela nous motive à continuer le combat.»