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«Un artiste n’est pas qu’un amuseur, mais quelqu’un qui pense le monde»

19 mai 2022

L’auteur de BD genevois Tom Tirabosco (en photo) présentera son univers au Festival du Livre de Jeunesse, ce week-end.

Le Temps, la Tribune de Genève, la Salamandre junior ou encore Greenpeace et Les Verts ont mandaté Tom Tirabosco pour créer des dessins dont lui seul a le secret. Mais dès demain, le célèbre dessinateur genevois sera à Yverdon pour présenter ses derniers ouvrages dans le cadre du festival. Et ce n’est pas rien pour l’homme qui n’y avait pas remis les pieds depuis une dizaine d’années!

Tom Tirabosco, n’auriez-vous pas boudé le Nord vaudois?

Non, mais c’est vrai que cela fait longtemps que je n’y étais pas revenu. Cela va être une belle redécouverte.

Vos derniers ouvrages sont plutôt empreints d’un style sombre, assez loin du livre jeunesse classique…

C’est vrai, mais j’ai commencé ma carrière avec des livres de jeunesse, même si j’ai toujours voulu faire de la BD. Et quand je fais ce genre de projet, ils ne sont pas sombres, même s’ils parlent souvent de nature et de poésie. Je vais donc présenter deux des plus grands succès parus aux Editions La Joie de lire, et que nous venons de rééditer: Ailleurs au même instant et Le Dessert. Ce sont des livres qui, sans être présomptueux, sont vraiment bons, ils sont d’ailleurs souvent repris en classe. Et ils ont tenu sur la durée, ce qui est l’une des grandes difficultés: créer des histoires qui peuvent être lues sur plusieurs générations et qui sont au-delà des modes. Pour moi, c’est clair qu’un artiste ce n’est pas qu’un amuseur, c’est quelqu’un qui pense le monde. Chaque livre est une pierre pour comprendre ce monde.

Ces dernières semaines, vous avez déjà fait une petite cure de Nord vaudois en travaillant avec les élèves d’écoles professionnelles d’Yverdon. Comment c’était?

Assez rock’n’roll, car les ados n’ont pas toujours de filtre, mais c’était très sympa. C’était très riche, car c’est un public qui ne lit pas forcément le genre de BD que je publie, et c’était très intéressant de discuter avec cette jeune génération pour voir comment elle voit l’avenir.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui voudraient suivre vos pas?

D’être obsessionnel. Il faut s’écouter très profondément, c’est-à-dire être à l’écoute de son désir et être pugnace. Ceux qui vont réussir, ce sont ceux qui n’abandonneront pas et dont la passion restera intacte. Tous les métiers d’artistes sont des métiers de passion et il faut y croire jusqu’au bout. Il ne faut pas forcément écouter ceux qui vous conseillent d’autres formations.

Vous risquez de vous mettre des parents à dos avec de tels conseils…

Oui (rires)… Mais j’ai envie de leur dire de laisser leurs enfants vivre leur passion. Il y a beaucoup de parents qui flippent, mais il faut faire confiance et être à l’écoute du jeune qui a quelque chose dans le ventre.

Trois jours autour du livre

 

Le Festival du Livre de Jeunesse d’Yverdon a été conçu pour être une passerelle entre les élèves, les enseignants et les bibliothécaires et les libraires, grâce à des animations d’éveil, des rencontres ludiques et des actions solidaires durant trois jours au château: vendredi, de 17h à 19h, puis samedi (9h-17h) et dimanche (10h-16h). Au programme: rencontre avec des auteurs à succès, ateliers, visites au Centre d’art contemporain ou au Musée d’Yverdon et région, etc. https://evenements.payot.ch

Christelle Maillard